Pourquoi philosopher ? Quel intérêt trouvons-nous réellement à pratiquer la philosophie ? Suffit-il de confronter quelqu’un à la philosophie pour faire naître en lui l’envie ? Quelles raisons aurait-il à son tour de s’y mettre ? Quel moment devrait-il choisir ? Par où faudrait-il lui suggérer d’attaquer ? Autant de questions qui nous paraissent souvent si évidentes que nous oublions de nous les poser. Dans nos ateliers, formations, cours ou articles, nous avons tous tendance à passer directement aux « choses sérieuses », qu’il s’agisse de pratique ou de théorie, sans prendre le temps de réfléchir aux raisons et aux moyens d’y parvenir. Nous partons du principe que le seul fait de faire philosopher est une victoire en soi, comme si le goût pour la philosophie naissait par simple contact, presque spontanément, chez toute personne qui la croise. L’expérience nous montre pourtant que nous avons des raisons d’en douter. Du moins les anciens, que nous prendrons ici pour guides, n’y croyaient pas trop. Ils pensaient au contraire qu’il fallait encourager à la philosophie et chercher les arguments utiles à convaincre un interlocuteur d’y consacrer du temps. Notre objectif ici n’est pas de présenter les raisons qu’ils jugeaient centrales ni de constituer une trousse à outils adaptée à toute situation. Nous nous concentrerons plutôt sur un genre littéraire quelque peu oublié qui visait précisément à encourager à la philosophie, le protreptique (protreptikos logos), afin d’en proposer une version destinée au praticien, qu’il soit animateur, formateur, enseignant, consultant, etc.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, signalons que cet article puise dans un chapitre du livre que nous écrivons à quatre mains, intitulé Exercices de philosophie antique. La philosophie hellénistique en pratiques, dont la parution est prévue en 2022 à la Librairie philosophique J. Vrin. Dans ce dernier, nous envisageons la philosophie antique ni comme un matériau historique, ni comme un répertoire de pratiques sans aucune considération de contexte, mais comme le lieu d’une articulation étroite entre théorie et pratique, au sens où la théorie ne va pas sans la pratique qui permet de l’incorporer et où la pratique s’articule à une théorie qui vient l’alimenter. À cette occasion, il nous a paru utile de dégager les caractéristiques principales du protreptique, avant de proposer une façon de le mettre en œuvre aujourd’hui. Ces deux points formeront les deux premiers volets de cet article.
Quant aux expérimentations, nous avons eu l’occasion de les mener dans plusieurs contextes, avec des publics différents : le certificat en pratiques philosophiques à l’Université de Liège, le séminaire interne à PhiloCité, un cours de premier cycle à l’Université de Liège, enfin un atelier aux dernières Rencontres internationales sur les Nouvelles pratiques philosophiques. Nous tenons à remercier les participants de s’être aimablement prêtés à ce jeu exigent. Le retour sur ces expériences fera l’objet de la troisième et dernière partie.
Le protreptique, c’est quoi ?
Comme l’indique l’étymologie, le protreptique a pour mission première de tourner vers, de pousser en avant, d’exhorter, d’exciter à. Du point de vue des anciens, pour donner l’envie de philosopher, il ne suffit pas en effet d’écrire une introduction – auteur par auteur, thème par thème, question par question – avec tous les aspects insatisfaisants, voire rebutants, que comporte ce genre souvent mal réfléchi. Il est au contraire nécessaire d’exhorter à la philosophie, comme un général encourage ses troupes, c’est-à-dire de convaincre d’emprunter une direction qui n’aurait pas été suivie d’emblée. Voilà l’objectif du protreptique : susciter l’envie de philosopher, fournir une porte d’entrée vers une discipline dont l’accès s’avère tout sauf évident. Cette habitude est manifestement bien éloignée des nôtres, nous qui nous contentons souvent d’opérer une sélection d’auteurs jugés importants (ou plus séduisants) dans la perspective d’éveiller un intérêt, tout intellectuel, pour l’histoire de la discipline. Au contraire, les anciens se sont montrés attentifs à l’idée que la philosophie ne se limitait pas à être un objet d’étude. Elle est une discipline qui se pratique, ce qui implique de se demander pourquoi la pratiquer et par où commencer.
Si les traces les plus anciennes d’un protreptique remontent à l’Euthydème de Platon (427-343), la première véritable mise en forme de ce genre philosophique à part entière revient à Aristote (387-322)[^1]. Malheureusement, il ne reste de son Exhortation à la philosophie que quelques fragments, tout comme de l’Hortensius de Cicéron (106-43), le dialogue qui aurait mené le jeune Augustin (354-430), le futur évêque d’Hippone, à sa toute première conversion – à la philosophie, celle-là. En réalité, de tous les protreptiques anciens, seul subsiste celui du néoplatonicien Jamblique (250-330). C’est lui qui, par conséquent, nous servira de point d’appui pour articuler la mise en pratique ci-dessous. Notons au passage que le genre ne disparaîtra pas avec la fin de l’Antiquité, puisqu’il sera encore illustré par Thomas d’Aquin (1225-1274).
De tous ces exemples, il ressort que le protreptique ne se contente pas d’introduire à la philosophie comme un simple discours théorique. Il prend en charge l’accès du destinataire à cette discipline si particulière, en mettant l’accent sur ses effets et sur sa finalité. En d’autres termes, loin d’adopter le point de vue de la philosophie elle-même, c’est-à-dire de se cantonner à ses problèmes et questions comme le font nos introductions modernes, il adopte celui de l’auditeur invité à se convertir à une philosophie conçue comme genre de vie. Pour susciter l’envie de s’y consacrer, il doit donc insister sur le projet que poursuit la philosophie. À cette fin, deux options se présentent à lui, qui se révèlent parfaitement complémentaires : d’un côté, défendre l’utilité de la philosophie et sa capacité à mener au but auquel chacun aspire, le bonheur ; de l’autre, disqualifier ses détracteurs et ainsi renforcer par contraste la conviction qu’elle seule peut remplir cet objectif. Car qui accepterait d’emprunter une voie si exigeante s’il n’en voyait pas d’emblée les avantages et les promesses ? Le protreptique doit donc patiemment déplier les raisons de faire de la philosophie et exposer les bienfaits censés naître de cette pratique.
Mais le protreptique remplit encore une autre fonction. Pour se tourner vers la philosophie, il faut en effet commencer par prendre conscience de ses opinions fausses sur la philosophie et se débarrasser de ses idées reçues : c’est le travail de la réfutation (que l’on confond aujourd’hui souvent avec la « maïeutique »[^2]). Or la réfutation, qui s’inspire de l’elenchos socratique, laisse souvent un goût âcre chez ceux qui y sont confrontés. Elle provoque une certaine gêne, un peu de ressentiment, une forme d’amertume chez celui qui en a été la victime, parce qu’il est pris en flagrant délit de contradiction, d’ignorance ou de naïveté. Dans la pharmacie philosophique, il faut combiner l’amertume des pilules qui soignent à ce qui permet de les faire passer : le miel de l’encouragement. Car, comme Platon le montrait déjà dans l’Euthydème, il y a un danger à limiter la philosophie à la réfutation : dégoûter de philosopher.
C’est donc l’autre mission du protreptique : ménager son destinataire, attiser son désir, l’encourager à la philosophie.
Consignes de l’exercice
L’exercice s’adresse à toute personne active dans l’animation d’ateliers philo’, cours de philosophie, consultations philosophiques, etc. Il se mène de façon individuelle, sur une durée de trente minutes à une heure trente. En principe, il doit produire sur soi un effet de clarification des idées et, en cas de déclamation du texte produit, une forme de stimulation chez autrui. Voici donc quelques conseils pratiques, ou plutôt quelques règles utiles à suivre pour le mettre en œuvre.
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L’essentiel est de montrer/démontrer l’intérêt pratique de la philosophie, à la fois pour mener sa vie quotidienne d’une façon lucide, heureuse, juste et vertueuse (dimension éthique), et pour mieux vivre ensemble (dimension politique). Cet aspect implique non seulement de penser le contenu du protreptique, mais de l’articuler grâce aux marqueurs classiques de la démonstration (or, donc, par conséquent, ainsi, si… alors) afin que s’impose avec nécessité la conclusion selon laquelle « il faut philosopher ».
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La forme du protreptique compte tout autant que son contenu démonstratif, dans la mesure où il relève du genre rhétorique de l’exhortation. En plus de montrer que la philosophie est nécessaire ou intéressante, il doit la rendre désirable. Cette dimension exige de s’interroger sur les mécanismes à l’origine du désir et de l’enthousiasme, mais aussi sur leurs freins. Le modèle est celui des soldats qu’il faut exhorter à aller au combat avec courage et détermination, alors que leur envie première n’est pas forcément de se battre au péril de leur vie. Il faut donc leur présenter une conquête supérieure aux risques encourus. Dans les protreptiques antiques, c’est l’assimilation à dieu qui remplit ce rôle d’encouragement et d’aspiration à une quête supérieure : « tu veux devenir un dieu : philosophe ! ». Un bon moyen de produire cet effet consiste à procéder par inversion, de façon à piquer l’envie : « tu préfères être une bête, peut-être, alors ne philosophe surtout pas ! ».
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Pour produire les effets voulus, il faut définir le public visé et s’adresser à lui de façon adéquate. Car ce n’est pas la même chose d’encourager des enfants, des adolescents ou des adultes, un public d’intellectuels ou de manuels… Dans l’Antiquité, certaines écoles distinguaient ainsi deux publics, auxquels elles adaptaient leurs contenus. Il existait des discours exotériques, destinés aux extérieurs, et des discours ésotériques (ou acroamatiques), destinés aux membres de l’école, parfois depuis des années. La distinction révèle la nécessité d’encourager non seulement au début du parcours mais sur toute sa longueur, en gardant à l’esprit qu’un débutant ou un adepte ne doivent pas être encouragés dans les mêmes termes.
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La forme est évidemment fondamentale. Le protreptique est souvent rédigé en phrases brèves qui synthétisent une idée (sentences, aphorismes, vers). Il veille à l’adresse (le tutoiement répond bien au mode exhortatif) et au style (les impératifs, par exemple, conviennent particulièrement à ce genre injonctif). Gardez à l’esprit que le protreptique entre aussi dans le champ du discours oral : pensez qu’il pourrait être déclamé et n’hésitez pas à le tester (ou à vous enregistrer). Dans le même ordre d’idées, le protreptique privilégie souvent les métaphores, les images percutantes, éventuellement les mythes (Jamblique utilise l’allégorie de la caverne comme un protreptique) ou encore les exemples tirés du quotidien. Pour citer Jamblique : « comme l’âme avance peu à peu du moindre au plus grand, passe par toutes les formes de beauté et finalement découvre les biens les plus parfaits, de même aussi l’exhortation doit procéder méthodiquement à partir de l’ordinaire »[^3].
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Le protreptique peut inclure des formules symboliques reprenant des règles de comportement et aidant à se remémorer certains éléments essentiels de la doctrine. Jamblique cite ainsi à la fin de son Protreptique une série de préceptes pythagoriciens, qui devaient être observés quotidiennement et qui constituaient un soutien précieux de l’activité philosophique, généralement plus théorique. Par exemple, « évite les grand-routes et prends par les sentiers » (4) : la règle vise à intégrer un principe essentiel, à savoir que le mode de vie philosophique tranche avec le mode de vie commun, comme l’idée vraie tranche avec l’opinion commune. Ou bien « pour te déchausser, tends le pied droit ; pour te laver les pieds, tends le gauche » (11) : la formule invite à la sagesse pratique, la droite symbolisant l’action vertueuse à pratiquer quotidiennement, la gauche évoquant la nécessité de se laver des mauvaises actions. Ou encore « n’urine pas tourné vers le soleil » (15) : la règle évoque la contradiction entre les besoins du corps et ceux de l’âme, la priorité allant au fait de se tourner vers le soleil de la connaissance.
À titre d’exemple, nous donnons un extrait tiré du (long) Protreptique de Jamblique, qui insiste en particulier sur l’intérêt de la philosophie pour atteindre le bonheur. On notera les démonstrations en cascade :
Tous, tant que nous sommes, nous voulons être heureux, et nous le sommes si nous disposons de beaucoup de biens. Or les biens peuvent intéresser le corps, pour le disposer suffisamment à la symétrie, à l’équilibre, à la force que demande la nature ; d’autres nous sont extérieurs, comme la noblesse, le pouvoir, les honneurs dans notre patrie ; d’autre concernent l’âme comme d’être tempérant, juste, courageux et surtout sage ; il n’est pas sans importance d’y ajouter la réussite dans les actions correctes, qu’elle provienne de la sagesse ou encore ait en elle-même une force propre. Mais nous ne serons pas immédiatement heureux du fait de la présence des biens, s’ils ne nous sont d’aucune utilité ; et ils ne sont d’aucune utilité si nous ne faisons que les posséder sans nous en servir. Rien d’autre en effet n’est utile par la seule possession, sans l’usage ; et quand même quelqu’un posséderait la richesse et les biens que nous mentionnons à l’instant, s’il ne s’en servait, l’acquisition de ces biens ne ferait pas son bonheur. Il ne faut donc pas seulement posséder de tels biens si l’on veut être heureux, il faut encore en faire usage, sans quoi il ne sert à rien de posséder. Mais l’usage seul non plus ne suffit pas, il faut qu’on y ajoute le bon usage. Car il est plus grave de mal user d’une chose quelconque que d’y renoncer ; dans le premier cas, il y a mal ; dans le second, ni mal ni bien. Or dans l’usage, dans toute action exercée sur quelque objet que ce soit, c’est la science qui enseigne à correctement en user ; ainsi, pour l’usage des biens dont nous parlions au début, richesse, santé, beauté, c’est la science qui commande la façon correcte de s’en servir et qui règle la pratique. Ce n’est donc pas seulement la réussite mais encore le bien agir que la science procure aux hommes en toute acquisition ou action, et les autres possessions ne seront rien sans la prudence et la sagesse. Quelle utilité, en effet, si l’on manque de sens, y a-t-il à posséder beaucoup, à agir beaucoup plutôt que peu ? Celui qui agit peu erre moins ; s’il erre moins, il échouera moins ; avec moins d’échec, il sera moins infortuné. […] C’est donc une nécessité de rechercher la sagesse pour qui veut être heureux ; or la philosophie est passion et acquisition de la science, d’une science qui ne se contente pas d’acquérir les biens jugés tels, ni ne se borne à les produire sans apprendre à en user[^4].
Retour sur la mise en pratique
Les expérimentations ont donné des résultats divers, tant dans la forme adoptée que dans les raisons invoquées (lettre à un parent, spot commercial, message radiophonique…). En fonction des publics sélectionnés, les styles et les arguments varient de façon considérable, notamment à l’intérieur d’un même groupe de participants. Nous commencerons par le seul véritable problème que nous ayons rencontré, avant de passer à quelques recommandations sur la manière de mener l’exercice.
Les seuls participants à avoir éprouvé de réelles difficultés face à l’exercice ne disposaient pas d’un bagage philosophique préalable ni d’une expérience suffisante en tant qu’enseignant ou animateur philo’. À défaut d’avoir les idées parfaitement claires sur ce qu’ils étaient en droit d’attendre ou de proposer, ils ne parvenaient pas à définir leur ligne argumentative sur leurs ambitions, intentions ou envies. Pour élaborer une stratégie démonstrative, il semble bien nécessaire de savoir ce qu’il s’agit de démontrer et pourquoi. La réserve nous amène à répéter que le public privilégié de cet exercice, ce sont les gens déjà actifs en philosophie. Dans la mesure où il vise à la clarification, mieux vaut éviter de le proposer à des personnes en pleine réorientation vers l’animation d’ateliers philo.
Passons aux recommandations. La première concerne une erreur occasionnelle, qui consiste à partir d’une situation purement fictive : un public ou un destinataire imaginé, un ton emprunté, un registre désincarné, etc. L’aspect artificiel se ressent immédiatement et peine à convaincre, car il ne trouve pas d’écho réel. Se glissant dans la peau de Sénèque, un participant avait destiné son protreptique à un jeune patricien romain, une sorte de nouveau Lucilius. Toutefois, l’écart de deux mille ans a été immédiatement perçu par les autres participants, qui n’ont pas du tout accroché alors que le texte s’adressait à un individu (fictif) de leur âge. Pour cet exercice, l’adage selon lequel « à ne s’adresser à personne, on s’adresse à tout le monde » ne marche manifestement pas. Mieux vaut se cantonner à la tautologie suivante : à ne s’adresser à personne, on ne s’adresse effectivement à personne. Il reste plus sûr de partir de sa situation ou de s’adresser à un destinataire précis (public ou individu). Ce dernier peut même prendre les traits d’un collectif – quelqu’un qui n’existe pas vraiment mais qui réunit les principales caractéristiques de nos interlocuteurs habituels (une classe symbolisée par un « tu » générique, par exemple). L’essentiel est de déterminer clairement pourquoi nous voudrions convaincre la personne de faire de la philosophie. Les arguments s’enchaîneront plus facilement.
Une deuxième recommandation concerne la difficulté de jongler avec les registres de la rhétorique, où se mêlent argumentation et affects. L’exercice entraîne inévitablement le risque de basculer dans une persuasion qui évoluerait uniquement dans le pathos. Il s’agit pourtant aussi de convaincre sur un mode rationnel, au moyen d’arguments qui pourront être repris et médités, mais pas uniquement de susciter une réaction émotionnelle. La philosophie est avant tout un exercice de notre rationalité. Il serait étrange que les raisons de l’embrasser soient avant tout affectives. Il s’agit bien de se mettre à désirer la philosophie et ses effets pour en avoir compris l’intérêt. Deux exemples nous viennent à l’esprit. Dans le premier, l’auteur ne fournissait aucun véritable argument, mais il restait sur le plan des affects. Le texte était beau, bien construit, mais il invitait surtout à se demander en quoi il était encore philosophique et, du même coup, quelle image de la philosophie il laissait derrière lui. Dans le second, l’auteur proposait un éloge de la consultation philosophique par contraste avec la thérapie d’ordre psychologique. La ligne de partage se faisait autour de la question des affects et du type de travail proposé. Il fallait donc produire une argumentation qui ne se trompe pas de registre, au sens où elle aurait promu la philosophie en évoluant sur un plan duquel elle cherchait à se dissocier.
Enfin, une façon d’éprouver la valeur rhétorique de son protreptique, c’est de s’enregistrer. Le fait de s’entendre comme un autre permet de se mettre à la place de son destinataire et de découvrir ses propres arguments comme s’ils nous étaient adressés. Certes, nous ne correspondons pas forcément au public choisi, mais le dispositif aide à rentrer dans la peau de celui à qui nous nous adressons. À cet égard, le simple fait de lire à voix haute permet sans doute de vérifier comment le texte résonne, mais il ne suffit pas toujours à créer la distance nécessaire pour évaluer la force des arguments. Seul l’enregistrement permet la mise à distance. Nous devons cette remarque à une participante qui, à la faveur du confinement, nous a envoyé un fichier audio au lieu d’un texte. Malgré l’éloignement, le travail qu’elle avait mené sur sa déclamation comblait l’absence de vis-à-vis et renforçait la force argumentative de son protreptique. Encore merci à elle, ainsi qu’à tous les autres.
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Jamblique, Protreptique, édition et traduction d’É des Places [1989], Paris, Les Belles Lettres.
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PhiloCité (2020), Philosopher par le dialogue. Quatre méthodes, Paris, Vrin, coll. « Pratiques philosophiques ».
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Van der Meeren, S. (2002). Le protreptique en philosophie. Essai de définition d’un genre. Revue des études grecques, n°115, vol. 2, p. 591-621.