Revue

Atelier rando-philo sur "Le discours philosophique sur la nature" (Sorèze, juillet 2016)

Dans le cadre des 18es Rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques (NPP), qui se sont tenues au Moulin du chapitre à Sorèze (Voir article précédent), a été organisée une rando-philo.

L'atelier rando-philo a été organisé en trois temps :

  • un temps de description du dispositif et d'introduction sur l'évolution du discours philosophique sur la nature. A partir de cette introduction (voir article précédent), il s'agissait de trouver une question en rapport avec le thème et d'en débattre en binôme tout en marchant ;
  • un temps de randonnée dont les particularités étaient la constitution des binômes par tirage au sort et un début de la randonnée par 15 minutes de marche en silence ;
  • un temps de restitution des questions et des points-clés du débat.

Il s'agit dans ce compte-rendu de résumer les questions dont ont débattu les binômes. Elles s'articulaient autour de trois thématiques :

  • la limite de l'humain ;
  • la nature et le sens de la vie humaine ;
  • penser et protéger la nature.

La limite de l'humain

Trois binômes ont débattu de la limite de l'humain à travers les questions suivantes :

  • comment encadrer le transhumanisme ?
  • l'humain est-il naturel ?
  • l'homme peut-il franchir les limites de sa propre nature ?

Des sciences et nouvelles technologies comme la génétique, la médecine et la bionique cherchent aujourd'hui à modifier le corps humain, à lui ajouter des éléments pour en augmenter la puissance ou pallier des handicaps. L'homme s'éloigne ainsi de son état d'être naturel, devenant de plus en plus un être artificiel. Cet éloignement est-il négation ou coupure d'avec la nature, ou peut-il être de la sublimation ? Qui est capable de synthétiser et de comprendre toutes les interactions entre ces nouvelles technologies et leurs effets au-delà de l'espèce humaine ? Franchir les limites, n'est-ce pas dans la nature humaine ?

La nature et le sens de la vie humaine

Quatre questions de randonneurs-philosophes peuvent se regrouper sous cette thématique :

  • La nature nous invite-elle à la sagesse ?
  • La nature contribue-t-elle à donner un sens à mon existence ? Si oui, lequel ?
  • Au moment de mourir, a-t-on le sentiment d'appartenir à la nature ?
  • Peut-on connaître sans tuer ?

La nature nous fait comprendre que nous faisons partie d'un grand tout. Elle permet de faire l'expérience de l'éphémère et en ce sens, elle nous invite à la sagesse. Le sentiment d'appartenance à la nature donne du sens à notre finitude. Il nous fait comprendre que nous nous inscrivons dans une continuité de la naissance à la mort. En écho à la précédente thématique, s'est posée la question suivante : est-ce dans la nature de l'homme de franchir des limites ou de s'inscrire dans la nature comme voie de sagesse ?

Penser et protéger la nature

Dans cette thématique peuvent être regroupées les questions suivantes :

  • Pourquoi a-t-on besoin de montrer la beauté de la nature pour inciter à la protéger ?
  • Existe-t-il un réel de la nature en-dehors de ce que l'homme peut conceptualiser ?

Il y a consensus sur le fait que la nature existait avant l'humanité. L'homme moderne s'estime capable de penser la nature et pourtant sa conceptualisation est partielle et sa représentation de la nature est limitée à certaines catégories et critères. L'indexation de la nature sur des critères de beauté ou d'utilité la rend-elle, ou non, digne de protection? L'homme met en exergue la beauté de la nature pour lui accorder un droit d'exister. Mais comment définir ce qui est beau dans la nature, dans une fleur, dans un arbre, etc. ? Peut-on la protéger simplement pour elle-même ? Le sentiment d'appartenance à la nature peut-il motiver la protection de la nature pour, in fine, un mieux-vivre de l'espèce humaine ?

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