Revue

Informations et publications

- Le Philolab est une jeune association composée de philosophes, pédagogues et enseignants dont l'objectif est de renouveler l'enseignement et la pratique de la philosophie". Elle organise des formations, dîners philo, ateliers de réflexion à destination de tous les publics. Sa lettre de mai 2007 porte sur "Entreprise et philosophie". On y trouve quelques références sur la question :

Christian D., Management et philosophie : penser l'entreprise, Nathan, 1999 ; de Brabandère L. et al, Trois philosophes pour manager : Erasme, Machiavel, More, Village mondial, 2000 ; De Borchgrave R., Le philosophe et le manager , De Boeck, Bruxelles, 2006 ; Végléris E., Manager avec la philo, Edit. d'Organisation, 2006.

Contact : Claire De Chessé, mailto:contact@philolab.fr

- François Galichet, agrégé de philosophie, professeur émérite des Universités, a déjà publié, chez Nathan, en 2004, un excellent ouvrage : Pratiquer la philosophie à l'école, prenant l'exemple d'une quinzaine de questions à aborder avec les enfants. Il vient de publier cette année (2007) chez Milan un autre ouvrage : La philosophie à l'école.

La première partie est essentiellement informative et pratique. Partant dans l'introduction de sa propre expérience, l'auteur expose clairement l'intérêt de faire réfléchir en profondeur les enfants. Il soutient que les enfants sont philosophes, cultivent "l'idiotie" (au sens deleuzien d'un non-savoir qui les ouvre à la recherche), et qu'il y a donc une affinité entre philosophie et enfance. S'il rappelle l'intérêt de discussions en classe, à la manière de la "communauté de recherche" du philosophe américain M. Lipman, il plaide aussi pour une diversification des approches, par exemple les dilemmes moraux de L. Kolhberg ; le portrait chinois, voie pour dégager les attributs d'un concept à partir d'une reprise conceptuelle de métaphores ; des exercices originaux comme le "hit-parade des personnalités" ; l'articulation de l'oral et de l'écrit... Il commente certains extraits de discussions avec les enfants pour montrer les processus de pensée qu'ils sont capables de mettre en uvre, et donne un certain nombre de conseils avisés aux maîtres pour ce type de pratique.

La deuxième partie porte sur quelques grandes questions à aborder : à quoi sert l'école ?, la liberté, le juste et l'injuste, l'égalité, la réalité, la croyance... Chaque thème est à la fois philosophiquement situé, et exemplifié par un extrait de débat avec les élèves analysé. Beaucoup d'articulations sont proposées, par exemple avec l'éducation à la citoyenneté. En filigrane, il défend une conception originale de ce type de pratique, philosophiquement fondée sur le concept de croyance de Kant dans la faculté de juger, et conclut (p. 183) : "Le philosopher rend visible l'invisibilité constitutive d'autrui, révèle l'énigme, voire le scandale que constitue le fait que d'autres puissent accorder de la "grandeur" (au sens pascalien) à ce qui pour moi n'en saurait avoir (p. 183), ... à "s'étonner les uns des autres" (p. 185).

Quand comme chez François Galichet la finesse pédagogique s'allie aussi harmonieusement avec la profondeur philosophique, au lieu de les opposer comme le font tant de gardiens du temple, on ne peut que recommander l'ouvrage aux enseignants du primaire et du collège.

- Oscar Brenifier, docteur en philosophie, spécialisé en didactique et pratique de la philosophie, avec les adultes et les enfants dès la maternelle, vient de publier aux Éditions du Seuil un ouvrage destiné aux adolescents : Questions de philo entre ados.

- Michel Piquemal, ancien instituteur, auteur de littérature de jeunesse et directeur de collections à portée philosophique chez Albin Michel (voir son itinéraire dans ce numéro), a obtenu un succès important dans les classes du primaire avec les Philo-fables (2003). "Quelle bonne idée, commente Comte-Sponville, d'amener les enfants à la philosophie par des fables bien choisies et bien présentées, avec un "atelier du philosophe" qui aide à en extraire la "substantifique moëlle". Cela ne remplace pas la lecture des philosophes, mais peut y préparer. Tant mieux !". Et de citer la lettre à Ménécée d'Épicure...

M. Piquemal poursuit son travail d'édition de supports incitant les enfants à la réflexion philosophique avec Les philo-fables pour vivre ensemble (A. Michel, 2007). On trouvera là, dans ce patrimoine universel de fables, paraboles et contes venus du monde entier, un matériel narratif très riche pour des reprises réflexives afin d'échapper à une société de "consommateurs lobotomisés", ou de "petits soldats des futures guerres religieuses". Chaque histoire est suivie de la rubrique "Dans l'atelier du philosophe", où sont explicités les problèmes de fond soulevés par le récit concernant la condition humaine, et posées quelques questions essentielles à discuter avec les élèves. A la fin de l'ouvrage, une liste de "mots-clés" nous récapitule, par ordre alphabétique, les principales notions évoquées dans l'ouvrage. Un livre utile, qui enracine dans la sensibilité et l'imagination, par l'appel à la forme narrative, l'éveil à la pensée réflexive de l'enfant, et permet d'articuler concrètement (pensons à la demi-heure de débat réglé en classe), éducation à la citoyenneté et réflexivité.

- Le numéro 10 de Côté philo, édité par l'ACIREPH (Association pour la Création d'Instituts de Recherche pour l'Enseignement de la PHilosophie), est paru (mars 2007).

Il comporte le second volet d'un dossier sur la dissertation de philosophie : on y trouvera des articles sur "Qu'est-ce qu'un bon sujet de dissertation ?" ; "Le discours philosophique des lycéens - trente ans après" ; "Quatre manières d'enseigner la dissertation", "La dissertation philosophique de A à Z", sous forme d'abécédaire ; et les exercices écrits proposés en Espagne et en Italie. En y trouvera aussi une réflexion sur "Enseigner Diderot en classe de philosophie", maintenant que Diderot a accédé à la liste officielle des "auteurs majeurs" du programme français. Et un article qui nous éclaire sur la conceptualisation : "Qu'est-ce que définir ?".

Contacts : postmaster@cotephilo.net . Site : http://www.acireph.net

La revue Philosophie Magazine, distribuée dans les kiosques à journaux, qui était dans ses premiers numéros bimensuelle, vient de devenir mensuelle, ce qui montre l'intérêt grandissant qu'elle suscite. Appuyée largement sur des contributions de philosophes contemporains, elle tente de donner à comprendre, avec une réflexion proprement philosophique, et pas seulement comme d'ordinaire puisée dans les sciences humaines, des clefs d'intelligibilité du monde contemporain. Témoins les dossiers des derniers numéros : "Sexe et morale : une nouvelle approche" (n° 7, mars 2007) ; "Quelles idées pour l'Elysée ?" (n° 8, avril 2007), avec le fameux dialogue entre M. Onfray et N. Sarkozy ; "L'univers est-il fait pour l'homme ?" (N°9, mai 2007).

- Le Journal du petit philosophen° 8 de mars 2007 publie les analyses sur l'art de l'école V. Hugo d'Angers.

Contact avec l'association : patrick.tharrault@wanadoo.fr

Patrick Tharrault vient de publier en 2007 pour les cycles 2 et 3 un ouvrage chez Retz :

Pratiquer le "débat-philo à l'école. On y trouvera des éclairages sur les enjeux et les spécificités de la philosophie à l'école ; des réponses pratiques aux questions concernant les acteurs du débat-philo et son cadre ; des propositions concrètes pour préparer et organiser de tels débats ; et même une fiche d'évaluation et d'auto-évaluation. Une introduction intéressante pour ceux qui veulent se lancer dans l'expérience.

- Dans la revue Côtémômes n° 7 du 16/04/07, on trouve un article intéressant sur "A l'école, des têtes bien faites".

- L'éditeur Bayard publie des conférences organisées par le Centre dramatique de Montreuil, en proche banlieue parisienne, reprenant le titre des émissions radiophoniques pour la jeunesse de Walter Benjamin en 1929 et 1932. Il s'agit des "petites conférences lumières pour enfants", où, pendant quarante minutes, un samedi par mois, un philosophe (Balibar, Stiegler, Nancy) ou un scientifique (Levy-Leblond) s'adresse à ce public. La conférence de Jean-Luc Nancy Au ciel et sur la terre, petite conférence sur Dieu, a ainsi été publiée en 2004 : "Ils avaient dit-il, entre six et douze ans, filles et garçons, ils étaient d'une grande attention et ils n'ont pas manqué de poser des questions, comme on le verra".

- Gil Ben Aych publie DU BONHEUR D'ENSEIGNER LA PHILOSOPHIE (ou Nouvelle Lettre à Ménécée), chez l'Harmattan.

- Le propos consiste, selo Ben Aych, à montrer que la philosophie est le rapport d'abord mystérieux puis scientifique, lucide, que la conscience de soi de l'humanité entretient avec sa propre histoire. Chaque solution est historique : la matrice platonicienne du christianisme, le subjectivisme cartésien, le scepticisme kantien, le dialectisme hégélien, le matérialisme marxiste, l'anthropologie freudienne. On transpose la philosophie épicurienne du bonheur dans la pratique heureuse et concrète de l'enseignement de la philosophie. Les élèves sont ici des êtres vivants, à qui on parle et qu'on écoute, on enseigne pour vivre et non le contraire. On ne sait pas tout, on se tait si on ne sait pas, on jouit d'enseigner bien ce que l'on sait bien. On est heureux si on se fait comprendre, si on a compris, pourquoi et comment on a compris, pourquoi et comment on n'a pas compris ; si on répète sans se lasser. On apprécie même de répéter sans répéter puisque l'heure de la première répétition n'étant pas la même que celle de la deuxième nous avons vécu entre temps. Vivre n'est-ce pas répéter sans répéter ? Enseigner aussi. Sont ici décrits les six remèdes que l'humanité s'est administrés pendant sa préhistoire pour devenir historiquement humaine : le meurtre de la préhistoire (naturelle), la chaîne de l'esclavage (Platon), le sang du féodalisme (Descartes), l'argent du capitalisme (Kant et Hegel), l'intelligence du socialisme (fin de la préhistoire humaine - Marx et Engels) ; la jouissance du communisme (Freud). Humanité historiquement réalisée.

- En Mars 2007 a été créé à Montpellier le 8e spectacle de la Collection Philosophie de Chairde Didier Mahieu, consacré cette fois à Hegel et au thème de I\'Art.

La collection Philosophie de Chair est une série de spectacles-rencontres proposés en tournée, d'une durée maximale d'une heure, à partir desquels et sans transition, le public est invité à dialoguer sur les thèmes développés par le philosophe. Ces petites formes sont conçues de telle sorte qu'elles puissent être représentées en tous lieux et en toutes circonstances ; de plus, chaque numéro de la collection est disponible en permanence et vient s'ajouter aux autres, exactement comme peuvent le faire les maisons d'édition avec les livres. Ainsi, après les spectacles autour de Descartes, Pascal, Diderot, Rousseau, Nietzsche, Merleau-Ponty ou Bachelard qui sont toujours disponibles, est proposé en 2007 cette une nouvelle création : LE BEAU, L'ART ET LE BEL ART de G.W.F. Hegel. Il ne s'agit pas de lectures mais d'un travail théâtral approfondi où l'art du comédien est mis au service de la philosophie, lui rendant ainsi l'oralité dont elle était issue. La pensée du philosophe est incarnée c'est-à-dire qu'elle est vivante et en marche, devant nous, et non pas cristallisée comme elle peut l'être dans un livre. La difficulté de compréhension du texte s'efface grâce à sa mise en situation et à l'art de la persuasion. Si elle persistait en quelque endroit, il est proposé au public de revenir sur certains passages en les rejouant à la fin du spectacle, comme le lecteur peut revenir en arrière sur certaines pages ardues. Bien sûr, tous les textes philosophiques ne sont pas propices à une interprétation théâtrale, c'est pourquoi sont choisis d'abord des philosophes qui ont pensé leur philosophie en la vivant ; leur écriture est plus habitée que celle de ceux qui conceptualisent à froid, sans passion. Cela peut paraître paradoxal, car une philosophie rigoureuse se veut objective, mais le tragique du philosophe est justement qu'il ne peut se défaire de son point de vue nécessairement humain, trop humain (à son goût). Et cette situation est éminemment théâtrale parce qu'humaine justement.

Dès I'origine, la collection Philosophie de Chair s'est posée la question de l'Art. Quoi de plus naturel pour une entreprise qui prétend parler de philosophie par I'entremise de I\'Art théâtral. La pensée esthétique hégélienne peut légitimement être considérée comme capitale : elle consacre l'opposition définitive de l'Art - production de l'esprit - et de la nature. "Tout ce qui vient de I'esprit est supérieur à ce qui existe dans la nature". En cela, Hegel est le premier à dissocier clairement le beau naturel et le beau artistique, préfigurant notre vision contemporaine de l'Art. Cette affirmation que Hegel va étayer dans toute son oeuvre heurte le sens commun qui veut que la beauté créée par l'Art soit bien inférieure au beau naturel. Aussi le philosophe nous embarque-t-il dans une démonstration brillante, incandescente : "parfois on a I'impression que le papier brûle", dit Georges Steiner. Il est des moments de grâce chez ce professeur de philosophie illuminé qui devait fasciner ses étudiants. Ainsi, son esthétique est la retranscription de ses cours par l'un d'entre eux. Observons donc ici cet étudiant hégélien essayant de retracer sur la scène le cheminement de la pensée du maître, il s'interroge, il peine, il jubile, il s'enthousiasme, et nous avec lui.

Ce spectacle est coproduit par le Théâtre d'0 à Montpellier, le Printemps des philosophes de Ribeauvillé, le Théâtre de Chelles et le Théâtre Ephéméride à Val de Reuil.

Contact pour les représentations : Didier Mahieu, 06.16.28.67.19. mailto:dmathieu@wanadoo.fr

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