L'apprentissage du débat est à la fois un objectif citoyen, compte tenu du lien constitutif entre démocratie et débat, un support à l'acquisition de capacités diverses (par exemple, argumentation), et une méthode pédagogique de travail en groupe. Il fait désormais partie des programmes du premier degré en éducation civique et maîtrise orale de la langue, du second degré en français. Il est recommandé par les didacticiens des matières scientifiques et des sciences humaines et sociales, par sa vertu de " conflit socio-cognitif ", pour faire évoluer les représentations sociales. La " méthodologie du débat argumenté " est même l'objet explicite au lycée de l'ECJS (cf. J.-J. Guinchard).

Et c'est à ce moment-là qu'il disparaît paradoxalement au nouveau programme de philosophie (2001), alors qu'il figurait dans la circulaire de Monzie de 1925! Heureusement, des pratiques de discussion réflexive se développent de la maternelle (cf. M.-F. Daniel) et en amont de la terminale. De même, en aval de l'école, les cafés-philo fonctionnent essentiellement sur la base de discussions " à visée philosophique ".

Pour leur dixième année d'existence en France depuis l'initiative au Café des Phares de Marc Sautet, nous leur consacrons un dossier spécial. Des didacticiens appellent " pratiques sociales de référence " des activités existant dans la société (exemple, jouer au tennis ou dans un orchestre, fabriquer du pain...) qui vont servir de référence pour une transposition didactique à l'école, suivant ses finalités propres (en EPS, musique, CAP boulangerie par exemple). La question est aujourd'hui posée de savoir, si en l'absence de traces de références précises de discussions philosophiques en grand groupe dans la tradition philosophique, les discussions des cafés-philo menées avec une véritable exigence philosophique ne pourraient pas servir de référence pour une didactisation de la discussion philosophique à l'école, en terminale et dans les baccalauréats de lycées professionnels...

La rédaction