La revue Diotime a été lancée à la fin du siècle dernier (mars 1999). Elle prenait la suite du bulletin de l'ARDAP (Association pour la Recherche en Didactique de l'Apprentissage du Philosopher), que j'ai publié pendant 5 ans (de 1994 à 1999) peu après la soutenance de ma thèse ( Contribution à une didactique de l'apprentissage du philosopher, 1992, Université de Lumière Lyon 2).
Elle a eu une édition papier jusqu'au numéro 18, et elle est numérisée depuis le n° 10. Cette revue parait depuis quatre fois par an. Elle a une vocation internationale : c'est la seule revue internationale de didactique de l'apprentissage du philosopher, avec certains articles en anglais ou en espagnol. Elle affiche son intérêt pour la dimension didactique de la philosophie, et veut promouvoir à l'école et dans la cité des pratiques nouvelles du philosopher, les types de formation qui y préparent, et les recherches qui accompagnent ces NPP (Nouvelles Pratiques Philosophiques).
Son projet éditorial de 1999 n'a pas pris une ride :
"Les incertitudes, affectives, épistémologiques, éthiques, écologiques, politiques engendrées par la (post- ou l'hyper-) modernité, et le trouble existentiel qui en résulte, se traduisent par une demande sociétale croissante de philosophie. Celle-ci, qui reflète une quête angoissée de sens, est nettement perceptible dans l'écho rencontré par la philosophie dans l'édition et les médias, mais aussi dans l'efflorescence de nouvelles pratiques sociales et scolaires : dans la cité (en France, cafés philosophiques depuis 1992, nouvelles Universités populaires depuis 2002, consultation privée ou en entreprise etc.), et à l'école (notamment dans l'enseignement primaire et avec les adolescents, ou les élèves en difficulté).
Une réflexion s'impose donc aujourd'hui sur la place et le rôle de la philosophie et du philosophe dans la cité et à l'école, sur le fonctionnement de toutes ces formes innovantes que l'on appelle désormais les NPP (Nouvelles Pratiques à visée Philosophique), et sur la façon dont des "praticiens philosophes", professionnels ou amateurs, tentent de les didactiser.
Face au défi jeté à l'homme d'un monde complexe et aléatoire, qui a perdu de sa lisibilité, et où les individus cherchent du sens à leur vie, il est urgent de "rendre la philosophie populaire", comme le souhaitait Diderot, et ce dès le plus jeune âge et dans la cité, rendant accessible à tous le "penser par soi-même", et peut-être une forme de sagesse (...)"
(Extrait de la présentation de Diotime)Les rubriques se sont rapidement stabilisées : Dans la cité, En classe, Témoignages, Formation, Réflexion, Recherche, Informations et Publications, International... S'y ajoute une rubrique spécifique depuis la création de la Chaire Unesco de philosophie avec les enfants (1996).
Diotime est régulièrement consultée dans les pays francophones, particulièrement le Québec, la Belgique, la Suisse : et les pays africains, notamment parce qu'elle est aujourd'hui accessible par internet et gratuite. Il y a près de 5000 consultations par mois.
Ce n'est pas une "revue de recherche" classée, au sens universitaire, bien qu'on y trouve nombre de comptes-rendus de recherche, de colloques, séminaires, masters, projets et soutenances de thèses. Ce n'est pas non plus une "revue professionnelle", car elle ne s'adresse pas spécifiquement à un corps déterminé (comme les professeurs de philosophie). Elle touche un vaste public (les personnels du premier et second degré, les animateurs d'ateliers philo et de cafés philo, les étudiants, plus largement ceux qui s'intéressent à la philosophie et à ses pratiques).
Il y a dans les centaines d'articles publiés beaucoup de ce que Jean-Pierre Astolfi appelait des "textes intermédiaires" (entre recherche et simple description de pratiques), comme ceux des formateurs ou de "praticiens réflexifs" (Schön), qui témoignent avec une dimension d'analyse des tenants et aboutissants de leur activité. Dans les numéros numérisés, depuis le n° 10 (Juin 2001) jusqu'au n° 79 (janvier 2019), 717 rédacteurs de 44 pays s'y sont exprimés, représentant 1400 articles...
Diotime, avec le soutien de l'Unesco, correspond à un besoin, parce que les NPP s'étendent de plus en plus en France et dans le monde, à l'école et dans la Cité...
Je voudrais à cette occasion remercier chaleureusement Jean-Pierre Comert, qui, avec Juliette Triacca, Franck Callus et Stéphane Mialhe, a créé et dirigé au CRDP de Montpellier (Canopé) l'édition en ligne de la revue.