Revue

14es Rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques, 19 et 20 novembre 2014 - Unesco - Paris

A l'occasion de la Journée Mondiale de la Philosophie à l'UNESCO et avec le soutien de cette organisation, l'association Philolab et l'Université de Nantes (via le laboratoire de recherche le CREN), ont organisé les 19 et 20 novembre 2014 les 14ème Rencontres Internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques à la maison de l'UNESCO à Paris. Ces rencontres étaient coordonnées par Edwige Chirouter, maître de conférences à l'Université de Nantes1 .

Les Rencontres Internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques constituent depuis plus d'une dizaine d'années un lieu de rendez-vous et d'échange pour tous ceux qui s'intéressent à la pratique de la philosophie sous toutes ses formes et avec tous les publics, dans le but de la rendre accessible au plus grand nombre : à l'école primaire, au secondaire, en hôpital, en prison, dans les cafés, les universités populaires, les médiathèques, au théâtre, au cinéma, au sein d'entreprises ou d'organisations, etc. Chercheurs, enseignants, praticiens, curieux sont tous les bienvenus pour échanger et partager leurs expériences.

Au cours de ces deux jours de Rencontres ont été proposées : des démonstrations de pratiques philosophiques avec des enfants, adolescents et adultes, des tables rondes, des ateliers de communications, des ateliers de recherche, un "ciné philo" animé par Ollivier Pourriol, des stands d'éditeurs, un "banquet philo" le mercredi soir au Café des Phares (Place de la Bastille).

En référence à la phrase de G. Canguilhem : "La philosophie n'est pas un temple mais un chantier", plusieurs "chantiers" ont été proposés : PhiloEcole, PhiloSoin, PhiloFormation, PhiloCité, PhiloTravail, PhiloArts, Villes Philosophes, Regards Croisés (où des chercheurs venant de différentes disciplines échangent leur analyse sur une même séance de philosophie avec des enfants), table ronde sur la Recherche.

Pour le programme complet, voir : http://rencontrespratiquesphilo.unblog.fr/

Chantier PhiloEcole (Edwige Chirouter)

Le Chantier PhiloEcole, qui s'est réuni toute la journée du mercredi 19 novembre, avait deux ambitions cette année : d'une part faire dialoguer la "théorie" et la "pratique" en proposant des interventions réunissant à la fois des chercheurs et des praticiens de la philosophie avec les enfants, travaillant dans des univers très divers, montrant ainsi la richesse et la diversité des pratiques (à l'école, à l'hôpital, dans le monde associatif). Le matin, trois interventions ont ainsi permis de faire se rencontrer différents acteurs et de croiser plusieurs regards sur ces expérimentations de philosophie avec les enfants : Ségolène Guinard, Debora Di Gilio, Annie Montreuil, animatrices et conteuse à l'hôpital Necker de Paris : "Contes et philosophie en milieu hospitalier" ; Johanna Hawken, animatrice à la mairie de Romainville et doctorante à l'université Paris 8 : "Le philogarou, présentation d'un jeu de rôle pour pratiquer la philosophie avec les enfants dans un cadre ludique et démocratique" et Bérangère Kolly, enseignant chercheur à l'université de Loraine : "Les discussions à visée philosophique envisagées depuis la mixité : une modification réciproque". En fin de matinée, le philosophe Francis Métivier est venu faire une démonstration de "Rap et Philo".

Enfin, l'après-midi, nous nous sommes concentrés sur une autre problématique : celle du rapport au savoir dans les ateliers de philosophie à l'école. Il s'agissait dans ces échanges de sortir de la seule didactique de la philosophie, car il nous semble que la volonté d'apprendre à philosopher dès le plus jeune âge dépasse largement la nécessité de démocratiser l'accès à une discipline cantonnée aux classes terminales des lycées généraux et technologiques, mais interroge plus profondément les finalités de l'école et la nécessité de permettre à tous les élèves de retrouver le sens de l'apprentissage et la saveur des savoirs (Astolfi, 2008). Nous avons donc échangé autour des interventions suivantes. Edwige Chirouter et le groupe de recherche PHILEAS (Maître de conférences. U. d Nantes, CREN) : "Pratiques philosophiques et rapport au savoir, présentation d'un projet de recherche Philo Sciences" ; Jean-Charles Pettier, Marie Thilllot, Alain Salzemann, chercheurs et formateurs à l'université de Créteil, ESPE : "Ateliers d'échanges philosophiques entre adolescents EIP en difficulté scolaire : vers une évolution psychologique des élèves ?" ; Véronique Schutz, conseillère pédagogique à Corbeil Essonnes : "Comprendre la vie et faire évoluer le rapport aux savoirs. Des ateliers de philosophie pour apprendre à comprendre" et Mireille Levy, enseignante au lycée de Bienne, Suisse : "Enseigner la philosophie en interdisciplinarité". Pour terminer la journée, toute l'équipe de PhiloEcole a rejoint le Ciné Philo animé par Ollivier Pourriol.

Nous nous sommes quittés plus que jamais convaincus que les pratiques philosophiques s'inscrivent dans la grande mission politique de l'école, engagée à développer l'esprit critique, l'ouverture d'esprit et le dialogue interculturel de tous les élèves, sans exception. Ces expérimentations s'inscrivent donc pleinement dans les valeurs de l'école républicaine. Nous espérons ainsi que les prochains programmes d'enseignement laïque de la morale (prévus pour la rentrée 2015) mettront en avant ces pratiques de discussion à visée philosophique.

Chantier Philoformation (Véronique Delille et Nathalie Frieden)

Lors de ces 14è rencontres, le chantier philoformation, sous la co-direction de Nathalie Frieden et Véronique Delille, a connu des communications, des mises en situation et des tables rondes. Nous avons interrogé deux champs de la formation, identifiés lors de précédents colloques et regroupements : la posture et le savoir faire.

Du côté de la posture, Jean-Charles Pettier est venu témoigner d'une expérimentation menée avec des conseillers pédagogiques de circonscriptions (CPC) : les former à aider, sans les former à l'animation, en s'appuyant sur des compétences et surtout une posture préexistante chez les CPC, développées par l'entretien d'explicitation.

Toujours du côté de la posture, Audrey Destailleur, communiquant sur une partie de la thèse qu'elle vient de soutenir, a souligné, par sa recherche, une posture spécifiquement mobilisée par l'animateur de discussion philosophique : considérer la personne dans sa globalité, s'adresser aux participants non pas comme à des sujets apprenant mais comme à des personnes.

Du côté des savoir-faire, Gaëlle Jeanmart nous a fait la joie d'animer un mini-atelier de formation portant sur la reformulation. Il s'agissait d'un module conçu spécifiquement pour la formation des animateurs et non d'un exercice applicable à tous (animateur comme participants). Cet exercice permettait de mettre en lumière l'écoute et sa traduction dans la reformulation, et d'analyser les décalages entre la formulation et la reformulation, de dégager les causes de ces décalages, et d'identifier lesquels étaient signe d'une reformulation aidante et lesquels étaient signe d'une reformulation imparfaite, voir impactant négativement l'animation philosophique.

Delphine Toquet est venue partager avec nous des principes épistémologiques portés par F. Bacon, nécessaires au développement de l'esprit critique et à l'identification de constructions intellectuelles valides, ou incertaines, voire malhonnêtes.

Enfin, la table ronde du jeudi regroupait Edwige Chirouter, Véronique Delille Nathalie Frieden, Aline Mignon et Isabelle Millon autour de la question des supports à l'animation de discussion philosophique, avec plusieurs angles d'approche : comment les identifier dans la littérature existante, comment en fabriquer, comment les utiliser, et enfin quelles sont les spécificités entraînées par les supports sur la discussion, avec l'exemple du mythe.

Le jeudi après-midi, les directrices de philoformation participaient à la séance sur les Regards Croisés.

Chantier Philosoin (Marianne Remacle et Anne François). De kairos à la crise ou le Kairos dans la crise.

Notre chantier philosoin 2013 a permis d'ébaucher une réflexion sur la philosophie et le soin, la philosophie comme soin, la philosophie pour le soin ; il nous a questionné sur le lien entre la philosophie comme sagesse et style de vie, et le soin dans l'urgence qu'intime la souffrance.

Dans la continuité de cette réflexion, s'est imposé à nous la nécessité de réfléchir sur les concepts d'urgence, de Kairos, de crise tant dans le champ philosophique, didactique, psychologique, psychiatrique, psychopathologique qu'organisationnelle, faisant ainsi un parallèle entre le collectif et l'individuel, entre le particulier et l'universel.

Tous les intervenants ont parlé du temps, non celui qui fuit inéluctablement mais celui des instants propices, ceux qui ramènent au port, qui une fois saisis, entrainent une modification de l'itinéraire de vie.

De quel temps parle-t-on ? Quelle place pour l'imprévu et la rencontre ? Quand et comment agir dans l'instant ? Qu'entendre par Kairos dans la DVDP (discussion à visée démocratique et philosophique) ? Comment l'animateur doit-il, peut-il organiser une situation " kairogène" ? Y-a-t-il un Kairos à saisir pour les participants ?

Voici donc quelques questions qui ont animé nos deux journées de réflexion.

La notion de Kairos a d'abord appartenu au vocabulaire médical. Selon Hippocrate, le médecin doit se préoccuper tout autant du moment favorable à la guérison que du lieu favorable à celle-ci.

Lambros Couloubaritsis nous a rappelé la complexité de la temporalité antique : chronos, aiôn, aidion, kairos, horaï... "Kairos concerne la métrétique du bien, où font irruption les moments favorables et défavorables". Le Kairos fut thématisé par Aristote et constitue ce que Lambros Couloubaritsis appelle une "agathologie aristotélicienne". Le Kairos est le temps qui concerne la création, temps propice dans l'action à travers la question de " ce qu'il convient de faire". C'est dans le discours du patient que le psychanalyste "doit saisir le ou les moment(s) propices superposés, pour ébranler la temporalité des noeuds constitutifs de l'inconscient".

Le Kairos ne se réduit pas à une rencontre spontanée, à un soudain mais il se murit. C'est un moment de création dans un moment d'attente.

Pourrait-on dire que le Kairos est une attention au présent comme un moment d'éternité, c'est-à-dire finalement une suspension absolue du Chronos (le temps qui défile), une présence immédiate à soi, à l'autre et au monde ?

Le regard de Nicolas Georgieff, neuropsychiatre, sur le Kairos, passe par ce que notre cerveau construit comme " expérience temporelle subjective particulière". Le Kairos est un évènement particulier qui cristallise un avant et un après, un temps d'intersubjectivité où tout se joue. Il sera alors un moment éphémère, ponctuel, moment produit dans un temps discontinu d'un processus de pensée continu (un chronos à partir de plusieurs kairos).

Lorsque le médecin urgentiste, Jean-Michel Servais, se penche sur la crise - comme un processus long et non comme survenu à l'impromptu - il veut mettre en exergue des moments de ruptures dont certains sont propices à l'aggravation de la situation, d'autres à la conduite loin des écueils (pilotage). La crise (industrielle, sanitaire, psychique...) se déplie toujours dans le temps ; dans l'après-coup, apparaissent parfois les précurseurs négligés ; dans l'entre-deux prennent place des moments de reconfigurations des organismes ou des organisations.

Anne François, pédopsychiatre et responsable d'une Unité de crise, entrevoit le Kairos comme "un moment qui passe pendant lequel il se produit quelque chose alors que le temps se déploie. C'est la naissance d'un nouvel état de choses qui survient dans un moment de conscience. Les événements se sont rejoints en ce moment et cette rencontre pénètre dans le conscient, de sorte qu'il faut agir, afin de modifier son destin. C'est une petite fenêtre de devenir, une occasion à saisir".

Romain Jalabert ne nous dit rien d'autre lorsqu'il parle du Kairos comme "d'une intuition du pas encore et du jamais plus", d'un moment de sens, un moment discontinu que l'animateur doit appréhender grâce à sa sagacité et à sa promptitude. C'est par l'expérience, dans l'après-coup que l'animateur reconnaitra le Kairos.

Comment dès lors amener, repérer, authentifier cet (ces) instant(s) de Kairos dans les NPP (nouvelles pratiques philosophiques), d'autant que l'animateur devra faire le deuil de l'attente et de la réponse souhaitée ?

Or, même si l'animateur ne veut rien faire dire, il attend que quelque chose se produise. Il a une double attente philosophique, nous expliquera Michel Tozzi : "une attente en forme d'espérance parce qu'il a confiance en la capacité de penser de ses interlocuteurs" et une " attente en forme d'exigence car il accompagne philosophiquement les individus et le groupe. Il assiste à ce qui émerge pour conforter philosophiquement cette émergence". Il s'agit donc d'attraper ce qui se passe chaque fois que pointent, apparaissent une question pertinente, une demande de définition d'une notion, une réponse ne fut-ce que partielle à la question posée, un argument pour la justifier.

De plus, les travaux de Johanna Henrion démontrent que, pour des adolescents dont le rapport au savoir et à l'action éducative semblent problématiques, la mise en évidence de ces moments propices de pensée, pourraient être un moyen de médiation dans un processus de résilience.

La sagesse que Qôhelet nous a apprise, est qu'"il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel..." (Ecc.3.1).

Chantier Philotravail (Claire de Chesse)

Les rencontres Philotravail se sont déroulés le 19 novembre 2014 à l'UNESCO à l'occasion de la journée mondiale de la philosophie, en partenariat avec l'équipe de recherche Primal (Paris Research in Norms, Management and Law, Université Paris Ouest Nanterre) et l'ESCE (Ecole supérieure du commerce extérieur).

Le thème retenu cette année était " L'entreprise peut-elle accepter la critique ?"

Les interventions prévues étaient les suivantes :

1) Malik Bozzo-Rey, Maître de Conférences en Éthique Économique et Philosophie du Management au Département d'Éthique de l'Université Catholique de Lille et Directeur du Centre "Éthique, Économie, Éntreprise" (C3E), membre fondateur de Primal : "Le management co-élaboratif permet-il l'émergence d'espaces critiques ?".

Management collaboratif ou co-élaboratif, intelligence collective, management participatif, 2.0, 3.0... Les théories contemporaines du management semblent rivaliser dans leur volonté et leur capacité à intégrer les intelligences individuelles au sein d'un management qui se voudrait plus horizontal, plus valorisant, plus collectif afin de favoriser l'innovation puisque "Everyone can make a difference" (John Chen, Executive Chairman and CEO de Blackberry). Mais quelles sont les finalités de ces espaces réels ou virtuels de discussion et de délibération ? Permettent-ils l'expression d'une intelligence capable de se saisir d'un objet et d'en proposer l'analyse critique ou sont-ils pensés pour, au contraire, évacuer toute critique en se focalisant sur les finalités définies par l'entreprise ? L'innovation supposée résulter de ces discussions peut-elle réellement mettre de côté la dimension critique inhérente à tout processus de création de connaissances ?

2) Isabelle Barth, directrice de l'Ecole de Management de Strasbourg et Yann-Hervé Martin, professeur de philosophie, co-auteurs de Le manager et le philosophe, Le Passeur, 2014 : "Le courage de la critique : pour un devoir d'alerte".

A partir de leur expérience d'un "master class philosophie" proposé à l'Ecole de Management de Strasbourg, I. Barth et Y-H Martin ont abordé deux pistes de réflexion. La première concerner la nécessité de développer un véritable esprit critique chez les futurs managers. La seconde portait sur la nature d'une vertu indispensable : le courage. C'est lui qui nous rend non seulement capable d'entendre des critiques, mais surtout de les énoncer. C'est lui aussi qui permet aux managers de susciter un climat favorable à une critique responsable. Il en va de ce qu'on pourrait appeler "un devoir d'alerte".

3) Michel Hervé (Président du Groupe Hervé) et Thibaud Brière (Philosophe d'entreprise au sein du Groupe Hervé), co-auteurs de Le pouvoir au-delà du pouvoir, François Bourin éditeur, 2012 : "Philosophe en entreprise : quelle place pour la critique ?".

Pour une entreprise de 3 000 salariés, quel peut être l'intérêt de faire appel à un philosophe ? Qu'est-ce que cela traduit déjà de la place qu'elle accorde à la critique ? Quel intérêt peut-elle bien y trouver ? Comment peut-elle s'organiser pour en favoriser l'émergence ?

Suite à un problème personnel de dernière minute, Malik Bozzo-Rey n'a pu assurer son intervention.

Eric Pezet, professeur en Sciences de gestion à l'université de Paris-Ouest Nanterre, a ouvert la rencontre en posant la problématique.

Pendant les interventions, les étudiants avaient à prendre des notes et à repérer un certain nombre d'éléments (définitions de la critique, exemples concrets, obstacles, présupposés, etc.). Pendant la pause, ces éléments ont été transcrits sur un schéma disponible en ligne.

Ils ont servi de base à la réflexion participative qui a suivi les interventions. Cette réflexion collective était animée par Claire de Chessé, responsable du chantier Philotravail, assistée de plusieurs étudiants de l'ESCE pour distribuer la parole ou vérifier le temps de chaque intervention. Pour faciliter la participation, ont été distribués à chaque personne du public deux cartons, l'un vert et l'autre rouge afin de leur permettre de signaler des accords ou des objections au cours de la discussion.

Les éléments de réflexion fournis par le public étaient retranscrits au fur et à mesure sur le schéma qui est visible ici : http://popplet.com/app/#/2189283

La rencontre Philotravail a été enregistrée et mise en ligne sur le site : http://philotravail.philolab.fr

Chantier Philocité (Alexandra Ahouandjinou)

- A travers les réflexions de Jean-Pierre Lepri, enseignant, et de Deidre Bergeron, ayant l'expérience d'écoles publiques et alternatives (Steiner-Waldorf) jusqu'à l'âge de douze ans, Philocité s'est interrogée sur la nécessité d'une structure conventionnelle éducative.

Si apprendre, c'est étymologiquement "se saisir de" ou plus largement s'efforcer de connaitre, il convient de se questionner sur les modalités de cet apprentissage. Apprendre dans des conditions informelles, c'est-à-dire dégagées de toute structure conventionnelle éducative, semble atteindre son objectif à travers l'expérience de Deidre et de ses soeurs qui n'ont jamais connu l'école.

Cette forme d'apprentissage n'engage rien d'autre que le désir d'apprendre. Il n'y a donc pas à "s'efforcer" de connaitre, mais plutôt à "désirer" connaître selon son rythme et au gré de ses interrogations quotidiennes. Cette réflexion n'exclut pas les pédagogies scolaires, qui lorsqu'elles sont bien menées savent également susciter le désir d'apprendre chez l'élève.

- A travers les réflexions des professionnels de l'animation philosophique, Edith Deléage-Perstunski, Gunter Gorhan et Guy Pannetier, la question "Faut-il rendre la philosophie populaire ?" a été soulevée.

Philocité, de par sa nature même, convient qu'il faut développer l'esprit critique dans la ville. Le propre du philosophe n'est-il pas de descendre dans la Cité afin d'y susciter l'étonnement et la question ? C'est à cette unique condition que peut s'envisager la notion de citoyenneté en tant que telle. Tout citoyen réel doit s'inscrire dans une réflexion autonome au sens kantien du terme, c'est-à-dire libérée de toute influence externe ou mobile irrationnel.

- La réflexion de Philocité s'est ensuite étirée jusqu'au Maghreb à travers l'expérience de Beaussier-Dupin ainsi que de celle de Gleya Maatallah, professeur à l'Université de Manouba en TUNISIE.

L'association ARP Philo réunit un groupe de philosophes formateurs (professeurs ou formateurs EN, personnes motivées (travailleurs sociaux ou psychologues du travail).

L'expérience inédite d'ateliers philosophiques en Tunisie a permis de pointer des lieux où la réflexion s'avère plus que salutaire, en désamorçant certaines formes de violences liées aux dogmatismes religieux.

- L'analyse de Sophie Barathieu, dans sa conférence "La pratique philosophique au service du développement du pouvoir d'agir (DPA) et de la démocratie", nous enjoint à ne pas perdre de vue la nécessité d'une action conjointe à la réflexion. Cet engagement réalise chacun d'entre nous comme citoyen véritable.

- Enfin l'atelier de Philocité a trouvé son apogée dans la conférence sur la médiation intellectuelle de Nadia Duguay, co-fondatrice Exeko et Maxime Goulet Langlois, sous l'intérêt spectateur de Jean-Pierre Blackburn, Ambassadeur du Québec...

"En ville, pour favoriser la mixité, il faudrait des initiatives culturelles ou autres qui permettent la rencontre entre les citoyens de différents quartiers et de différentes situations sociales. Comment veux-tu accepter l'autre si tu ne le connais pas?"

C'est à travers un itinéraire dans la ville, portée par une caravane philosophique que Nadia Dugay et Maxime Goulet Langlois s'attachent à susciter la réflexion pour faire naître la relation et dissiper les préjugés socio-culturels. Philocité ainsi que le public de L'Unesco, s'enthousiasment devant cette démarche originale et efficace dont on ne saurait trop encourager l'expansion et le soutien.

Chantier Villes Philosophes (Claire de Chesse)

Le réseau des Villes Philosophes est un réseau créé par l'association Philolab en 2013 avec les villes de St Fargeau-Ponthierry et Romainville.

Il est destiné aux villes qui mènent ou souhaitent mener une politique active en faveur du développement de la réflexion, de l'esprit critique, du dialogue et des activités philosophiques sur leur territoire. Le réseau leur permet de valoriser et communiquer autour de leur action, de mutualiser des informations, des expériences, des ressources et d'entreprendre des démarches de co-évaluation et de co-formation.

Chaque année le réseau se réunit et invite d'autres acteurs à réfléchir avec à la pratique de la philosophie sur les territoires.

La rencontre du réseau Villes Philosophes 2014 s'est déroulée à l'UNESCO le 20 novembre 2014, dans le cadre des 14ème rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques.

Elle s'est déroulée en deux temps. Le premier était consacré à la description de deux politiques publiques en faveur de la philosophie, celles des villes de Romainville et Bruxelles et la deuxième au rôle de la philosophie dans la créativité des territoires.

Les interventions étaient les suivantes :

Romainville et Bruxelles : des politiques publiques ambitieuses en faveur de la philosophie

- Johanna Hawken, responsable de la Maison de la Philo et de l'Université Populaire "Fabrique des Savoirs" au pôle Education/Sport/Culture de Romainville : "La création d'une Maison de la Philo : la place des nouvelles pratiques philosophiques sur le territoire".

- Fabien Nobilio, responsable des activités philosophiques au sein de l'Instruction Publique de la Ville de Bruxelles et collaborateur scientifique à l'Université Libre de Bruxelles (ULB) : "La philosophie au service de l'Instruction Publique ? Le cas de la Ville de Bruxelles".

L'esprit critique et la philosophie : facteur de créativité et d'innovation ?

avec la participation de :

- Stéphane Vial, maître de conférences en design à l'Université de Nîmes, chercheur à l'Institut ACTE UMR 8218 (Université Paris 1 Sorbonne / CNRS) : "Le design comme réalisation de la philosophie".

- Michel Richard, philosophe, président de l'institut de géo-politique Jacques Cartier à Poitiers : "L'esprit critique : facteur de créativité ?".

- Jacky Denieul, conseiller "Créativité et Territoires" à l'Espace Mendès France, Centre de culture scientifique, technique et industrielle en Poitou-Charentes, initiateur des Journées philosophiques de Vouillé : "La Philosophie, un élément important pour la Créativité des Territoires".

Cette rencontre a été enregistrée et mise en ligne sur le site de Philolab http://www.philolab.fr.

On trouvera par ailleurs le compte rendu du Chantier "Regards croisés" dans ce numéro de Diotime.


(1) Des dossiers et communications par chantier seront publiés dans l'année dans Diotime...

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