Créé en 1983 à l'initiative de François Châtelet, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye et Dominique Lecourt, le Collège International de Philosophie propose une pratique de la philosophie qu'on pourrait appeler "de connection".
En son sein, il s'agit en premier lieu de connecter la recherche philosophique et l'enseignement de la philosophie, en recrutant autant des enseignants du second degré que du supérieur (universitaires, chercheurs du CNRS ou d'autres organismes scientifiques). "Enseignants-chercheurs" : le CIPh fait le pari que cette connection peut désigner tous ceux qui s'engagent dans un réel travail philosophique, dont l'enseignement se nourrit d'une recherche continuée, et dont la recherche n'est pas coupée d'une pratique de diffusion du savoir. Par conséquent, le recrutement des membres du CIPh, qui sont des "directeurs de programme", ne repose pas prioritairement sur des titres, des diplômes et des expériences académiques, mais sur l'originalité d'un projet de recherche en philosophie. Aussi peut-on trouver au CIPh des directeurs de programme dont le métier n'est pas toujours d'enseigner la philosophie (mais d'autres disciplines), ou même dont le métier n'est pas d'enseigner du tout (des artistes, des médecins...). Leurs travaux se déploient en séminaires, individuels ou collectifs, en conférences, journées d'études, forums, colloques ; et des "samedis du livre" sont régulièrement proposés qui, autour d'un ouvrage récemment paru, confrontent (autre forme de connection fertile !) un auteur avec des lecteurs attentifs et critiques.
Mais si le Collège International de Philosophie promeut des programmes de recherches originaux, c'est aussi que les travaux qu'il propose, dans ses séminaires notamment, sont élaborés sur la base d'un type de connection selon lui crucial - celui qu'opèrent ces programmes entre plusieurs champs du savoir, ou entre différents domaines de la pratique. En effet, au Collège, il ne s'agit pas seulement de lier les problèmes philosophiques les plus contemporains avec la tradition dans laquelle ils s'inscrivent, pour la prolonger ou la renouveler ; il s'agit surtout de connecter le philosophique avec ce qui n'est pas lui, et qui pourtant, bien souvent, lui donne toute sa vitalité. C'est pourquoi les directions de programme sont organisées autour d'intersections :
- Philosophie / Art et littérature : un séminaire "écran-philosophique" est proposé dans ce cadre, où la diffusion d'une oeuvre cinématographique est suivie d'une lecture singulière, proposant un éclairage historique, formel, problématique ;
- Philosophie / Politique et société : avec notamment, depuis cette année, une rencontre bimensuelle autour de questions politiques en écho avec l'actualité ("Politique au temps présent") ;
- Philosophie / Sciences et sciences humaines : par exemple de nombreux forums ou journées d'études sont organisés en partenariat avec la Cité des Sciences ;
- Philosophie / Philosophie (car l'originalité d'un projet peut aussi être dans la reprise des traditions et des pratiques de la philosophie elle-même ! ;
- Philosophie / Education. Cette dernière intersection montre toute l'attention que porte le Collège aux questions de l'enseignement et de la pédagogie. Le CIRTEP (Centre International de Recherches Théoriques En Pédagogie), créé depuis un an, est un lieu, au Collège, où sont réfléchis enseignement de la philosophie et philosophie de l'enseignement. Quel est le sens de l'acte d'enseigner ? Quels sont les enjeux des méthodes et des programmes de l'enseignement ? Quelles propositions faire pour revitaliser, s'il le faut, les pratiques d'enseignement ? De telles questions, parmi d'autres, ont été soulevées lors du colloque que le CIPh/CIRTEP a coorganisé en novembre 2010 à l'UNESCO, dans le cadre de la journée mondiale de la philosophie - colloque intitulé : "De la transmission des savoirs à la formation des compétences".
Dernière connection que tisse le Collège, mais qui n'est pas des moindres : celle avec l'international. Si le CIPh est un Collège International (comme le CIRTEP un Centre International de Recherches), c'est que la connection entre la France et l'étranger est mise au coeur de ses élaborations théoriques et pratiques. Concrètement, une telle connection signifie que le Collège ne recrute pas seulement des directeurs de programme français : sur 50, ils étaient 10 auparavant, 13 depuis cette année, à venir d'Europe (Russie, Allemagne, Angleterre, Italie, Portugal entre autres) et d'autres continents (Japon, Brésil, Canada...). Le Collège dispose d'un réseau de correspondants à l'étranger qui lui permet de se tenir en éveil sur des pratiques philosophiques qui parfois ont peu d'écho chez nous, mais se trouvent pourtant en résonnance avec ce que nous faisons. De multiples conventions entre le Collège et des institutions étrangères, travaillant dans un esprit proche du sien, sont chaque année mises en place, qui permettent des échanges entre chercheurs, et l'organisation de manifestations à la fois transdisciplinaires, mais aussi transculturelles : c'est en ce sens que le CIPh contribue à décloisonner la pratique de la philosophie, une pratique "hors les murs", hors les murs de la seule discipline académique et du seul territoire français.
Contact : 1 rue Descartes, 75005, Paris.
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