F. Galichet et Claude Escot m'ont demandé d'animer un atelier philosophique virtuel écrit asynchrone (les participants écrivent à leur rythme sur une période donnée, et se répondent si et quand ils le veulent). On trouvera ci-dessous en PDF le compte rendu détaillé de l'atelier1.
Document (format PDF) : Synthèse globale de l'atelier virtuel d'écriture animé par Michel Tozzi
Je ne retiens dans cet article, pour en donner un aperçu, que le lancement de l'atelier, les consignes sur la première séquence, la synthèse de cette séquence à la fin de la première semaine, la synthèse sur l'évaluation des participants et mon évaluation finale, ainsi qu'en annexe le texte proposé aux participants, découpé en quatre séquences.
I) Lancement de l'atelier
Je m'appelle Michel Tozzi, je suis philosophe et m'intéresse depuis 25 ans aux NPP (Nouvelles pratiques philosophiques) à l'école et dans la Cité. Cet atelier philo expérimental écrit et virtuel, que les Francas m'ont demandé d'animer, m'intéresse à ce titre. Pour vous, ce sera l'opportunité d' exercer votre réflexion librement, sans évaluation, et de l'exercer accompagné par un animateur philosophe et le groupe constitué. Je vous propose comme thème la crise sanitaire que nous vivons, car la philosophie peut aider à comprendre par la raison notre rapport au monde, à autrui, à nous-même :
Quelle réflexion philosophique sur la crise du coronavirus ?
Nous prendrons comme support de votre réflexion un texte, que vous trouverez en annexe. Il est décliné en quatre sous-thèmes (un par semaine), qui sont des dimensions possibles d'une approche philosophique (il faudrait y ajouter la dimension esthétique ...) :
- la dimension métaphysique, qui touche à la condition de l'existence humaine, par exemple le fait qu'elle est mortelle (Qu'est-ce que l'homme ? Qui suis-je ?) ;
- la dimension épistémologique, qui touche à notre rapport à la connaissance et à la vérité, notamment par la démarche scientifique (Que puis-je, que pouvons-nous savoir ?) ;
- la dimension éthique, qui renvoie aux valeurs qui orientent nos conduites vers ce que nous estimons bien ou bon (Que dois-je faire ?)
- la dimension politique, qui réfléchit sur la façon d' organiser de façon juste la société et l'Etat, le pouvoir politique et économique.
Chacune des dimensions sera explorée pendant une dizaine de jours, pour aboutir à une synthèse fin juin.
II) Consignes Séquence I : La dimension métaphysique
Nous démarrons cette semaine par la première dimension. Voici le texte proposé pour cette première partie à dominante métaphysique :
"(La crise du coronavirus...) se déroule sur fond de survie des individus et de l'humanité, puisque c'est à la fois une pandémie mondiale et une "guerre". L'homme y est objectivement un "loup bactériologique" pour l'homme, une menace réelle, avec cette précision (nuance ?) que la préservation de chacun entraîne la préservation de tous (un peu comme chez Hobbes le pouvoir fort préserve chacun par la peur). Elle réactive (comme d'ailleurs le réchauffement climatique) un scénario de fin du monde (mythe de l'apocalypse), comme les grandes peurs des épidémies (peste, choléra...) ou de l'an mil, inscrites dans notre inconscient collectif. Elle interroge les philosophies de l'histoire, par l' émergence de l'imprévisible qui dément toute prévision et change soudainement le cours du monde. Elle appelle à l'humilité notre condition humaine : nous sommes un être naturel, vivant, fragile, qui a peur de la mort, démuni face à la force de certains éléments naturels, et si peu malgré notre ambition "maîtres et possesseurs de la nature" (Descartes)...".
Il vous est proposé de réagir par rapport à ce texte, dans la semaine du 6 au 12 mai. Nous pouvons aussi au fur et à mesure réagir sur les textes des uns et des autres. Vous pouvez écrire un ou plusieurs textes, de la longueur que vous voulez, de la façon que vous voulez, comme cela vous vient en réfléchissant. Vous pouvez aussi, mais si seulement cela vous inspire, expérimenter des genres d'écrit différents : l'essai, la méditation, l'aphorisme, la correspondance, le dialogue entre 2 ou 3 personnages, le journal, la fiction, le poème... Ci- dessous quelques pistes de réflexion qui peuvent accompagner votre réflexion. Choisissez celle ou celles sur laquelle vous avez des choses à dire :
1) Sur le texte lui-même :
- Quelles sont les idées de l'auteur sur la condition humaine, la mort, le rapport à autrui, au temps et à l'histoire ? Pouvez-vous les expliquer, les développer ?
- Êtes-vous d'accord ou pas avec les idées proposées dans ce texte, sur quoi et pourquoi (par exemple sur l'idée que l'on est en guerre? Mettriez-vous des nuances ? Argumentez votre point de vue.
2) Et en élargissant votre réflexion :
- que vous inspire cette fragilité de l'homme, sa peur de la maladie et de la mort. Quelle attitude avoir vis-à-vis de notre condition humaine ?
- Quel rapport dans la période de confinement avez-vous ressenti par rapport à autrui ? Au temps ? A la liberté et la sécurité ?
- Qu'est-ce que la crise du coronavirus nous dit de notre rapport à la nature ? etc.
III) Synthèse séquence I sur la dimension métaphysique de la crise (fin semaine 1)
Cet atelier est d'abord pour chacun un entrainement personnel au philosopher par l'écriture réflexive, et au développement de processus de pensée. Votre écriture individuelle sera de plus en plus dialogique, car influencée par la pensée des autres (le dialogisme est selon Bakhtine la présence du propos d'autrui dans mon propre discours). C'est l'intérêt d' écrire dans un groupe. J'aurais beaucoup de choses à dire à chacun, mais je choisis de faire une synthèse de cette première séquence. Une synthèse n'est pas simple : peu exhaustive, elle sélectionne des traits saillants, reste toujours subjective, et en rajoute toujours un peu...
Je suis frappé par les différences de styles et de genres d'écrit : c'est une richesse. Beaucoup adoptent le style de l' essai (pensée critique): développement ordonné d'une pensée soutenant rationnellement un point de vue, ou réponses à une liste de questions. Quand un engagement militant s'y ajoute, on n'est pas loin du pamphlet, avec de l'indignation plus ou moins contenue ; l'émotion se mêle alors à la raison. D'autres s'impliquent personnellement, sur le registre du témoignage réflexif, qui mêle la vie personnelle (vécu autobiographique) à des idées plus générales. Certains filent la métaphore (pensée créative et interprétative). Il y a des formes originales, comme le sketch note.
Comme toujours quand on écrit, le fond n'est jamais séparé de la forme.
Sur les 15 participants, la première semaine 10 se sont présentés, 12 ont envoyé un texte et 7 se sont essayés à un exercice de problématisation.
J'ai choisi de faire une synthèse sur le fond, et uniquement sur la dimension demandée, la dimension métaphysique, d'autres étant abordées par la suite.
La métaphysique concerne les questions et notions touchant aux questions fondamentales, premières : l'Être, le monde, la nature et son origine, Dieu, l'âme, la vie, la mort et la survie, le temps et l'espace, la nature ou la condition humaine, la liberté, le sens ou l'absurdité de la vie... Matières à controverses dans l'histoire de la philosophie et entre humains.
Comment appréhendons-nous donc la dimension métaphysique de la crise ?
Par la récurrence de la question de la mort, la maladie, la souffrance, avec la peur qu'elles génèrent, et la conscience de sa vulnérabilité, incarnée dans la finitude, qui peut mener soit à l'obsession de la santé, soit au détachement fataliste. Pourquoi cette peur ? C'est la fragilité de notre condition qui est mise en avant par cette crise, car celle-ci est sanitaire, touchant à la vie et la survie, à notre corps de vivant, à la persévérance de notre être (D'habitude on est plutôt dans des crises d'abord économiques, sociales politiques). Face à ce danger biologique (comment surmonter cette peur ?), cette perspective mortifère, on tente de relativiser la peur de la mort, dans la tradition philosophique de l'Antiquité (Socrate calme avant de mourir, Epicure ne la rencontrant jamais - avant c'est trop tôt, après trop tard, Epictète cherchant à changer sa représentation en s'accoutumant par des exercices spirituels quotidien à son idée) ; on doit lâcher prise. On s'interroge sur le sens de cette pandémie : elle peut révéler aussi bien la loi de la nature (survie des plus résistants), qui se "venge" contre nos agressions (le maîtriseur de la nature devient le maîtrisé) ; l'absurdité du monde ; la volonté impénétrable de Dieu, par exemple pour nous punir. Il règne une atmosphère de fin du monde savamment orchestrée par les médias. D'où l'autodéfense intellectuelle : chercher à maintenir du rationnel dans ce vent de panique émotionnel, qui multiplie les infox.
S'agit-il d'une guerre ? C'est une façon de nommer l'ennemi. Terme impropre car le Covid n'a aucune intention, il est invisible. Mais il a un nom, car les hommes cherchent toujours à nommer le réel, surtout lorsqu'il est cruel : coronavirus ou Covid le 19e, métaphore d'un monarque tout puissant qui nous asservit. Mais l'ennemi n'est-il pas aussi autrui, danger potentiel pour moi, dans un égoïsme de conservation qui me met dans l'insécurité et la méfiance, mais aussi dans la souffrance vis-à-vis des proches, que je peux moi-même contaminer ? Guerre enfin contre moi-même et mes angoisses ?
L'humain tente donc de persévérer dans son être, en se prémunissant. D'où le confinement. Mais cette stratégie préventive a des conséquences : par l'arrêt soudain des activités individuelles et collective, du temps figé, on fait l' expérience de la rupture, de la coupure, de la perte, du deuil de la proximité physique (les "gestes barrières", le désir dans l'absence) et de la vie collective en présentiel.
Il a fallu "faire avec" ! Ce fut une épreuve existentielle, plus ou moins bien vécue, car épreuve du vide, de l'ennui et de la solitude, sevrage du "divertissement" et des échappatoires qui renvoient à sa condition mortelle, interdiction de voir et de toucher ses proches, sidération face à la perte de sens de l'action habituelle pour certains ; trop plein et surcharges d'activités pour d'autres (télétravail + école à la maison + fonctionnement du foyer). Expérience pour certains du "mitard", de la limitation de la liberté par un Etat autoritaire. Vécu donc très divers selon que le confinement fut subi (ex : entassement spatial, difficultés de revenus, voire calvaire des violences intrafamiliales) ou consenti (ex. : bienfait de la décélération, du recentrement sur soi, du carpe diem, des pratiques virtuelles de contact, des innovations virtuelles et pédagogiques ; du temps pour ranger, écrire, communiquer ; mais certains se sont vite recréés un emploi du temps !).
Cette crise est comme un bain de révélation photographique favorisant des prises de conscience, la levée d'impensés : émergence des peurs ancestrales des épidémies et des visions apocalyptiques inscrites dans notre inconscient collectif ; sentiment que l'on est une personne à risque en fonction de son âge ; qu'il faut trouver les ressources en soi pour assumer et rebondir, se recentrer sur l'essentiel, retourner à plus de simplicité, ancré dans un développement personnel ; conscience de l'invisible en soi ; de la dangerosité du corps ; préoccupation historiquement nouvelle pour les personnes âgées et la situation des Ehpad ; réalité des inégalités renforcées par la situation ; désignation en temps difficile de boucs émissaires (les chinois, les étrangers)...
Avec l'idée d'un temps futur non maîtrisable, de l' incertitude de l'avenir, de la multiplicité des scenarii possibles, du plus pessimiste : "comme avant mais en pire !" (Un remake de l'apocalypse), au souhait que de cette crise puisse émerger une ère nouvelle, plus solidaire et plus écologique...
IV) Synthèse du bilan de l'atelier par les participants (Michel)
- La satisfaction est dominante. Très belle expérience. Belle expérience très enrichissante qui nous a permis d'échanger paisiblement sur cette actualité virulente. Un grand merci à tous pour vos textes inspirés et inspirants. Expérience totalement nouvelle pour moi. C'était l'occasion de tester pour moi. Très intéressant et répondant à un vrai besoin. Expérience passionnante, extrêmement riche, dense. Bilan positif. Beaucoup de plaisir à participer à ces ateliers, et vous lire surtout ! Expérience intéressante mais exigeante. J'ai adoré car j'ai vécu une expérience nouvelle dans laquelle je n'ai pas cherché à faire ce que je sais faire. Cet atelier m'a permis de m'autoriser à penser ce qui s'embrouillait chaque jour un peu plus, le moyen de détisser une toile, de libérer du sens, compétence d'autorité permettant d'être auteur de ma pensée. Découverte d'une expérience collective non pas à partir de ce qui se dit dans l'actualité, mais dans ce qui se vit pour chacun. La possibilité de lire les autres textes agrandit notre vision pour la réinterroger. L'individuel au service du collectif. L'effet groupe est stimulant. J'en retire l'envie d'approfondir la relation à l'autre et le sujet de la démocratie. Je trouve ce travail exemplaire, et encore merci à Michel de nous l'avoir proposé et conduit avec brio ! Remerciements unanimes à Michel, qui a organisé et mené cette expérience. Dispositif extrêmement fort pour mettre en action le dialogue avec soi-même, puis par sa mise en lumière au contact des autres textes Prendre le temps de réfléchir, de se poser et d'écrire, chose que je n'aurais jamais faite spontanément et qui finalement m'a permis de mieux vivre cette situation. J'ai apprécié l'utilisation de la plate-forme Facebook pour le partage des publications et l'opportunité d'échanger avec Michel et les participants. (Mais...) Je n'ai pas compris l'utilité de Facebook : avec un listing de mails et la commande "répondre à tous", on obtient le même résultat qu'avec un groupe privé sur Facebook, non ? Participation de l'animateur qui s'implique dans le projet au même titre que nous, on sent donc plus le projet collectif. L'expérimentation était donc totalement égale.
- Les consignes ont toujours été remarquablement claires. Claires, précises variées et ouvertes mais j'ai choisi de ne pas répondre aux questions pour éviter les souvenirs d'un protocole scolaire pas forcément heureux. Un peu scolaire, mais c'était un guide. Détaillées, nombreuses, me permettant chaque fois d'en suivre/choisir une plutôt qu'une autre
- J'ai adoré l'idée d'un texte support inducteur à la réflexion pour chaque séquence. Il m'a permis de mieux cerner les enjeux et à mieux appréhender le travail. On peut s'en écarter. D'un grand secours pour organiser, ouvrir et approfondir ma pensée. Bémol : il ne faut pas trop orienter au départ la réflexion, car on risque de passer à côté de certaines choses.
- Compétences développées. Défi intellectuel. Oser écrire et se faire lire. Curiosité, aller vers des domaines que je connais peu comme par exemple l'épistémologie. Effectuer quelques recherches personnelles. Chercher des informations, les analyser. Lire et écouter l'actualité en essayant de la décrypter. Trier parmi le flot d'informations dont on a été bombardé de quoi se repérer et se forger une "politique" pour penser l'événement. Entraînement à la structuration, la formalisation de sa propre pensée, exercice de centration sur sa pensée. Rapidité à rebondir et à réfléchir sur une crise dont on n'est pas encore tout à fait sorti, à travailler la problématisation, la conceptualisation et l'argumentation, les trois grandes exigences intellectuelles qu'on fait travailler aux enfants à travers la pratique du philosopher. Meilleure distinction entre conceptualisation et problématisation et argumentation à partir des textes des uns et des autres. Approfondissement de nos capacités à écrire de manière claire et compréhensible dans l'objectif d'être lu et compris. Mettre sa pensée au clair pour qu'elle soit lue et comprise par les collègues. Approfondissement de nos réflexions sur un sujet précis en conceptualisant et en argumentant notre point de vue au-delà d'une opinion. Expérimenter (éprouver) la réalité de la pensée complexe et sa faisabilité. Se re-questionner à la lecture de toutes les contributions. La confrontation avec les autres ouvre des perspectives pour la construction de sa propre pensée, soit que l'on adhère, soit que l'on ait une position critique ou partiellement critique.
- La progression prévue avec étapes, texte de départ et questions a été "cadrante", contenante, accompagnante. L'idée de diviser l'approche en quatre questions est excellente, cela correspond aux préconisations de Descartes dans son Discours de la méthode (diviser une question en un maximum d'éléments, à traiter les uns après les autres). La progression et le rythme me paraissent raisonnables. Pas de souci avec le rythme, soutenu, mais nécessaire. La pression favorise aussi des compétences de réactivité. Intéressant et rassurant, cela m'a structuré et évité que je parte dans tous les sens. En semaine le rythme est difficilement tenable pour moi : c'était sur mes nuits ou en retard que je pouvais produire un texte. Le rythme d'un texte par semaine est bien même si le démarrage peut s'avérer un peu laborieux. Le rythme d'un texte par semaine était soutenu, mais sans doute nécessaire pour ne pas s'enliser dans des envies de retoucher à l'infini sa production ou celui d'être victime de procrastination. Bon planning, bien dosé. Bonne méthode que d'avoir proposé des étapes progressives, car cela nous a servi de boussole.
- L'écriture a été centrale. Elle permet un aller vers soi autant qu'un aller vers autrui. Ecrire fut un sacré challenge, surtout dans l'optique d'être lu par d'autres. L'écriture oblige à se mettre à penser seul, face à son ordi, force à mettre ses idées en ordre, elle fait émerger des idées que l'on ne savait pas avoir en soi. J'aime l'écriture car elle permet de poser ses pensées, de prendre le temps de réfléchir à l'articulation des idées. Mon problème consiste à considérer que le texte est fini, j'ai l'impression qu'on peut toujours l'améliorer... du coup on n'est jamais prêt pour envoyer le texte. C'est peut-être moins spontané qu'une discussion, moins interactif, mais peut être plus profond et plus proche de ce que je veux exprimer quand je me relis et me corrige. L'écriture rend créatif au niveau de la pensée. Un outil puissant, l'écriture force à un temps d'introspection. Coucher quelques lignes oblige à un minimum de rigueur, à affiner les idées retenues. L'écriture correspond à un travail personnel et engagé. Le rythme aussi, cela fait partie de l'enjeu d'écrire en situation et de rester focus sur l'exercice. J'ai aimé le côté marathonien de la cadence d'écriture et l'idée de sa fin proche, à mesure humaine. Intérêt de contraintes pour écrire. Accepter le lâcher prise, pour accepter d'écrire sans craindre d'être malhabile.
- Les genres d'écriture. Le choix des différentes formes d'écrits permet à chaque personne son support préféré. Choisir un genre d'écriture est amusant. Offrir l'occasion d'être dans son meilleur et dans son plus habile. Vaste palette stylistique comme écrin pour y déposer nos idées ! C'était un plus et certain(e)s y ont excellé. Les modes d'expression moins conventionnels, comme le dialogue, le jeu ou le poème ont produit des choses à la fois profondes et divertissantes. J'ai beaucoup aimé, ce fut un défi supplémentaire motivant pour moi qui avait envie d'essayer différents genres. J'ai beaucoup apprécié de lire les textes des autres participants utilisant des styles décalés (le dialogue, trilogue, la poésie...). Varier les registres dans la forme de nos réponses. J'ai été agréablement surpris par les genres utilisés. N'étant pas trop littéraire, je ne me suis pas aventuré à sortir du cadre standard du "simple écrit".
- Le texte de départ : ancrage, catalyseur, cap, un guide posant le contexte sur l'actualité et une amorce de réflexion à partir d'un avis personnel. Ancrage pour canaliser la réflexion et l'écriture. La lecture du texte me met dans l'ambiance de la thématique, mais je réagis peu, voire pas, par rapport au texte. Textes introductifs accessibles. Le texte de départ chaque fois fournit un prétexte pour enclencher la réflexion. Les textes de départ étaient excellents, et de plus nous n'étions pas obligés de rester dans les questions évoquées.
- Les récapitulatifs, synthèses. Très important d'avoir les récapitulatifs et synthèses, plus faciles à lire, arrivant avec un rythme régulier et attendu. Les récapitulatifs m'ont apporté un encadrement, un accompagnement précieux. Magistrales synthèses, un travail colossal. Les synthèses sont parfaites, volonté de refléter le plus précisément possible les différentes positions et opinions, respect des intervenants. Très inclusives et respectueuses des singularités. Etonnantes de respect des travaux de chacun. On peut se rendre compte avec fierté qu'un bout de notre texte a été retenu pour la synthèse ; ce qui nous conforte à continuer à participer. C'est une oeuvre collective reconfigurée à la fin. uvre commune, qui porte la part de chacun, tout en étant à la fin le fruit d'un travail collectif. J'ai apprécié les récapitulatifs et synthèses placés après l'ensemble des textes, dans une publication commune. Vision plus globale des différentes idées. Très utile pour garder une trace compacte et fidèle de l'aventure. Fidèle transcription de chacun suivie d'une analyse synthétique impressionnante et instructive. Elles sont très utiles, je les garde. Bémol : on ne peut pas dire que la pandémie était imprévisible, elle était annoncée depuis plusieurs années par l'OMS, elle était imprévue.
- Les difficultés rencontrées. Deux participants regrettent de ne pas suffisamment avoir pu participer, faute de disponibilité dans la période. La mise en route sur FB a nécessité un peu de gymnastique. Essai de coller au maximum à un style démonstratif et de tenir le rythme hebdomadaire. Manque de temps. Le rythme était intense et j'ai un peu ramé pour trouver le temps nécessaire à chaque fois. Je n'ai pas su garder le rythme, 50% dû à l'exercice avec un niveau plus élevé que le mien, 50% lié à une difficulté de revoir à la baisse mes exigences vis à vis de mes productions. Je n'ai pas réussi à lire tous les textes envoyés, donc a fortiori pas d'interaction avec les textes des autres. J'ai trouvé difficile de réagir aux propositions des autres participants, alors que si j'avais pu (en termes de temps disponible) osé le faire, je serai allée ailleurs. J'ai regretté que les autres membres du groupe n'aient pas engagé de discussion sur les textes que j'avais envoyés. Je considère que toute contestation est bénéfique. Je ne me suis pas senti autorisé à le faire sur les textes des collègues. Ce qui m'a manqué, c'est le contact avec les personnes, lisant leur texte, moment fort et habité. Le contact réel avec les collègues, comme nous le pratiquons dans les cafés philos ou les ateliers philos me manque. J'ai du mal à pratiquer la communication désincarnée.
J'ai eu la sensation d'être entourée de personnes très compétentes en philo, ce qui était à la fois porteur et déstabilisant. Prise de conscience de ma vision limitée sur les sujets et de mon besoin d'approfondir les connaissances. J'ai vraiment ressenti que je ne décollais guère du niveau de l'opinion. Rester dans l'exercice, et ne pas exprimer simplement des opinions. Certaines entrées m'étaient moins accessibles, comme la dimension politique. Le domaine de l'épistémologie m'a semblé beaucoup moins facile à aborder que la morale. Sur la problématisation, j'ai été étonné par cette notion. Les difficultés sont "excitantes". Y aurait-il eu plaisir sans effort ? S'exprimer sur cette crise inédite n'a pas été simple tant les champs concernés étaient vastes D'où l'importance d'en avoir tiré quelques fils. Je n'ai pas osé aller au bout d'une entreprise qui débouchait sur une certaine indulgence. J'ai beaucoup apprécié la liberté d'expression sur le fond et la forme, car tout restait possible... y compris ne pas écrire.
- Les améliorations proposées. Partir d'une question surprenante ou d'un paradoxe troublant et voir ce que cela suscite comme réflexion et création. Savoir utiliser la mise en forme de texte sur FB (texte en gras, etc.). Situer le texte de départ : qui écrit, pourquoi, dans quel contexte ? Varier le support de départ : texte ou peinture ou photo ou vidéo ou une chanson. Plus de délai pour restituer les travaux. J'aurais préféré chaque 10 jours voire 15 jours. Mener cette expérience avec deux animateurs pour ne pas avoir une surcharge de travail (comme pour l'écriture des synthèses), avoir un double regard sur le collectif. Répartir les exercices d'introduction et de synthèse. N'envoyer les textes qu'à la limite hebdomadaire ; cela mettrait tout le monde à égalité. Il est une alternative qui me paraît intéressante, mais quasiment impossible à pratiquer dans un groupe de cette taille : la "disputatio". Celle-ci me rappelle la pratique juridique et judiciaire : dans un procès, le procureur et l'avocat de la défense développent leurs argumentations opposées, et le tribunal tranche, en s'appuyant sur la valeur vérité.
Une visio-conférence avant d'attaquer le "dispositif" pour bien expliquer les consignes afin d'éviter les malentendus, les contre-sens, et pour faire connaissance avec les participants. Une visio en milieu de parcours serait intéressante pour faire un point sur le ressenti des personnes du groupe, répondre à des questions, recentrer la réflexion et renforcer la cohésion du groupe. Une visio-conférence après pour débriefer. Dans ce cas, proposer une question et une forme d'atelier qui nous sortent des opinions et idées que nous aurons déjà échangées. La visioconférence peut être un plus, mais elle pose des problèmes de disponibilité.
V) Mon évaluation de l'atelier
Le confinement a permis cette expérience, suggérée par François Galichet, qui avait déjà pratiqué ce type d'atelier, et Claude Escot des Francas. Ils animaient tous deux de leur côté en même temps que moi, une expérience similaire, mais à leur façon.
J'ai eu des problèmes au démarrage : 3 inscrits seulement, j'ai dû faire appel à mes propres réseaux. Cela oriente la nature et la motivation du public. Problèmes techniques pour amener les personnes à s'inscrire au groupe facebook, perte de temps (10 jours). Groupe public, donc accessible à tous, puis fermé etc.
14 participants + moi. 10 à 12 serait mieux. J'ai refusé une personne qui voulait se raccrocher en cours d'atelier. Une personne n'a démarré qu'au bout d'une semaine, une autre 15 jours, les deux sur relance. La dernière s'est manifestée la 3e semaine. Myriam participait à deux groupes. Tous les participants avaient des activités philosophiques, mais certaines seulement animaient des ateliers philo avec les enfants.
Facebook est-il bien adapté ? Certains n'y sont pas inscrits, d'autres s'y refusent. Pas évident de manier l'outil sans habitude. Difficile de lire sur FB des textes un peu longs. Il faut aller volontairement consulter les textes. Intérêt des commentaires directs sur les textes.
Une liste de diffusion est pour moi plus pratique : seuls les inscrits reçoivent d'emblée les textes, ils les reçoivent automatiquement, ils peuvent être stockés, on peut aussi se répondre en privé ou public. Mais il faut que l'animateur stocke et ordonne l'ensemble, et fasse des synthèses (gros travail). La question de la synthèse est la même pour Facebook. Le fait d'avoir créé une liste de diffusion a rendu inutile Facebook. C'est moi qui introduisais à la fin les interventions reçues sur la liste.
L'atelier est très intéressant pour approfondir un sujet (pour moi réflexion sur la crise en plusieurs temps, selon ses différentes dimensions). Il y a un épaississement de la réflexion individuelle et collective visible dans les textes. Réflexion d'autant plus riche à cause de la diversité des participants, et des points de vue développés. Nous avons constitué une véritable communauté de recherche pour comprendre la période, et notre travail restera une archive à verser à sa compréhension.
Comme c'est à l'écrit, on peut expérimenter plusieurs genres d'écrit philosophique : essai, dialogue, trilogue, fiction, poème, correspondance, journal, jeu... Cela débloque l'écriture et permet de réfléchir aussi autrement. Cette possibilité a été bien utilisée par certains.
J'ai pris l'option d' écrire moi-même, de m'impliquer dans le groupe et l'écriture (il y a celle de faire écrire les autres, mais sans s'impliquer) ; je me considérais comme en coformation sur le fond, et cela me permettait de réfléchir. Je me suis entraîné aussi à plusieurs genres d'écriture...
J'ai choisi le format : au moins un texte par semaine. C'est exigeant pour certains, tenable pour d'autres. J'ai eu en général, dès la semaine II, un texte par semaine par la majorité des participants, rarement deux (un second de réaction à un autre texte) : un participant a écrit un texte, trois deux textes, 2 trois textes, 7 quatre textes (rythme proposé), 1 cinq textes et un six textes ; soit 42 textes en tout.
Il y a eu peu d'interactions entre participants.
Deux interrogations (insuffisances ?) découlant des choix faits :
1) J'ai travaillé certains processus de pensée, problématisation (fin semaine I, avec un exercice), argumentation (mais de fait, sans exercice ad hoc, comme nécessité dans l'écriture des textes), interprétation (avec appel à François sur sa compétence interprétative), mais peu de conceptualisation ; peu de façon métacognitive, car c'est la réflexion sur la crise qui m'intéressait d'abord personnellement, avant l'aspect formation aux compétences. Il faut préciser les consignes et types d'exercices si l'on veut développer davantage les processus de pensée.
Ma question : " Quels dispositifs, quelles consignes pour développer par écrit des processus philosophiques de pensée ?" (Claude et François ont davantage me semble-t-il travaillé dans ce sens).
2) J'ai peu orienté le groupe vers l' interaction, mais plutôt sur la réflexion personnelle de chacun. J'aurais pu demander des commentaires des textes sur Facebook, ou donner des consignes en ce sens pour que les gens réagissent.
Ma question : " Comment accroître l'interactivité, et organiser une véritable discussion à l'écrit".
J'ai fait une évaluation par écrit (tout le monde a répondu, les participants étaient très satisfaits), puis un zoom de bilan oral quelques jours plus tard, comme l'a proposé un participant...
Annexe : Quelle réflexion philosophique sur la crise du coronavirus ? (Michel Tozzi, 17/03/2020)2
"Nul doute que la "guerre au coronavirus" (avec ses hôpitaux de campagne militaires), va mobiliser la réflexion des sciences humaines et sociales : psychologues et psychosociologues, par exemple sur les peurs paniques devant la maladie (défiance vis-à-vis d'autrui, menace potentielle), le manque (queues dans les supermarchés) ; sur la modification des relations interindividuelles par le confinement (gestion simultanée du télétravail, des devoirs à la maison et du foyer), la rupture des liens sociaux et l'isolement, le développement de certains symptômes ou pathologies (hypocondrie, délires, paranoïa...). Sociologues étudiant l'impact de la crise sanitaire sur les représentations sociales de la maladie, du système de soins, de la santé publique, des personnels de santé, des politiques publiques, de la police etc. ; la façon de bouger et de se nourrir en situation de confinement ; les inégalités sociales dans la gestion de la crise (ex : les politiques sans symptôme ont droit au test, pas les citoyens à symptômes faibles) et la vie quotidienne ; le rôle essentiel des médias pour informer et des réseaux sociaux pour désinformer (infox), mais aussi pour maintenir une sociabilité en l'absence physique d'autrui. Economistes perplexes devant l'effondrement des bourses, le relâchement soudain des règles budgétaires nationales et européennes sur les déficits, les conséquences des mesures prises par les Etats et l'Europe sur les entreprises ; perplexité sur l'Etat, son rôle économique, sa dette, les impôts des citoyens, la gestion des politiques publiques, notamment de santé etc...
Pour les philosophes, cette crise, dont il est beaucoup trop tôt pour tirer des leçons, peut être analysée au moins selon une quadruple dimension : métaphysique, épistémologique, éthique et politique (texte à largement compléter).
- Métaphysique : Elle se déroule sur fond de survie des individus et de l'humanité, puisque c'est à la fois une pandémie mondiale et une "guerre". L'homme y est objectivement un "loup bactériologique" pour l'homme, une menace réelle, avec cette précision (nuance ?) que la préservation de chacun entraîne la préservation de tous (un peu comme chez Hobbes le pouvoir fort préserve chacun par la peur). Elle réactive (comme d'ailleurs le réchauffement climatique) un scénario de fin du monde (mythe de l'apocalypse), comme les grandes peurs des épidémies (peste, choléra...) ou de l'an mil, inscrites dans notre inconscient collectif. Elle interroge les philosophies de l'histoire, par l'émergence de l'imprévisible qui dément toute prévision et change soudainement le cours du monde. Elle appelle à l'humilité notre condition humaine : nous sommes un être naturel, vivant, fragile, qui a peur de la mort, démuni face à la force de certains éléments naturels, et si peu "maîtres et possesseurs de la nature" (Descartes)...
- Epistémologique : Elle interroge les limites de la science, l'incertitude de sa connaissance (ici sur le virus, son origine, sa nature, son mode d'expansion, son traitement, sa prévention, plus généralement sur la connaissance et le pouvoir de l'infectiologie et l'épidémiologie), sa capacité à prévoir. Mais elle souligne aussi l'acharnement des hommes à savoir, découvrir, connaître le réel, et tenter de le maîtriser. Elle soulève la question de la coordination nationale et internationale de la recherche, son financement problématique, l'intérêt des retombées de la recherche fondamentale. Elle teste la pensée complexe (E. Morin) à rendre compte de ce qui se passe (par exemple avec la notion d' "émergence").
- Ethique : Elle questionne en période troublée la solidarité entre individus inconnus ou au contraire au sein même de la famille (le concept ici doit être interrogé, car la solidarité est ici objectivement, biologiquement et non idéalement fondée). Elle interroge la civilité citoyenne, la sollicitude éthique (Ricoeur), le souci de soi et de l'autre qui sont requis dans de telles circonstances, ainsi que la reconnaissance individuelle et étatique, par exemple vis-à-vis des personnels soignants (en la circonstance héroïsés comme des soldats). C'est le paradoxe de la crise : pour être solidaire, il faut se séparer et s'isoler... Elle mélange l'intérêt individuel et l'intérêt collectif, qui pour une fois se rejoignent : l'intérêt égoïste de la survie concourt à l'idéal humanitaire, brouillant la distinction classique entre morales déontologique du devoir et morale utilitariste de l'intérêt. Du point de vue de l'éthique médicale, elle interroge le dilemme de la nécessité et des critères du "tri" entre les patients à réanimer quand il n'y a pas assez de lits et de respirateurs, comme dans la médecine des catastrophes...
- Politique : Cette crise amène à réfléchir sur ce que la science politique appelle "la construction de l'ennemi" (le coronavirus), qui dans la circonstance n'est pas un groupe, une nation, un Etat, mais qui nous met cependant en état de "guerre". Quelle signification prend l'appel à cette notion et à la sémantique guerrière, quand il ne s'agit plus de conflits entre humains ? Est-on encore dans la métaphore ou au-delà ? Elle interroge aussi sur la notion d'incivilité irresponsable et de citoyenneté (avoir un comportement conforme à l'intérêt général ?), sur la compréhension et l'acceptation par le citoyen de décisions politiques radicales. Elle questionne la décision politique des dirigeants en temps de crise, confrontés à l'aléatoire des événements et à l'incertitude des connaissance et de l'avenir ; sur leur adaptation au plus près à l'évolution de la situation ; sur l'importance et la place prise par les experts (sanitaires) associés à la décision ; sur le recours à des mesures exceptionnelles dans une démocratie, par exemple la restriction des libertés publiques (droit d'aller et de venir, de se rassembler, de manifester supprimés par le confinement obligé - mais peu à peu accepté par la population : servitude volontaire ?) ; et sur la dialectique liberté-sécurité, qui privilégie délibérément dans la période la seconde. Sans compter l'appel à l'armée, qui n'a pas vocation en démocratie au maintien de l'ordre. Le coronavirus serait-il par ailleurs analogiquement (car ce n'est pas un humain) ce nouvel immigré (ou ce terroriste) qui nous menace et oblige à fermer les frontières ? La crise interroge aussi sur les aberrations d'une politique publique de santé dans une société néo-libérale, où la gestion l'emporte sur le prendre soin des patients et la bientraitance des personnels soignants, et tout particulièrement sur la disette des services d'urgence, alors que seul l'Etat peut faire globalement face à une telle crise, "quoi qu'il en coûte". Que signifie la convocation soudaine et surprenante, dans un contexte de mondialisation néo-libéral, de "l'Etat-Providence" redécouvert et de "l'indispensable service public de santé". Ces mots du président ont un poids politique, qui pourrait avoir des conséquences dans l'avenir : mais tirera-t-on des leçons de cette redécouverte des vertus de l'Etat Providence, de toutes les décisions économiques prises visant à protéger les salariés (ex : chômage partiel) et leurs entreprises, pour infléchir le cours des événements vers une démondialisation, un infléchissement de la politique purement gestionnaire de la santé et plus généralement des services publics ?".
(1) Plan de la synthèse globale que l'on trouvera dans le PDF :
I)
Lancement de l'atelier (p. 1). II) Consignes phase I Métaphysique (p. 2). III)
Synthèse phase I (p. 3). IV) Consignes phase II Epistémologie (p. 5). V) Synthèse
phase II (p. 6). VI) Consignes phase III Ethique (p. 8). VII) Synthèse phase III (p.
9). VIII) Consignes phase IV Politique (p. 11). IX) Synthèse phase IV (p. 13). X)
Synthèse bilan de l'atelier par les participants (p. 17).
Annexes : XI)
Texte de départ (p. 20). XII) Récapitulatif textes phase I (p. 22). XIII)
Récapitulatif textes phase II (p. 31). XIV) XIV) Récapitulatif textes phase III (p.
60). XV) Récapitulatif textes phase IV (p. 89). XVI) Récapitulatif des bilans (p.
130). XVII) Bilan de l'animateur (p. 151).
(2) Texte complet de départ (fractionné en 4 pour chaque séance), écrit par Michel
le jour du confinement.