Revue

Présentation et analyse de l'atelier de philosophie : "Entracte : philo et vie"

I) Contexte

L'élaboration de l'atelier philosophique que j'ai nommé "Entracte : philo et vie", est né à partir d'un café-lecture du Puy-en-Velay. Ce café-lecture organisait des "mardis philo" qui prenaient la forme alternativement d'un exposé de la pensée d'un philosophe suivi d'un échange et d'un café-philo mensuel.

J'ai ressenti le besoin d'élaborer une formule qui puisse réunir les vertus du café-philo, lieu d'élaboration démocratique de la pensée et l'apport des textes de philosophes. C'est ainsi que j'ai mis en place l'atelier : "Entracte : philo et vie".

Cet atelier, constitué d'une quinzaine de participants, sans formation spécifique en philosophie, s'est déroulé du mois d'octobre 2014 au mois de Juillet 2015, à raison de séances mensuelles de deux heures chacune. L'atelier a donc été constitué de neuf séances.

Il a été accueilli dans les locaux du réseau CANOPÉ de l'académie de Clermont-Ferrand dont une annexe est située au Puy-en-Velay.

II) Objectif de l'atelier

Le fil conducteur de l'atelier a répondu à un objectif : mettre en résonance l'élaboration de la pensée philosophique avec notre propre questionnement existentiel. Il m'a semblé que les philosophes de l'Antiquité et du début de l'empire romain permettaient de donner corps à cette démarche. Les travaux de Pierre Hadot ont de ce point de vue apporté un éclairage déterminant. En effet ce dernier a mis en exergue un autre visage de la philosophie antique. Notre atelier s'inspire fortement de cette démarche qui consiste à faire de la philosophie aussi bien un "art de vivre", une manière de vivre en lien avec ses valeurs, avec l'instant et soi même, qu'un domaine d'élaboration conceptuelle. Dans le cadre de cette démarche, Pierre Hadot a mis notamment en exergue la notion d'exercices spirituels comme une modalité essentielle de la pratique philosophique. Les textes de l'Antiquité prennent ainsi une autre signification. Ils ne sont pas des "vérités" inscrites dans le marbre, des déclinaisons d'un système conceptuel, mais souvent ce sont "des textes de circonstance" : ils sont conçus pour une personne donnée en vue de favoriser la transformation de celle-ci. Par exemple Sénèque dans les lettres à Lucilius recourt parfois à des arguments d'inspiration épicurienne, alors qu'en tant que stoïcien, il critique ce courant de pensée. Mais, par rapport aux questions que lui pose Lucilius, Sénèque a le sentiment que des préceptes épicuriens peuvent à certains moments être plus adaptés.

Du coup, j'ai envisagé d'aborder un certain nombre de textes avec la question suivante : "En quoi les textes de l'Antiquité peuvent (ou pas) alimenter aujourd'hui notre réflexion sur nos existences et éventuellement contribuer à nous transformer, à interroger notre être et le monde dans lequel nous vivons ?". Il ne s'agit pas de tomber dans une approche "psychologisante" mais de proposer un mode de connaissance qui relie le soi au général, sa petite histoire à la grande histoire, le singulier à l'universel. L'atelier repose sur la conviction pédagogique que la compréhension d'une pensée, l'élaboration de sa pensée et l'élaboration de soi sont consubstantiels.

Le texte n'est donc ni à mépriser, ni à sacraliser. La philosophie est née avec une vision critique de l'écrit que Platon a explicité dans Phèdre. Il s'agit de mettre le texte à sa "juste" place : il est un outil, une béquille pour mieux marcher. Le texte n'est pas une vérité révélée, mais il peut participer à la genèse de "la vérité du lecteur". C'est avec cet objectif que nous avons essayé d'aborder les textes dans l'atelier.

III) Première élaboration du dispositif

Il m'a semblé nécessaire de définir un fil conducteur, une thématique. J'ai cherché un thème qui à la fois nous concerne toutes et tous et soit au coeur de la philosophie, afin de favoriser la mise en résonance entre réflexion philosophique et soi, petite histoire et grande histoire, singulier et universel. Or la mort de Socrate apparaît comme un acte fondateur de la philosophie, où sont mêlés pensée philosophique et choix existentiel. J'ai donc proposé à la première séance comme fil conducteur de l'atelier : "la mort et notre finitude".

Le choix de cette thématique m'a rapidement conduit à Montaigne. Cet auteur offrait plusieurs avantages : il traite de ce thème dans les Essais, notamment au cours du chapitre XX, "Que philosopher c'est apprendre à mourir", il s'appuie sur les philosophes de l'Antiquité ou du début de l'ère romaine, et il a conçu de fait les Essais comme un exercice spirituel. Nous étions là en totale correspondance avec les objectifs et la démarche de l'atelier. Il apparaissait naturel d'évoquer ou convoquer des textes de l'antiquité à partir des Essais et plus particulièrement de ce chapitre XX. J'ai pris comme option de choisir des textes qui ne présentent pas ou peu de difficultés techniques.

IV) Première séance et mise en place du dispositif

Au cours de la première séance, j'ai alloué du temps à la présentation de chacune et chacun, et notamment à la motivation et aux attentes de chaque participant, sachant qu'en amont de la séance les participants intéressés avaient reçu par écrit la finalité de l'atelier. Celle-ci était donc non négociable. Ce temps visait surtout à instaurer un climat de convivialité et de confiance nécessaire au dispositif proposé, qui articule réflexion philosophique, appropriation de textes, et expression sur soi. J'ai, dans ce cadre, explicité les règles habituelles qui prévalent dans un café-philo, notamment : on ne juge pas, on argumente. Lorsque les propos font l'objet d'une critique, ce n'est pas la personne qui les porte qui est visée. Autrement dit, il s'agit d'investir la pensée de son soi, mais de dissocier sa pensée de son "ego", ce qui est déjà un exercice spirituel et la condition d'un débat philosophique et démocratique.

Ensuite j'ai rappelé la finalité de cet atelier. J'ai dans le même mouvement donné un aperçu des travaux de Pierre Hadot qui serviraient de référence à l'atelier.

Enfin, j'ai proposé la thématique "La mort et notre finitude", accompagnée des raisons de ce choix, exposées au paragraphe précédent. Ceci n'avait pas été, contrairement à la finalité de l'atelier, communiqué en amont de la séance. D'emblée, la thématique a suscité un vif intérêt, mais le débat a mis en exergue chez certains participants une envie de contrebalancer par quelque chose de tourné "vers la vie", l'espoir.

C'est ainsi, qu'a surgi l'idée de travailler aussi à partir du "Souverain Bien", notion qui est au centre de la philosophie grecque antique, notamment chez les stoïciens, Epicure, mais aussi Aristote. Même si le "Souverain Bien" peut revêtir des contenus différents suivants les courants philosophiques, il correspond à un même un concept : le "Souverain Bien" est un essentiel, le substrat d'une éthique, une "méta-valeur" qui gouverne les choix existentiels ; il se suffit à lui même, il est sa propre finalité, il ne peut donc pas être instrumentalisé à d'autres fins que lui-même. Il est en phase avec la finalité de notre travail, à savoir marier à partir de la philosophie antique, une démarche philosophique articulée à une réflexion sur sa propre existence. J'ai donc ainsi présenté la notion de "Souverain Bien" que nous avons retenue.

Par conséquent, une approche complémentaire à la première (travail à partir de textes sur le thème de "La mort et notre finitude") se met en place. Nous ne partirons pas, concernant le "Souverain Bien" de textes, mais de soi. Autrement dit, à chaque séance, un participant présentera en une dizaine de minutes son "Souverain Bien" en l'explicitant, en argumentant le pourquoi de son choix. Le participant n'est pas tenu de proposer quelque chose de finalisé ou de totalement élaboré. Il peut présenter des pistes, des questions restant ouvertes. Ensuite s'en suivra un échange avec les autres participants qui ne jugeront pas le bien fondé du "Souverain Bien" proposé, mais amèneront le participant à préciser son choix, ses questionnements et son argumentation.

Nous convenons donc que chaque séance se déroulera en deux temps distincts :

  1. La présentation par un participant de son "Souverain Bien". Il s'ensuivra un échange avec l'ensemble des participants visant à aider celui ou celle qui a présenté son "Souverain Bien" à préciser son choix et son argumentation.
  2. La lecture d'un texte, le plus souvent d'un extrait qui parfois peut se résumer à une citation replacée dans le contexte d'un texte. Le texte choisi est en lien direct avec le thème "La mort et notre finitude". Il sera extrait soit du chapitre "Que philosopher, c'est apprendre à mourir", des Essais de Montaigne qui sera le fil conducteur de cette deuxième partie de notre travail, soit proviendra d'un philosophe de l'Antiquité ou du début de l'ère romaine. Les textes seront choisis de telle manière qu'ils soient en résonnance avec le texte de Montaigne. La lecture du texte sera suivie d'un échange dont l'objet est à la fois de partager une compréhension commune du texte et d'examiner en quoi ceci fait écho en moi, quant à ma propre pensée, à mes choix de vie, et éventuellement à mon "Souverain Bien".

V) Le rôle de l'animateur

Avant les séances :

  • Je choisis le texte qui sera commenté et je le communique aux participants ;
  • Je rassemble dans un canevas, à la fois quelques commentaires visant à faciliter l'analyse du texte proposé et quelques références philosophiques sous-jacentes aux textes et au service d'une mise en perspective du texte.

Pendant les séances :

  • Je veille au respect de l'éthique du débat (pas de jugement de la personne, opposer une argumentation...) ;
  • Je veille au respect des règles que nous avons établies concernant tant la première partie de la séance (aider et pousser le participant qui a présenté le "Souverain Bien" à affiner la définition ou la construction de celui-ci), que la deuxième partie ( ni faire de l'exégèse du texte une finalité, ni finir par l'oublier dans l'échange; le parti pris étant d'aborder le texte avec une intention : réinvestir la compréhension que je me forge du texte dans le développement de ma propre pensée et la réflexion que je mène sur mon existence) ;
  • J'aide éventuellement un intervenant à problématiser ou conceptualiser ses propos afin de ne pas en rester à du ressenti, nécessaire par ailleurs comme première étape de la pensée ;
  • J'amène, notamment concernant le travail sur le texte, des apports philosophiques. J'ai été ainsi au-cours de telle ou telle séance amené à présenter des éléments concernant tel ou tel courant philosophique de l'Antiquité en vue de faciliter la compréhension du texte et d'en élargir le propos.

Après la séance :

  • Je communique le canevas que j'avais préparé pour la séance en le complétant des éléments saillants des échanges. Souvent je n'ai utilisé que très partiellement le canevas pendant la séance. Je reformule le "Souverain Bien" qui a été présenté et tel qu'il a évolué au cours de l'échange.

VI) Un aperçu du déroulement des séances

Séance 2

A) Présentation par un participant de son "Souverain Bien" (45')

La participante a articulé sa réflexion autour du mot "liberté", qui caractérise sa première approche du "Bien Souverain". L'envie de liberté qui émerge après un deuil qui laisse un vide. Ce vide, ce nouvel espace devient alors propice à l'élaboration de projet, à un exercice libre de sa pensée et de son être. La liberté du coup ne consiste pas, comme il est d'usage d'entendre aujourd'hui, à faire ce que je veux quand je veux. La liberté s'apparente à une reconstruction de soi, un soi qui s'affranchit du regard d'autrui, du regard sociétal, un soi qui entreprend un cheminement.

Les échanges ont questionné la possibilité de construire sa liberté à partir d'un deuil, d'un espace laissé vide. Le rapport entre la souffrance et la liberté a été interrogé par de nombreux participants. Ne risque-t-on pas en faisant de la souffrance une possibilité de liberté de tomber dans une vision doloriste de la liberté ? Ceci a conduit la participante à préciser les liens entre liberté et reconstruction de soi.

B) "La mort et notre finitude" (75')

Ensuite, nous nous sommes interrogés sur la nécessité de penser à la mort. Après tout n'est-il pas plus simple de vivre sans y penser. Pourquoi donc y penser ?

Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur des extraits des Lettres à Lucilius de Sénèque et du chapitre 20 des Essais de Montaigne "Que philosopher, c'est apprendre à mourir" qui traite de ce questionnement. L'étude des textes et les échanges qui ont suivi ont conduit à percevoir que la réflexion sur la mort débouche en fait sur une réflexion beaucoup plus globale sur l'existence, et plus particulièrement sur sa propre existence.

J'ai, dans ce cadre, amené des éléments visant à démontrer que le thème de la mort est au coeur de la pensée philosophique et des sagesses. Ce thème donnait d'ailleurs lieu à de nombreux exercices spirituels.

Séance 3

A) Présentation par un participant de son "Souverain Bien" (45')

Nous avons eu une présentation d'un "Bien Souverain" qui a été nommé : Harmonie. Il s'agit d'une harmonie avec un lieu, un film, une personne. C'est vécu comme un état, en lien avec autrui. De là de nombreux échanges ont eu lieu.

Être en harmonie avec quelque chose d'autre, est-ce la même chose qu'être en harmonie avec soi-même ? Peut-on être en harmonie seul avec soi-même ?

L'harmonie a été rapprochée de la musique, des sons : des sons harmonieux, qui sonnent justes, qui sonnent beaux. De là l'harmonie s'apparenterait à des ajustements successifs. Du coup il serait moins un état statique, un point d'arrivée qu'une dynamique, une recherche, quelque chose vers lequel on tend. La participante a été sensible à cette argumentation, et a ressenti le besoin de mettre du mouvement dans sa vision de l'harmonie.

Par ailleurs, la question de la possibilité de vivre en harmonie dans le monde que nous connaissons, perturbé, agité, artificiel a été posée.

Enfin a été posée l'articulation entre vivre en harmonie et maintenir le doute. Est-ce antinomique ? L'harmonie exige-t-elle la certitude ou peut-elle se combiner à l'incertitude, à la question ?

B) "La mort et notre finitude"(75')

L'objectif proposé était de réfléchir sur le refus ou la difficulté, que nous connaissons, à intégrer en soi la mort comme une donnée intangible.

Nous nous sommes appuyés sur trois extraits provenant de l'ouvrage De la nature, Lucrèce, livre III, dans lequel cet épicurien traite directement de ce refus de la mort. J'avais aussi fait parvenir la fable de la fontaine : "La mort et le bucheron", que nous n'avons pas travaillé en séance.

Les échanges ont mis en exergue les différentes formes d'attachement à la vie qui tendent à nous conduire à refuser implicitement la mort comme une échéance incontournable. Le "on est mortel" résonne en nous comme quelque chose d'abstrait, qui ne nous concerne pas en tant qu'individu. Le débat a illustré l'écart entre le fait de connaître quelque chose et le fait de l'intégrer en soi, entre la petite histoire et la grande histoire. L'échange sur notre difficulté à intégrer notre finitude, que pourtant nous connaissons toutes et tous, débouche sur une question, au coeur de la préoccupation qui a gouverné la conception de cet atelier : qu'est-ce que connaître ? Qu'est-ce qu'apprendre ? Comment la connaissance acquiert (ou pas) une résonance en moi, conduit à la pensée personnelle et interroge mon existence et le monde ?

Au-cours des séances 4 et 5, nous avons, en plus de nouvelles présentations du "Souverain Bien", continué à l'aide du Phédon de Platon et de la Brièveté de la vie de Sénèque, en lien avec le chapitre "Que philosopher c'est apprendre à mourir" de Montaigne, continué à alimenter notre réflexion sur "La mort et notre finitude". Nous avons ainsi examiné d'une part en quoi la vie et la mort sont consubstantielles et d'autre part en quoi ceci nous renvoie à l'usage du temps que la vie met à notre disposition. Que faire de notre temps ?

Séance 6 et 7 : l'ouverture au monde

D'autres "Souverains Biens" ont été présentés. Concernant la deuxième partie de ces deux séances, j'ai souhaité élargir la réflexion menée et illustrer en quoi la méditation sur la mort, qui est un exercice spirituel personnel, peut déboucher sur une question sociétale. Ainsi la philosophie, qui est un levier de transformation de soi, est aussi une démarche permettant d'analyser des questions d'actualité.

Pour ce faire, nous avons examiné la notion "d'espérance de vie", dont la croissance fait l'unanimité et qui est souvent mis en exergue pour expliciter les bienfaits de notre civilisation et du progrès.

L'objectif de cette séance consistera à essayer de réfléchir sur la notion "d'espérance de vie" qui apparaît neutre et objective, plébiscitée par l'opinion. Il m'a paru intéressant de travailler sur un thème sociétal qui semble faire l'unanimité, en lien avec notre thème central "la mort et notre finitude" qui avait fait l'objet d'une réflexion existentielle. La démarche ne consiste pas à être pour ou contre l'augmentation de l'espérance de vie, mais d'en initier l'analyse critique et la généalogie.

Pour guider notre réflexion, après un exposé de 5 minutes visant à définir la notion d'espérance de vie, nous nous sommes appuyés sur des extraits provenant de l'ouvrage De la Nature de Lucrèce, du chapitre 20 des Essais de Montaigne, de la Fable de La Fontaine "la mort et le mourant", et plus particulièrement d'un article publié dans la revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales du philosophe et sociologue Michel Kail.

Nous avons pu constater le bénéfice du travail réalisé au-cours des séances précédentes, qui a permis d'investir en profondeur l'analyse des textes et cette notion "d'espérance de vie". Très vite les questions ont surgi : Qu'est-ce que la durée de vie ? Une notion objective ou subjective ? La durée est-elle une étendue ou une épaisseur ? La recherche d'une croissance de "l'espérance de vie" ne renvoie-t-elle pas à une idéologie "le toujours plus" et à une illusion, celle d'une vie achevée ?

Séance 8 et 9 : les exercices spirituels

Deux autres "Souverains Biens" ont été présentés. L'objectif de ces deux séances a consisté, après avoir travaillé au cours de plusieurs séances sur la méditation à propos de la mort, exercice spirituel majeur, de revenir sur un travail de définition et de mise en perspective des exercices spirituels eux-mêmes. D'où viennent-ils ? Qu'est-ce qui les différencie des exercices religieux ou d'exercices de développement personnel. En quoi sont-ils intrinsèquement reliés à la philosophie ? Quelles sont les différentes formes d'exercices spirituels ? Nous avons ici cherché à élargir notre réflexion : partir d'un exercice spirituel sur la mort pour aborder la problématique de l'exercice spirituel et de sa signification. Ces deux dernières séances ont donné lieu à un apport "théorique" plus substantiel.

Pour guider notre réflexion, nous nous sommes appuyés, notamment, sur des extraits provenant de textes de Pierre Hadot et de Xavier Pavie.

J'ai illustré, au cours des deux séances, les liens qui existent entre les exercices spirituels et la philosophie par une présentation, très condensée, du stoïcisme, de l'épicurisme et des cyniques.

Nous avons au cours des échanges ébauché la question du lien que nous pourrions faire entre le "Souverain Bien" choisi par le participant et l'exercice spirituel qui pourrait être mis en oeuvre. Mais ceci n'a pas complètement abouti, il y aurait fallu une séance supplémentaire.

VII) Bilan

D'abord, j'ai envie de dire que cette démarche est expérimentale, elle s'est donc construite pour partie en avançant. Elle n'est donc pas tout à fait aboutie.

Parmi les points forts je retiendrai que :

  • "La mort et notre finitude", appuyé par la lecture commentée de textes, a eu un écho fort auprès des participants. Je crois que de nombreux participants ont pu "toucher du doigt" le lien qu'il était possible de faire entre un texte philosophique et sa propre réflexion existentielle ;
  • Le "Souverain Bien" a donné lieu à une réelle implication et recherche sur soi formalisée par un argumentaire, fruit d'échanges riches ;
  • Le climat de confiance et d'absence de jugement, de tolérance a prévalu naturellement ;
  • L'élargissement progressif du thème "La mort et notre finitude", qui fait écho à mon existence et à un espace sociétal autour de "l'espérance de vie" a plutôt bien fonctionné. Il s'agit de partir de la petite histoire pour aller vers la grande histoire, du singulier vers l'universel ;
  • L'atelier a aussi démontré, si besoin en était, l'appétit de "philosophie pratique" qui prévaut de nos jours.

Points à travailler :

  • Il reste à élaborer une méthodologie attrayante d'appropriation les textes. Le fait de les aborder avec une intention précise est un premier pas. Mais le travail sur le texte est parfois vécu comme austère, et l'envie de passer d'emblée à l'échange était forte ;
  • L'articulation entre apport philosophique et échange reste à peaufiner. Faut-il un temps pour cet apport et un temps pour l'échange au risque de tomber dans quelque chose d'assez scolaire ; ou faut-il "disséminer" des éléments conceptuels au cours de l'échange au risque de contrevenir à la dynamique de l'échange et de présenter les apports de manière hachée ?
  • Bien que tout le dispositif, animateur compris, repose sur le bénévolat, il peut ici ou là y avoir parfois des comportements consuméristes : "on vient picorer". On consommerait de la philosophie comme une conversation autour d'un thé ;
  • L'articulation entre le travail sur le "Souverain Bien" et sur le thème "La mort et notre finitude" est à creuser. Les séances présentaient parfois un aspect bicéphale.
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