Revue

Burkina Faso : L'anecdote dans l'enseignement-apprentissage de la philosophie

Résumé - L'enseignement-apprentissage de la philosophie au Burkina Faso est confronté à diverses difficultés parmi lesquelles le manque de motivation ou d'intérêt des apprenants, le caractère jugé trop abstrait de la philosophie. L'utilisation des anecdotes est un des moyens susceptibles d'éveiller ou de ranimer l'intérêt des apprenants et de rendre les aspects abstraits du cours compréhensibles. L'anecdote, jugée à tort futile, est en effet un récit bref, illustratif, qui peut véhiculer des connaissances et une sagesse didactique. Les historiens de la philosophie et les philosophes s'en servent dans cette perspective. Le professeur de philosophie pourrait aussi, grâce aux anecdotes qu'il convoque dans son cours, le rendre plus agréable et plus accessible aux élèves. Il doit pour ce faire choisir des anecdotes appropriées, les faire intervenir en temps opportun, les conter de manière captivante, suggestive, évocatrice. Il doit aussi faire des anecdotes des occasions de réflexion pour les apprenants. Nous proposons des éléments d'analyse de deux anecdotes. Ils visent à souligner la nécessité d'aller plus loin que leur transparence immédiate : la première tourne en fin de compte en ridicule les propos du sens commun à l'égard de la philosophie. La seconde déconstruit la magie au nom d'un exercice sain de la raison.

Termes clés : anecdote, didactique, enseignement-apprentissage, illustration, philosophie.

Introduction

La philosophie est une pratique de la pensée qui, au regard de sa visée spéculative et critique, jouit d'une place spécifique dans le panorama du savoir. Comme discipline d'enseignement, elle est considérée comme fondamentale pour l'exercice de la pensée et l'émancipation des hommes, mais elle est aussi jugée, à tort ou à raison, par de nombreux apprenants comme très abstraite, difficile, voire impénétrable. Faisant écho à certaines conditions inappropriées dans lesquelles se déroulent souvent les cours de philosophie au Burkina Faso, Jacques Nanema (2002, p. 212) dénonce une ambiance d'incompréhension, de mystification et la compare à "la messe en latin qui se pratiquait dans l'incompréhension générale des fidèles." Il est alors impérieux de recourir à des pratiques et stratégies qui contribuent à cultiver l'esprit philosophique, à rendre le cours accessible aux élèves, à éviter que leur demande enthousiaste de philosophie se dissipe très vite et que " la fraîcheur de la nouveauté de la discipline" (Blaise Nikiéma, 2010, p. 65) finisse dans le désenchantement. En vue de faire correspondre l'enseignement de la philosophie à la nature discursive de cette discipline, Evariste Marie Wend-Yam Guibré (2009) préconise la pratique de la discussion à visée philosophique comme moyen d'une communauté de recherche, d'une éthique communicationnelle et d'une assimilation rapide. Blaise Nikiéma (2010) recommande le traitement didactique des représentations des élèves par les enseignants. Abdoulaye Sawadogo (2017) préconise l'utilisation des illustrations, à savoir des images, des citations, des exemples, en vue de rendre plus aisée la compréhension du cours. L'anecdote, comme type d'illustration, semble jouir cependant d'une mauvaise réputation. Elle exprimerait le futile, le frivole et le sérieux de la philosophie s'y opposerait. Il est en effet souvent reproché aux élèves de raconter des anecdotes1 et Michel Tozzi (2005) cite parmi les obstacles à la discussion philosophique le fait de tomber dans l'anecdote. Mais l'anecdote est-elle absolument rétive au penser philosophique ? Sans tomber dans un éloge disproportionné de l'anecdotique, ne peut-on le mettre au service de l'appropriation de savoir et de savoir-être philosophiques par les apprenants ?

Nous analyserons d'abord ce qu'est l'anecdote et en évoquerons quelques exemples tirés de l'histoire de la philosophie (I). Nous aborderons ensuite la relation anecdote - enseignement de la philosophie en relevant quelques précautions à prendre en compte afin que l'anecdote puisse jouer un rôle didactique fécond (II). Enfin nous proposerons des clés d'interprétation de deux anecdotes : la première, rapportée par Platon et Diogène Laërce, traite du philosophe antique Thalès qui, tombé dans un puits, fut l'objet de railleries. La deuxième, contée par Walda Heywat, concerne une femme qui sollicite l'aide d'un charlatan pour reconquérir l'attention et l'amour de son mari (III).

I) QUELQUES GENERALITES SUR L'ANECDOTE

Il convient de souligner qu'une réflexion sur l'anecdote dans le cadre de l'enseignement-apprentissage de la philosophie nécessite d'abord la clarification de ce que l'on entend par anecdote.

A) Qu'est-ce qu'une anecdote ?

Le terme anecdote est utilisé assez couramment pour désigner ce qui est superficiel, accessoire, secondaire et sans portée, ce qui renvoie à des détails peu significatifs, à des aspects mineurs et non essentiels. On parle ainsi d'évidence anecdotique, de détail anecdotique, d'évènements anecdotiques, c'est-à-dire isolés et sans enjeu social. C'est dans cette perspective qu'Averroès, rejetant l'anthropocentrisme, considère que l'homme est une anecdote dans l'univers et n'est pas la raison d'être de Dieu. L'anecdote est jugée aussi très proche des commérages et charrierait des idées reçues, des informations accessoires, des banalités sans portée dans la quête de la vérité. Pour aller plus loin que la simple connotation négative qui s'attache à l'anecdote, il ne serait pas superflu de partir de l'origine du vocable.

Le mot anecdote dérive de deux termes de la langue grecque : le verbe ekdidonai qui signifie ''produire au dehors'', publier et le préfixe privatif a (Jacqueline Picoche, 1992, p. 158). Anekdotos veut dire alors, à partir de l'étymologie, ''non publié'', ''inédit''. C'est avec Procope que l'anecdote obtient un certain statut littéraire. Les anecdotes dans l'esprit de cet historien byzantin renvoient à des faits secrets ou mystérieux, à des révélations scandaleuses relatifs à la vie des personnages de la cour de l'empereur Justinien, notamment à sa femme Théodora. Histoire secrète de Procope, recueil d'anecdotes piquantes, eut du succès, car il dévoilait les petitesses de certains grands de son temps. Jusqu'au 18ème siècle, le terme conservera le sens de révélations sur l'intimité d'hommes politiques ou publics. On peut pour s'en convaincre évoquer ce passage des Voyages de Gulliver :

"Je découvris l'ignorance et la témérité de nos historiens qui ont fait mourir du poison certains rois, qui ont osé faire part au public des entretiens secrets d'un prince avec son premier ministre, et qui ont, si on les croit, crocheté, pour ainsi dire les cabinets des souverains et les secrétaireries des ambassadeurs pour en tirer des anecdotes curieuses."

Jonathan Swift, 2004, p. 173-174

Le sens du terme évoluera par la suite pour désigner surtout une histoire plaisante, un incident significatif portant sur une personne quel que soit son statut. Les anecdotes ne portent plus seulement sur des personnalités ou des hommes célèbres. Elles peuvent concerner tout homme, dans la mesure où il y a quelque chose d'instructif à tirer du fait anecdotique. Johann Wolfgang Goethe, cité par Jean-Louis Morel (2003, p. 84), précisait qu'"une collection d'anecdotes et de maximes est pour l'homme du monde le plus grand trésor, lorsqu'il sait semer les premières avec habileté dans la conversation et se rappeler les dernières avec à-propos".

On entend couramment par anecdotes de petits récits concernant des incidents d'un certain intérêt, de petites histoires plaisantes, plus ou plus frappantes, significatives, marquantes. L'anecdote, selon Neureter, comporte quatre caractéristiques essentielles que sont la brièveté, la facticité, la représentativité et l'effet qui donne à penser. Mais elle est l'objet très souvent d'une mauvaise presse, comme nous l'avons souligné plus haut. Contre cette approche négative, il convient de souligner que l'anecdote est une source plausible de connaissance et le terreau d'une sagesse didactique. On comprend alors la raison pour laquelle la philosophie en regorge.

B) Quelques anecdotes philosophiques

Les historiographes de la philosophie et les biographes des philosophes ont rapporté des anecdotes dont certaines sans doute légendées, au regard de leur peu de réalisme2. On en trouve, par exemple, dans des oeuvres telles que Vies d'Aristoxène de Tarente, Mémorables de Xénophon, Nuits Attiques d'Aulu-Gelle, Vie de Plotin de Porphyre, Stromates de Clément d'Alexandrie... Mais l'oeuvre la plus emblématique est sans doute Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres de Diogène Laërce. Elle est tissée autour de notices biographiques, de bons mots, d'études des théories philosophiques et surtout d'anecdotes. Ces dernières portent sur les événements majeurs de la vie des philosophes antiques en mettant un accent particulier sur leur audience, les détails de leurs doctrines, les relations entre eux et leurs disciples, les circonstances de leur mort... Elles sont racontées sur divers tons : sérieux, émouvant, curieux, railleur, sceptique... À titre illustratif, Diogène Laërce (1965, p. 53-55) rapporte l'anecdote du trépied d'or. En réalité, il convoque les différentes versions de ce récit, qui met en scène des jeunes hommes, des pêcheurs et les Sages de la Grèce antique. Son ouvrage abonde en anecdotes sur les figures antique de la pensée philosophique : les relations entre Socrate et sa tumultueuse épouse (p. 114-116), certains détails de son procès (ibidem, p.117), le refus d'Aristippe de choisir entre trois filles de joie (ibidem, p. 127), Diogène de Sinope et le roi Alexandre (ibidem, p. 29), Diogène et les maisons closes (ibidem, p. 30), le démenti apporté par Diogène à quelqu'un qui niait l'existence du mouvement (ibidem, p. 20)3.

Bien que les anecdotes soient très abondantes à propos des philosophes antiques, il en existe aussi de très célèbres à propos de philosophes du Moyen-âge et de l'époque moderne : Aurelius Augustinus4 et le petit enfant au bord de la mer5, la première rencontre entre Averroès et le prince intégriste Abu Yakub Yusuf, le transfert du cadavre du même philosophe du Maroc à Cordoue, la castration de Pierre Abélard par l'oncle d'Héloïse, René Descartes désarmant de son épée des matelots aux intentions lugubres sur le fleuve Elbe, Emmanuel Kant assénant des coups de bâton à un mendiant...

Parmi les anecdotes les plus savoureuses sur les philosophes contemporains, on peut rapporter celle du défi que lance le septuagénaire philosophe américain Alfred Jules Ayer au champion de boxe Mike Tyson6. On peut en citer deux autres rappelées par Jean-Louis Fabiani (2010, p. 35). La première porte sur un accoutrement relâché de Gilles Deleuze7, la seconde concerne le non-conformisme de Jean-Paul Sartre8.

Les historiens de la philosophie, les biographes des philosophes ne se sont pas limités à exposer ou à restituer les discours et les doctrines des philosophes. Ils se sont intéressés à certains incidents ou détails de leurs vies, rapportés sous forme d'anecdotes. Si elles dévoilent des aspects extravagants, risibles, pittoresques, l'idée essentielle qui a conduit à leur prise en compte est que la philosophie peut être éclairée par leur truchement. Si l'anecdote peut éclairer la vie et les doctrines des philosophes, ne pourrait-elle alors être d'une utilité très féconde dans l'enseignement-apprentissage de la philosophie ?

II) ENSEIGNER ET FAIRE APPRENDRE AU MOYEN DE L'ANECDOTE

Enseigner la philosophie ou le philosopher9 au sens authentique des termes, ce n'est pas transmettre un savoir, ni établir un rapport passif avec le patrimoine philosophique. C'est engager les apprenants dans un processus de pensée autonome et critique. C'est aussi développer en eux le sens de la vérité, les aider à trouver des repères pour surmonter les carences de l'existence, à poursuivre la vertu et la sagesse. La visée ultime de l'enseignement de la philosophie est atteinte si les apprenants vont au-delà du savoir, du savoir-faire pour toucher au savoir-être. L'enseignant de philosophie doit disposer d'une aptitude didactique : il doit être celui qui sait faire, qui se sert de procédés d'une communication opérante pour amener les élèves à philosopher. Quel pourrait alors être l'apport de l'anecdote dans le processus de l'enseignement-apprentissage du philosopher ?

A) Les vertus de l'anecdote

On peut, en s'écartant de la mise en perspective dévalorisante, considérer l'anecdote comme un objet philosophique. On peut même dire de l'anecdote ce que Etienne Poulet (2014, p. 91) affirme à propos du conte didactique ou philosophique : elle "veut enseigner par un récit (...) une vérité d'ordre psychologique, d'ordre social ou d'ordre moral". Elle pourrait être alors utilisée pour rendre le cours de philosophie plus abordable, plus intelligible.

Tout d'abord, l'anecdote peut jouer un rôle dans la captatio benevolentiae10 des apprenants. Les anecdotes, comme souligné plus haut, sont de petites histoires colorées, souvent amusantes, plaisantes à écouter, riches en éléments captivants ou distrayants. Elles provoquent le rire, créent une ambiance détendue et pourraient permettre de capter ou de reconquérir l'attention et l'intérêt des élèves, de ''remettre de la vie'' dans la classe. Selon Evariste Romuald Bambara (2007, p. 185) la motivation des élèves au Burkina Faso pour le cours de philosophie est "très fragile ou éphémère". Dans une enquête auprès des élèves et des enseignants, il est ressorti que les élèves s'ennuient pendant le cours de philosophie, notamment à cause du caractère abstrait de certaines notions inscrites dans le programme, mais aussi à cause de la propension de certains enseignants au discours abscons. Les notions incriminées sont logiques et mathématiques : théorie et expérience, le temps, l'espace, l'histoire, l'irrationnel, le sens, la vérité, et ne seraient pas motivantes, au prétexte qu'elles seraient sans lien avec le vécu quotidien, peu instructives, pas captivantes. Il nous semble qu'il n'y a pas en soi de notions ennuyeuses et qu'il revient à l'enseignant de trouver les artifices idoines afin que les élèves comprennent le sens de ce qu'il fait et qu'ils s'y intéressent. L'anecdote a une dimension ornementale, c'est-à-dire qu'elle est une stratégie rhétorique qui permet d'agrémenter le discours. Dans la mesure où ils sont dans leur grande majorité de grands adolescents et de ce fait friands d'histoires drôles ou plaisantes, il est opportun de faire appel aux anecdotes dans le processus d'enseignement-apprentissage de la philosophie.

Ensuite l'anecdote est illustrative : de l'étymon latin illustris qui veut dire éclatant, en vue, ou plus précisément du verbe latin illustrare qui signifie éclairer, mettre en lumière, illustrer a le sens d'assortir d'images un texte écrit (Jean Bouffartigue et Anne-Marie Delrieu, 1996, p.161). Si l'illustration la plus courante semble être l'image, on peut aussi illustrer au moyen d'un mythe, d'un conte, d'une légende, d'une allégorie, d'une parabole, d'une anecdote. Cette dernière, courte et suggestive, illustrerait mieux qu'une longue exposition. Elle peut être utilisée en vue d'une démonstration, au service d'une thèse. On peut illustrer la maïeutique socratique par l'anecdote du test des trois passoires, la modestie philosophique par celle du trépied d'or. L'anecdote fournit des exemples qui permettent de mieux cristalliser des doctrines, de mieux les fixer dans l'esprit et la mémoire des élèves. Les anecdotes offrent la possibilité de respecter l'un des principes pédagogiques énoncés par Anatole de Monzie, à savoir ''pas d'idée sans faits''. Grâce à elles, les apprenants pourront se rappeler plus facilement certains aspects importants du cours de philosophie. Emil Michel Cioran cité par Jean-Louis Morel (2003, p. 140), sur un ton un peu outrancier, affirme que "les doctrines passent, les anecdotes demeurent". L'anecdote joue donc un rôle mémoriel. Mais au-delà de ces aspects, elle peut contribuer à cultiver chez les apprenants les habiletés poursuivies dans la matrice didactique du philosopher11. En effet, elle peut permettre de problématiser et de conceptualiser en posant de manière plaisante des problèmes et en aidant à clarifier des notions, à les conceptualiser : par exemple l'anecdote de Diogène et le coq de Platon permet de problématiser et de conceptualiser la notion d'homme. L'anecdote de Pythagore et du tyran Léon permet de conceptualiser la notion de philosophie. Les anecdotes mettent aussi à la disposition des élèves des idées pour construire ou élaborer leurs argumentations.

Enfin, l'anecdote peut être édifiante : elle ne vise pas seulement à rapporter des faits, à véhiculer des informations souvent drôles et captivantes mais aussi et surtout à instruire. Elle veut apporter des éclaircissements sur des personnages, des doctrines, des événements. L'anecdote, bien qu'historiquement déterminée, a un côté intemporel et universel, de sorte qu'elle peut permettre de promouvoir une philosophie pratique, loin des spéculations abstraites : les anecdotes sur les philosophes antiques nous aident, pour reprendre Roger-Pol Droit, à vivre aujourd'hui avec Socrate, Epicure, Sénèque et tous les autres. L'ethos philosophique est le mode de vie auquel s'engage le philosophe : il s'agit d'une recherche d'authenticité de la vie qui peut apparaître drôle ou bizarre aux yeux de celui qui ne philosophe pas. Epictète (1964, p. 215) prévenait déjà : "Si tu désires être philosophe, prépare-toi dès lors à être ridiculisé et raillé par la foule".

Le professeur de philosophie, en recourant aux anecdotes, suscite et entretient l'intérêt, la motivation des élèves. En y faisant appel, il se conforme du reste à certaines exigences mentionnées dans les Instructions officielles de l'enseignement de la philosophie au secondaire au Burkina Faso (2010, p. 5) : se départir "de tout discours incompréhensible pour les élèves", "les aider à comprendre, à saisir les théories ou les pensée philosophiques", "éviter de tomber dans le piège du langage trop abstrait qui pourrait engendrer de l'ennui et du désintérêt chez les élèves". Mais pour que l'utilisation de l'anecdote puisse remplir la fonction didactique qui lui est assignée, il convient de s'entourer de certaines précautions.

B) Quelques précautions didactiques

Un professeur soucieux de mettre le cours de philosophie à la portée des apprenants devrait éviter d'abuser de l'abstraction ou de s'y complaire. Pour ce faire, un stock d'illustrations, c'est-à-dire d'exemples, d'images, de métaphores, d'allégories, de films... mais aussi d'anecdotes lui est indispensable. Mais il aura beau disposer d'un répertoire d'anecdotes, s'il ne sait pas celles qu'il faut convoquer, quand et comment les utiliser, il passera à côté de formidables occasions d'amener les apprenants à philosopher.

1) L'une des précautions à prendre en compte à propos de l'utilisation des anecdotes dans le cadre de l'enseignement-apprentissage de la philosophie est donc leur choix.En effet, toutes les anecdotes ne sont pas philosophiquement fécondes. Elles peuvent être très ''spirituelles'', d'un abord difficile pour le professeur lui-même et indigestes pour les apprenants. Le professeur devra veiller aussi à ce que les anecdotes qu'il convoque dans le cours jouent le rôle de consolidation désiré, ne déconstruisent pas ou ne détournent pas l'attention vers des sentiers non souhaités. Evoquer dans un cours l'anecdote de Diogène se masturbant en public et qui se désole de ne pas pouvoir guérir sa faim en se frottant le ventre comporte un grand risque, celui de confirmer dans l'esprit des jeunes gens l'idée que le philosophe déraisonne. Raconter celle du même Diogène qui voyant un noir manger du pain blanc s'est écrié "Regardez la nuit qui avale le jour" peut apparaître raciste ou scandaleux pour les apprenants. Le professeur doit pouvoir trouver l'anecdote qu'il faut en vue de faire le pont avec l'aspect qu'il souhaite illustrer, rendre plus compréhensible tout en ne suscitant des crampes mentales chez les apprenants. Outre l'anecdote qui convient, il est important de choisir le moment opportun pour faire intervenir l'anecdote.

2) La deuxième précaution consiste à savoir choisir le moment, le temps favorable. L'aptitude à saisir l'opportunité ou à la créer est essentielle dans l'utilisation des anecdotes. Il ne faut pas balancer des anecdotes de manière indue. Il ne s'agit pas non plus de déterminer de manière dogmatique du moment idoine. Cet aspect relève de l'appréciation du professeur qui, en tenant compte de l'esprit de sa classe, de la nature de la notion, de l'ambiance, des circonstances, juge de l'opportunité de faire appel à l'anecdote. Elle peut être utilisée comme amorce à l'étude d'une notion. L'amorce d'un cours est un moment crucial : il doit être bien exploité par l'enseignant pour planter le décor et susciter l'intérêt des élèves. Le professeur peut aussi au regard de la ''réalité'' de sa classe faire intervenir l'anecdote à un autre moment du déroulement du cours. Le professeur devra éviter cependant les improvisations maladroites dans l'utilisation de l'anecdote.

3) Mais au-delà du contenu de l'anecdote, il y a la manière de la narrer qui doit être aussi une précaution. Anatole de Monzie (1925) recommandait, en vue d'une pratique efficace de la prise de notes par les élèves, une ''netteté d'élocution'', "une variété de débit, tantôt plus lent, tantôt plus rapide, suivant l'importance du développement, grâce auquel l'auditeur pourra discerner l'essentiel de l'accessoire". Cette disposition est aussi importante pour l'enseignement à travers l'anecdote. L'anecdote peut être considérée comme une stratégie rhétorique et la manière de la conter est essentielle. Elle peut susciter des émotions, éveiller l'intérêt, amener les élèves à réagir à partir de perspectives insoupçonnées. Racontée de manière insipide, débitée sans à propos, sans élégance et sans art, elle suscitera désaffection, indifférence, mutisme chez les apprenants. L'art de conter fait partie des procédés d'une communication opérante : le professeur modulera sa voix, adoptera des postures du corps et des gestes expressifs qui permettront aux élèves de le suivre.

4) La dernière précaution est de faire en sorte que l'anecdote donne l'occasion aux apprenants de réfléchir. En narrant une anecdote, le professeur, au-delà des informations qu'il transmet, vise à amener les apprenants à exercer leur capacité d'analyse, leur esprit critique. Il devra procéder dans ce sens à un traitement didactique des représentations des élèves. En ne tenant pas compte de cet aspect essentiel, les apprenants "ne seront pas solidaires de l'enseignant dans le cheminement de sa pensée" (Blaise Nikiéma (2010, p. 22). L'explication de l'anecdote ne doit pas être "un monologue lourd, ennuyeux et insipide pour les élèves." Le caractère ''enchâssé'' de l'anecdote fait qu'il ne faut pas juste la raconter. En évitant l'attitude dogmatique, on pourra chercher avec les apprenants les clés de compréhension de l'anecdote, formuler des hypothèses sur son sens latent et véritable. En interrogeant les apprenants sur le message que véhicule selon eux l'anecdote, il leur est offert l'opportunité de discuter, de débattre sur la justification et les enjeux de chacune des interprétations qu'ils ont proposées.

Dans le dernier moment de notre réflexion, nous proposons des éléments d'analyse de deux anecdotes philosophiques.

III) Quelques clés d'interprétation de deux anecdotes

Les anecdotes sont caractérisées bien souvent par une transparence apparente. Il arrive même qu'elles soient marquées par une épaisseur ou une opacité qui peut les rendre incompréhensibles ou ne pas permettre de saisir facilement leur sens véritable. La volonté de les comprendre appelle alors une attention particulière, qui va plus loin que la transparence immédiate, pour énoncer ce qu'elles contiennent, déployer ce qui y est exposé, présupposé, impliqué, sous-entendu. C'est du reste le sens qui se dégage de l'étymologie latine explicare qui veut dire déplier, démêler, débrouiller (René Garrus, 1996, p. 143). La première anecdote que nous analysons est très connue et concerne Thalès et une servante thrace. La seconde l'est moins et se rapporte à une femme ''désespérée'' et un charlatan, un magicien.

A) Thalès et la servante thrace

Rapportée par Platon dans le Théétète (Platon, 1950, p.132), puis par Diogène Laërce dans Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres (1965, p. 55), elle met en scène Thalès et une vieille femme. Le premier est un grand savant dont la notoriété est établie dans tout le bassin méditerranéen. La seconde est une servante barbare puisque d'origine thrace. L'un des lieux de la trame de l'anecdote est le puits. On peut se servir du puits pour symboliser la profondeur, le monde des profondeurs et l'opposer au ciel, symbole d'altitude et séjour du divin. Le puits est aussi le lieu où on trouve généralement de l'eau, symbole de vie. Thalès lui-même avait affirmé que l'eau est la substance. Le puits peut aussi regorger de minéraux. Il est rare qu'un homme descende dans un puits ; il est aussi rarissime qu'il y tombe accidentellement. C'est habituellement une puisette ou un seau qui descend dans un puits et en remonte, que l'on y fait descendre pour y recueillir de l'eau. Thalès est-il descendu dans le puits ou plutôt y est-il tombé en regardant les astres ? Mais quelle que soit la situation, l'important est qu'il se soit retrouvé au fond du puits. Mais que va chercher un homme de la trempe ou de la stature de Thalès, puits de science, dans un puits ? Certainement pas de l'eau. Il est probable que le puits dont il est question soit un puits perdu. On dit souvent que la vérité est au fond du puits. Observer les astres : Thalès était un astronome. Quelle est l'importance de l'astronomie, de l'observation des astres dans la vie de Thalès ? Dans la vie de ses contemporains ?

Le rire est le dernier aspect majeur de l'anecdote : rire de la servante mais aussi rire que peut susciter la situation décrite dans l'anecdote. Rire est le propre de l'homme : il est un homme qui sait rire et qui fait rire. On rit de ce qui est comique, burlesque. Mais le comique ici renvoie-t-il au fait que Thalès serait tombé ou descendu dans le puits ou plutôt au fait que la servante ne comprend pas vraiment ce que le savant fait dans ce lieu ? Elle aurait compris s'il était question de tissage, de gestion de la maison ou le soin des enfants. On passerait à côté du message à transmettre si on entérinait l'idée que la femme est en marge de l'exercice philosophique.

En effet, pour bien comprendre l'anecdote, il faut distinguer l'homme de l'immédiateté incarnée par la servante mignonne et apparemment ''spirituelle''12 de l'homme de la substantialité représenté par Thalès : il est tendu vers la voûte céleste et affirme la capacité humaine à connaître, au rebours de la servante qui se repait de préjugés.

Augustin Dibi dans l'analyse de cette situation soulignait ceci : "Seuls ceux qui s'élèvent sont capables de tomber, et si le vulgaire ne tombe pas dans un puits, c'est qu'en vérité, il y est déjà. Habitué à l'ici-maintenant, toujours en relation avec ce qui est bas, où peut-il encore tomber, puisqu'il y est déjà tombé ; il ne peut tout au plus que glisser" (Jean-Gobert Tanoh, 2014, p.80).

Un professeur aurait alors perdu le sens réel de cette anecdote s'il se limite à la conter pour illustrer le lieu commun que le philosophe n'a pas les pieds sur terre, qu'il est étranger aux affaires publiques, qu'il prête à rire à la foule. Il serait aussi loin de son sens s'il interprète l'anecdote dans le sens d'une infériorité de la femme : il est vrai que des grands hommes ont formulé, véhiculé ou entériné, au nom d'une ''mauvaise anthropologie'', des trop dits ou des mal dits à propos des femmes. Thalès lui-même aurait évité de prendre femme parce que pour un savant il est trop tôt ou trop tard (Giulia Sissa, 2000, p. 21). Cela pourrait aussi expliquer les railleries de la servante. Pour des philosophes comme Jean-Jacques Rousseau ou Georges Guillaume Frédéric Hegel la femme symbolise la vie privée et affective, une incapacité à s'élever aux préoccupations universelles de la science et de l'Etat. Mais contre ces points de vue, il faut souligner que la femme n'est pas déterminée par une défectuosité qui la rend incapable de science. L'intellect n'est pas masculin pendant que la sensation serait féminine. Il y a eu depuis l'antiquité des femmes savantes et philosophes. Les ouvrages de Gilles Ménage Mulierum philosopharum historia 13 et History of women philosophers édité par Mary Elisabeth Waithe nous donnent une idée de la contribution de ces figures féminines.

Le sens ultime de l'anecdote est alors que les propos du sens commun à l'égard du philosophe et de la philosophie traduisent une absence de philosophie. Et subséquemment "la raillerie se retourne plus contre l'homme qui se mêle de philosophie, sans y comprendre quelque chose" que contre le philosophe. (Jean-Gobert Tanoh, 2014, p.80).

B) La femme et le charlatan

Rapportée par Walda Heywat14 (Claude Sumner, 2004) cette anecdote met en scène une femme et un charlatan. La première est paresseuse et désobligeante. Son caractère non affable conduit son époux à courtiser une autre femme. Le second est un personnage merveilleux que l'on investit de pouvoirs surnaturels extraordinaires et qui est supposé agir sur le réel et le cours des événements. L'épouse indocile attend de lui un philtre d'amour pour reconquérir son mari.

Les charlatans en principe sont une figure de l'autorité pernicieuse de la superstition. Abuseurs et imposteurs, ils pipent le simple peuple en se mêlant de la connaissance de ce qui va arriver ou de la solution de certains problèmes. On pourrait les comparer aux montreurs de marionnettes qui, dans le livre VII de La République, trompent les hommes en leur faisant voir des merveilles. La philosophie veut déconstruire la foi aux superstitions et à leurs sollicitations fantasques. Elle veut faire triompher le recours à la lumière naturelle, à l'explication rationnelle.

Mais dans cette anecdote, pendant que la femme sollicite du charlatan un moyen irrationnel en vue de résoudre son problème, il lui réclame un ingrédient des plus inattendus pour la préparation du philtre d'amour : trois poils de la crinière d'un lion. Une telle exigence ne semble-t-elle pas traduire l'incompétence du charlatan ou sa mauvaise volonté ? Ne réclame-t-il pas quelque chose de très difficile, voire impossible, à un être déjà trop accablé ? Le lion, roi des animaux terrestres, symbolise la force, le courage, mais aussi la sauvagerie, la puissance dangereuse. Sa crinière lui donne une apparence imposante, un pouvoir d'intimidation. Où trouver alors les poils tant recherchés de la crinière d'un lion ? Se l'approprier grâce à une partie de chasse ou auprès d'un chasseur ? La femme pratique-t-elle la chasse ? Chez des vendeurs d'objets rares et précieux ? Devant toutes ces possibilités, la femme envisagea d'''apprivoiser'' le lion, de ruser avec lui afin de parvenir à ses fins. Avec une intelligence profonde et une laborieuse diligence, elle alla en brousse avec une brebis et tomba sur un lion qui voulut l'agresser. Elle jeta la brebis vers l'animal sauvage et s'enfuit. Elle réitéra ce geste au point de devenir familière avec le lion et put en s'approchant de lui arracher des poils de la crinière. Quand elle les apporta au magicien, ce dernier lui fit expliquer la stratégie dont elle s'est servie pour s'approcher du lion sans se faire dévorer. Il lui recommanda d'user du même stratagème pour retrouver l'affection de son époux. L'épouse affligée appliqua cette ''posologie'' et l'attitude de son mari changea à son égard.

Interpréter cette anecdote dans le sens d'une célébration des pouvoirs surnaturels de la magie serait une aberration et une méconnaissance du contexte de son écriture. Walda Heywat a voulu présenter les idées essentielles de la doctrine de son maître en recourant à de petites histoires dramatiques ou pittoresques. Ces dernières sont des illustrations dans la vie pratique de principes de la philosophie de Zara Jacob.

Contemporain de Descartes et auteur d'un ouvrage intitulé Hatata 15, Zara Jacob veut tout soumettre à l'analyse de la raison, lumière naturelle. Pour lui, le bon sens doit triompher des dogmes et des superstitions. Il n'accordait aucun crédit au charlatanisme ou aux charlataneries. Il se sert en réalité de la figure du charlatan pour déconstruire le charlatanisme et ses impostures. Le charlatan, dans cette anecdote, représente non pas la voix manipulatrice des marchands d'illusion mais le pôle de la rationalité. On a l'impression qu'il n'a pas foi en ses pouvoirs magiques, aux vertus opératoires de ses potions et formules. Ce qu'il réclama à sa cliente est une occasion de cultiver en elle perspicacité, persévérance, patience, sagacité. Il semble au premier abord avoir poussé sa cliente dans une impasse, mais en réalité par une sorte de ruse de la raison il l'invite au discernement, au dépassement de soi. Il la conduit à déployer ses virtualités et même à user d'astuce en vue de ''charmer'' le lion. Le charlatan use de sagesse didactique en vue de résoudre un problème pour lequel il était espéré et attendu une méthode surnaturelle. Pour Zara Jacob le recours à de prétendues pratiques magiques, la confiance aux ''charmes '' et le recours aux forces occultes inhibent les potentialités des hommes, empêchent de mettre l'accent sur les qualités et les efforts humains. A travers le pouvoir suggestif du charlatan, la paresse et la méchanceté sont surmontées par le courage et l'amour.

Interpréter cette anecdote dans le sens d'une justification de l'infériorité intellectuelle, affective et morale de la femme serait méconnaitre son sens véritable. Ce que cette petite histoire met en exergue, c'est la sagacité et le courage. Le courage est la vertu des héros. Cette femme est donc une héroïne. Pour Zara Jacob, c'est à tort que la femme est considérée comme un être puéril, futile et borné. La soumission de la femme au nom d'une différence ontologique entre elle et l'homme est une absurdité, une limitation de ses potentialités et un obstacle au progrès social. Zara Jacob affirme l'égalité de l'homme et de la femme et il comptait des femmes parmi ses disciples.

De manière subtile, l'anecdote affirme le primat du rationnel, attire l'attention sur la patience et la beauté de l'effort. Elle est une volonté de promouvoir la raison contre les débordements de l'imagination, une invitation à se libérer de la superstition et de ses sollicitations insensées. Mais elle met aussi en évidence la nécessité pour l'homme de lutter contre ses propres tares grâce à la médiation d'autrui. Sartre ne disait-il pas qu'autrui est un intermédiaire indispensable entre moi et moi-même ? Le charlatan permet à la femme de constituer un rapport positif à soi-même et de se réconcilier avec son mari. C'est par le risque de sa vie, en s'exposant à la férocité d'un lion qu'elle finit par dominer qu'elle retrouve le chemin de l'amour familial. La femme a fini par être récompensée pour sa volonté, sa patience, sa tendresse. Le charlatan apprend à la femme en manque d'amour à aimer et à comprendre que l'amour engendre l'amour.

CONCLUSION

L'anecdote est un mode tenu pour mineur, considéré comme proche de la rumeur, du futile, du superficiel. Cette projection négative explique la suspicion à son égard et même la volonté pour certains de la tenir loin de la philosophie qui, elle, est perçue comme très sérieuse. En réalité, l'anecdote n'est pas un récit empreint de poncifs, sans portée dans la recherche de la vérité et de la sagesse. De ce fait, faire appel à des anecdotes dans les cours de philosophie n'est ni aberrant ni illégitime. Par leur médiation, on peut rendre des contenus abstraits accessibles aux apprenants, illustrer des idées, lutter contre l'ennui des élèves, travailler sur leurs représentations. Les anecdotes sont des occasions d'éveiller l'intelligence des élèves, de les inviter à contempler des aspects de la vie des philosophes, à vivre en philosophes.

Mais il ne s'agit pas de placer à tort et à travers des anecdotes dans le cours de philosophie. Il revient de bien les choisir, de les ''travailler'' avec les élèves, de sorte à en dégager la substance philosophique. Les anecdotes correspondent à des traits d'esprit et méritent explication. En ne se contentant pas de la transparence supposée des anecdotes, mais plutôt en les analysant et en construisant les objets d'attention avec les élèves, l'enseignant témoigne de son souci d'aider les apprenants dont il a la charge à philosopher. Il les aide à s'élever d'une compréhension superficielle à la saisie d'un sens plus authentique de l'anecdote. Les éléments proposés en vue d'une interprétation des deux anecdotes montrent bien qu'aussi captivantes, illustratives, éloquentes ou démonstratives qu'elles puissent être, elles sont souvent subtiles et ont besoin pour pouvoir remplir leur fonction didactique d'être expliquées, explicitées. On le voit, l'anecdote peut être un formidable objet philosophique à cause de son caractère évocateur, illustratif, de son potentiel humoristique, critique, mémoriel.


(1) Les annotations faites lors des évaluations et certaines observations au cours des séances d'enseignement-apprentissage de la philosophie en témoignent.

(2) Les anecdotes sont en outre souvent les résultats de traditions bibliographiques produites par moment plusieurs décennies, voire plusieurs siècles après la mort des philosophes.

(3) Il aurait répondu à Alexandre, qui lui a dit ''je suis le grand roi Alexandre'', ''Je suis Diogène, le chien''. Au même roi qui lui demandait ce qu'il voulait, il aurait dit : ''ôte-toi de mon soleil''. Il se serait défendu de fréquenter les maisons closes en soutenant que "le soleil va bien dans les latrines et pourtant il ne s'y souille pas". Il aurait contredit l'affirmation qu'il n'y a pas de mouvement en marchant tout simplement.

(4) Communément appelé Saint Augustin, il est un penseur de l'antiquité tardive mais fait partie des penseurs qui ont conceptualisé le christianisme, qui lui ont donné son armature.

(5) Méditant au bord de la mer sur le mystère de la Trinité, il vit un petit enfant qui tentait de vider l'eau de la mer dans un petit trou qu'il a creusé. En lui disant qu'une telle entreprise était vaine, il s'entendit dire par l'enfant qu'il lui était plus facile de vider la mer dans un petit trou que de comprendre les mystères divins.

(6) Ce dernier harcelait une dame lors d'une soirée. Alfred Jules Ayer s'interposa et à Mike Tyson qui lui demandait s'il ne savait pas à qu'il avait à faire à un grand champion poids lourd de boxe, il lui répliqua qu'il devait savoir qu'il avait en face de lui un grand professeur de logique et que chacun d'eux étant très performant dans son domaine, il suggère qu'ils s'asseyent et discutent comme des hommes raisonnables. Ils s'assirent et débattirent de la nature du harcèlement.

(7) Un grand universitaire allemand exprima son étonnement de voir le philosophe français participer à un jury de thèse avec un jean usé au point d'être troué et de laisser paraître un sous-vêtement de couleur rouge.

(8) Nommé professeur dans un lycée du Havre, ses élèves virent arriver un petit bonhomme les mains dans les poches, sans chapeau, fumant la pipe et qui s'est mis immédiatement à parler sans notes en s'asseyant sur son bureau.

(9) Pour certains didacticiens de la philosophie il convient de dire ''enseigner le philosopher'' plutôt que ''enseigner la philosophie''. Pour notre part, nous utilisons l'une ou l'autre des expressions pour signifier la même chose.

(10) Moyen d'établir un lien direct avec l'auditoire, de susciter sa sympathie, son adhésion.

(11) Il s'agit du triptyque du philosopher, à savoir conceptualiser des notions et des distinctions, problématiser des notions, des affirmations, des questions, argumenter des thèses et des objections. Appelé aussi triangle didactique, ces objectifs noyaux de l'enseignement-apprentissage de la philosophie sont, ainsi que le souligne Michel Tozzi, habités par un rapport à la vérité dans la compréhension du réel.

(12) Il semble qu'elle ait fait preuve d'esprit en se moquant du philosophe.

(13) Histoire des femmes philosophes (1690), Paris, Edition Arléa, 2006.

(14) Walda Heywat signifie "Fils de la vie", Zara Jacob veut dire "Graine de Jacob".

(15) Hatata en langue guèze, une des langues de l'Ethiopie, signifie analyse, enquête.

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