L’école maternelle est l’école du langage. L’enfant y apprend à devenir élève et y développe le langage sous toutes ses formes : écrit et oral. Les élèves y apprennent donc différentes formes de langage dont le langage « social ». Mais tous ne sont pas égaux devant cet apprentissage. La discussion à visée philosophique peut permettre au plus grand nombre de trouver sa place en tant que parleur et de passer d’un statut de petit parleur à parleur assuré voire grand parleur. Pour cela il faut contourner quelques obstacles et utiliser les éléments favorisant cette prise de parole.
Quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve à l’école, la prise de parole est très hétérogène et chaque élève ne participe pas de la même façon. Certains élèves monopolisent la parole, alors que d’autres ne s’exprimeront à aucun moment. Cet état de fait n’est pas une fatalité et peut être modifié en prenant en compte certains critères.
La philosophie avec les enfants est véritablement une discipline qui est au carrefour de tous les savoirs et de toutes les compétences essentielles que la vie transmet pour élargir son esprit critique et son lexique, grâce à elle, ils [les enfants] apprennent à prendre la parole en public, ce qu’ils retrouvent fondamentalement au cœur du projet éducatif de l’école (Roque, 2022).
L’enfant et le langage.
D’après les instructions officielles, l’enfant apprend à parler en s’appropriant la langue des adultes, celle de ses parents, de sa famille et de ceux avec qui il vit au quotidien. L’intensité de l’exposition des enfants au langage parlé et la qualité de ce langage sont essentielles dans ce processus d’appropriation (Bulletin officiel n°22 du 29 mai 2019).
Il ne faut pas oublier qu’au-delà de la mobilisation des compétences linguistiques et des connaissances, parler nécessite aussi un désir de communiquer comme le rappelle (Métra, 2010).
Langage à l’école maternelle.
L’école permet d’apprendre à parler et à structurer le langage en proposant des situations diverses. Les moments de prise de parole en classe sont variés : en petit groupe lors des ateliers, des séances de langage, individuellement lors des moments de transition, ou en grand groupe lors des activités collectives ou des temps de regroupement. On remarque immédiatement que la prise de parole est très hétérogène. Chaque enfant ne s’approprie pas ces moments de la même manière. Cela est en partie lié aux capacités d’attention, de compréhension et au vocabulaire propre à chaque élève. Le désir de s’approprier ce langage et de le reproduire occupe également une grande place.
Lors du regroupement, on constate que certains élèves monopolisent la parole alors que d’autres sont très effacés, voire ne prononcent pas un mot. Cependant, la plupart de ces élèves silencieux sont actifs : ils ont besoin d’observer, d’écouter pour comprendre et réfléchir à ce qui est dit. Il est important que chacun trouve sa place au sein du grand groupe lors de ces échanges collectifs. L’enseignant est là pour faciliter la prise de parole, pour la faire circuler. Il veille à distribuer la parole afin que ceux qui le souhaitent puissent s’exprimer. Il veille à ce que la discussion reste dans les propos de départ, reformule, relance et valorise les paroles de tous.
En situation scolaire, le langage correspond aux activités de compréhension (écouter, lire) et aux activités de production (parler, écrire). L’appropriation par les élèves d’un langage oral riche, organisé et compréhensible requiert la mise en œuvre d’un enseignement structuré et systématique (Ministère de l’Education Nationale, 2019).
L’enseignant doit permettre aux élèves de développer des compétences communicationnelles telles que l’écoute, l’attention partagée, la mémoire ou l’expression. Il doit également les aider à acquérir les différentes composantes du langage :
- composantes linguistiques qui amènent à maîtriser les formes linguistiques comme la syntaxe,
- composantes sémantiques qui font découvrir à l’enfant que les sons désignent des choses particulières ou des catégories de choses, c’est la question du sens qui entre en jeu,
- composantes métalinguistiques, pour que l’enfant contrôle son discours et agisse, par exemple, en reformulant pour s’adapter à l’interlocuteur ou mieux exprimer sa pensée (Métra, 2010, p. 86).
L’enseignant veillera également à aider les élèves à contourner différents obstacles à la prise de parole : la barrière de l’âge, l’inertie intellectuelle de l’enfant, le non accès à l’imaginaire, le mauvais contact entre l’enfant et son interlocuteur, la prise de risque engendrée par une prise de parole.
Langage et discussion à visée philosophique.
Dans une discussion à visée philosophique, le rapport au langage est réflexif et non utilitaire. En effet, le langage a d’autres fonctions que la seule information et la communication. Il est nécessaire de bien choisir ses mots pour exprimer ses idées et les rendre intelligibles en les organisant afin que les arguments ou exemples portés permettent aux autres participants de suivre la réflexion de celui qui a la parole. Le cadre de la discussion à visée philosophique implique d’utiliser un vocabulaire précis, de choisir ses mots afin de bien préciser sa pensée. Jocelyne Beguery le souligne :
Pouvoir partager le sens des mots, voilà sans doute la première expérience d’apprentissage que font les enfants dans des discussions à visée philosophique ; s’apercevoir que les mots sont là, que l’on n’en fait pas ce que l’on veut, qu’ils résistent et interpellent. Et à travers eux se construisent peu à peu une langue qui perd de son égocentrisme, naissent la curiosité et l’intérêt pour le mot juste et l’expression adéquate. (Beguery, 2015, p. 26)
Patrick Tharrault (2007), quant à lui, souligne l’importance de mettre en place des outils pédagogiques permettant de répondre au mieux aux enjeux langagiers de la DVP. Il explique que l’absence de structure entraîne quasiment de manière systématique « la dictature du beau parleur ». Il rappelle que le rôle d’un débat est d’impliquer tous les participants et de permettre à tous de parler s’ils le souhaitent. Pour lui, cela passe nécessairement par la mise en place de mécanismes de régulation. Ce qui est primordial, c’est la distribution et la circulation de la parole. Il pointe aussi l’importance de la reformulation qui permet de recentrer le propos. Il conclut en indiquant que le constat et le résumé de ce qui a été dit permettent de bien fixer les propos sans se focaliser sur un argument particulier. On retrouve, bien dans la tenue de discussions à visée philosophique dans le cadre scolaire, les composantes liées à l’apprentissage du langage.
La prise de parole des jeunes enfants dans le cadre d’une discussion à visée philosophique.
Les différents types de parleurs.
Il y a autant de types de parleurs que d’élèves mais on peut dégager quelques tendances. Il y a les élèves qui s’expriment très bien avec un vocabulaire précis et riche. Puis, il y a ceux qui ont des difficultés langagières (prononciation, manque de vocabulaire…). Dans chacun de ces groupes, il y a des élèves à l’aise qui monopolisent la parole : dans un but de performance, pour attirer l’attention ou pour appartenir au groupe. Chez les élèves moins à l’aise, on retrouve ceux qui ont un manque de confiance, qui sont timides ou qui ne s’intéressent pas aux autres élèves.
On peut catégoriser ces différents types de parleurs. Il y a le grand parleur ou parleur expert qui manie déjà avec aisance les différentes composantes langagières et qui a conscience de ses capacités. Le grand parleur qui occupe l’espace et le temps. Ce dernier participe activement mais il n’est pas dans les propos de l’échange ou répète ce qui a été dit sans faire avancer la discussion. Le parleur en devenir qui construit son langage et sa pensée en participant de manière régulière. Le petit parleur par choix qui ne souhaite pas participer à la discussion par manque d’intérêt ou par manque d’un sentiment d’appartenance au groupe. Le petit parleur interdit qui ne s’autorise peu ou pas à participer à la discussion par timidité ou manque d’un sentiment de légitimité.
L’évolution de la prise de parole.
Le fait de se situer dans la catégorie des petits parleurs ou des grands parleurs occupant l’espace et le temps n’est pas une fatalité. Le passage d’une catégorie à une autre est possible si les conditions favorables sont réunies. Les élèves peuvent, si on les y aide, progresser dans leur prise de parole par le biais de la discussion à visée philosophique. Pour qu’il y ait une évolution dans la prise de parole, l’adulte doit garder en mémoire, lors de la discussion à visée philosophique, l’importance du rôle de l’animateur, les obstacles auxquels les élèves devront faire face et les éléments favorables à la prise de parole.
Voici deux graphiques permettant d’observer le nombre de prises de parole lors de DVP l’un sur le concept de la liberté et l’autre autour du concept du bonheur.
On constate que :
- les « grands » parleurs du début restent très actifs lors des différentes DVP. E7 totalise 44 et 50 prises de parole lors des différentes DVP. E1 et E2 qui eux aussi s’exprimaient facilement, continuent de bien participer (ils sont respectivement à 15 et 41 prises de parole et 27 et 32 prises de parole),
- les évolutions de E4 (15 et 51 prises de parole) et de E11 (17 et 42 prises de parole) sont bien visibles,
- certains petits parleurs sont restés discrets : E10 (5 et 8 prises de parole) et E3 (10 et 12 prises de parole),
- le nombre d’interventions de E5 est assez élevé (18 et 23) cependant il ne fait pas avancer la réflexion et sur les dernières séances il n’est plus vraiment dans les propos de l’échange,
- E12 a bien augmenté au niveau du nombre de prises de parole (28 contre 8 lors de la première séquence), ceci est à tempérer car il est à noter que la séance 4 sur le bonheur montre une forte participation contrairement aux autres séances.
L’importance de l’animateur pour favoriser les prises de parole.
La pratique régulière des discussions à visée philosophique en classe de GS peut permettre à certains élèves de passer du statut de petit parleur à parleur régulier voire grand parleur. Pour cela, la posture de l’animateur est importante. Il doit veiller à rester en retrait tout en favorisant les échanges entre les élèves grâce à la reformulation, au questionnement et au juste équilibre entre les silences et les prises de parole afin de laisser les élèves s’exprimer et interagir entre eux. Le fait d’intervenir uniquement lorsque la parole ne circule plus ou lorsque les échanges stagnent laisse une place plus importante à la parole des élèves.
Les éléments qui favorisent la prise de parole.
Différents éléments permettent à l’élève de passer de petit à grand parleur. En premier lieu, la capacité à construire des explications et à se décentrer joue un rôle important dans la prise de parole. Pour pouvoir participer pleinement aux échanges, l’élève doit être capable de développer sa pensée autonome en se distançant du sujet. Cette capacité se développe lorsque l’élève a réussi à dépasser ses émotions et entre pleinement dans les échanges. Il réussit alors à collaborer avec les autres, à construire des explications pertinentes en mobilisant une variété d’habiletés de pensée, et ce, de façon explicite : donner des raisons, fournir des exemples, des contre-exemples, définir des mots et / ou des concepts, poser des questions. Un autre élément permettant de favoriser la prise de parole est l’utilisation d’inducteurs. Ils permettent, dans le cas d’albums utilisés comme inducteurs, à l’élève de faire des références explicites aux personnages et ainsi de construire et exposer ses idées.
La fiction établit un pont entre l’expérience singulière, qui par son caractère trop intime, trop chargé d’affects, empêche la prise de recul et l’analyse, et le concept, qui lui, à l’autre extrême, par sa froideur, peut nuire à l’implication personnelle nécessaire à toute initiation philosophique (Chirouter, 2016. P.19).
Le fait de lire régulièrement ces albums rend les échanges plus riches. Cela permet également à un petit parleur de s’investir davantage dans les échanges car il a eu un temps de réflexion plus important. Il connait bien les albums. Il est donc rassuré et a une plus grande confiance en lui lors de sa prise de parole.
Lors de la quatrième séance sur le bonheur, E12 qui est plutôt réservé, prend la parole dès le début de l’échange en s’appuyant sur l’un des albums lus lors des séances précédentes, comme l’illustre le verbatim suivant
E12 : répond à la question : Partageons-nous tous le même bonheur ? Nous sommes au tout début de la séance.
E12 : « Moi, je trouve que oui. »
Animateur : « Alors, il faut que tu nous expliques. »
E12 : « Parce que dans le livre, ils ont fait la même chose. »
Animateur : « Tous les trois ? Et ils étaient tous les trois heureux ? »
E12 : « Oui. »
Animateur : (en notant sur l’affiche) : « Donc, on partage le même bonheur quand on fait tous la même chose. C’est ça ?»
E12 : « Oui. Quand on fait tous la même chose qu’on aime bien.»
Animateur : « Ah. D’accord. C’est-à-dire ? Tu peux nous expliquer ? »
E12 : « Parce que si on fait tous la même chose qu’on aime bien ça nous rend heureux. Et heureux, c’est comme le bonheur.»
Un autre élément très important pour favoriser l’évolution de la prise de parole chez l’élève est l’appropriation et le respect des règles de la discussion à visée philosophique. Ceci permet à chaque élève de s’engager dans les échanges en sécurité. L’élève est capable de mobiliser des attitudes essentielles à la mise en place d’un dialogue philosophique en communauté de recherche par le respect de la parole, par l’intérêt pour la recherche et pour la personne qui parle, par le respect et l’ouverture d’esprit à l’égard des personnes et des idées.
Les obstacles à la prise de parole pour les petits parleurs.
Au sein des petits parleurs, on peut distinguer deux groupes : celui de ceux qui ne participent pas et dont l’écoute est très faible et ceux qui ont une grande écoute mais qui ne participent pas malgré tout. L’élève reste un petit parleur car il ne se sent pas appartenir au groupe, ses émotions l’empêchent de s’ouvrir aux autres et/ou il est dans l’incapacité d’entrer dans la réflexion.
Un des obstacles à la prise de parole est l’incapacité à se sentir membre de la communauté de recherche. Certains restent en retrait. Ils ont globalement acquis les règles de la DVP sauf celle de l’écoute active. Ils respectent la parole de leurs camarades. Ils sont dans une écoute passive car ils ne se sentent pas appartenir au groupe, du fait qu’ils ne se questionnent pas sur le ou les thèmes proposés. Leur prise de parole est liée à leur choix d’adhérer au groupe et à la question posée.
L’incapacité à se sentir légitime limite également les interventions des participants. Certains sont très effacés mais ils suivent la totalité des échanges. Cependant, les émotions les empêchent d’oraliser correctement leurs idées et de s’impliquer dans le dialogue.
Cette observation est mise en lumière dans le verbatim suivant. Lors d’une séance d’une séance sur le bonheur, vers la moitié de la séance, E11 qui est assez réservé, ose prendre la parole.
Animateur (suite aux propos de E10) : « Le bonheur, il peut être gâché par des choses ? »
E7 : « mmm ».
Animateur : « Oui ? Qui est-ce qui veut répondre à ça ? E11 tu veux répondre à ça? »
E11 : « Non, c’était pour E4. »
Animateur : « Hé bien vas-y. »
Animateur (parle d’une voix qui porte peu) : « Moi, je suis pas trop d’accord avec E4. Tout ce que l’on fait des fois c’est pas le bonheur. »
Animateur : « Parle bien fort E1 parce que je ne t’entends bien d’où je suis. »
E11 (plus fort) : « Par exemple, y aller, euh, où on veut pas. Eh bah… Des fois, ça peut pas être le bonheur. »
Animateur : « Alors, précise un petit peu. Explique un peu plus. Si tu as un exemple ou des choses comme ça. »
E11 (temps de réflexion) : « En fait… Moi… Quand je vais… euh …à un cirque où y a des choses pas très… euh. »
Animateur : « On t’emmène à un cirque où il y a des choses pas très bien. »
E11 : « Oui ! Bah, en fait, moi, ça s’ra pas trop mon plaisir. »
Animateur : « Pourquoi ? »
E11 : « Bah, parce que les choses, elles sont pas trop bien et du coup, bah, j’aime pas trop. »
On constate, avec cet échange, l’envie de s’exprimer mais on perçoit les hésitations. Le rôle de l’animateur est important car il aide E11 à s’exprimer en l’encourageant à parler plus fort et en reformulant les propos.
L’un des freins le plus problématique est l’incapacité à entrer dans la réflexion. Le fait de ne pas entrer dans la réflexion empêche de participer aux discussions à visée philosophique.
Dans le verbatim suivant, on constate que cette incapacité à entrer dans la réflexion empêche d’entrer dans la discussion à visée philosophique. Il s’agit d’une discussion sur la notion de bonheur. L’intervention de E5 se situe vers la fin de la discussion.
Les élèves sont en train de chercher les ingrédients du bonheur. E7 qui a visiblement un livre listant les ingrédients commence à en donner : l’amour, le partage, les amis.E4 propose : « de manger tous ensemble. » Pendant ce temps, E5 joue avec son bermuda, avec ses doigts. Il n’est visiblement pas intéressé par la DVP. On voit clairement qu’il s’ennuie.
Animateur (à E12 qui lève la main) : « E12, les ingrédients du bonheur. »
E5 relève la tête à ce moment.
E12 : « J’sais plus c’que j’voulais dire. »
E5 lève la main.
Animateur : « E5, un ingrédient du bonheur ? »
E5 : « euh, des carottes. »
Animateur : « Des carottes ! Pourquoi ? »
E5 : « Parce que ça rend aimable. »
Moment d’agitation.
Animateur : « Est-ce que aimable, c’est le bonheur ? »
L’agitation se calme mais est toujours présente.
E5 (voyant qu’il amuse les autres, avec un sourire) : « des patates. »
E5 n’a pas conscience de la portée philosophique de l’échange. Il reste sur la signification première du mot ingrédient. Il essaie également d’amuser les autres ce qui pourrait fragiliser la dynamique des échanges entre les participants. Là encore, le rôle de l’animateur est important pour aider à recentrer le propos. Tout en essayant de faire entrer E5 dans la réflexion.
L’incapacité à entrer dans la réflexion ne pourra être levée que lorsque l’élève sera rentré dans la compréhension des échanges. Pour cela, il lui est nécessaire de ne plus être autocentré et de s’intéresser au discours de l’autre. Il faut avoir la possibilité de sortir de soi-même et de partager des questions existentielles qui s’inscrivent dans un temps et un espace que certains élèves ne se représentent probablement pas. Cependant, si l’écart entre les capacités de l’élève et ce qui lui est demandé est trop grand, il ne lui sera pas possible de progresser. C’est la théorie développée par Vygotsky.
Les éléments de remédiation et perspectives.
Du côté de l’animateur, il faut offrir des espaces de parole sécurisant en créant un sentiment d’appartenance. Il faut aussi savoir laisser de l’espace aux élèves.
Du côté des élèves, il faut veiller à la position physique au sein du groupe afin que l’élève petit parleur se sente appartenir au groupe. Il est nécessaire de proposer différentes approches durant la séquence afin de fédérer le plus grand nombre : photolangage, approche holistique, philo-art, littérature de jeunesse… Il faut également que les grands parleurs laissent de la place aux autres élèves.
Du côté de l’organisation, la mise en place de discussion à visée philosophique et démocratique semble également un bon levier pour améliorer la capacité d’écoute des faibles parleurs et peut-être par extension leur prise de parole. Le fait de leur donner un rôle les obligerait à être plus à l’écoute des participants. Ils se sentiraient concernés par les propos échangés. Cela développerait le sentiment d’appartenance à la communauté de recherche de laquelle ils se sentent exclus ou dont ils s’excluent eux-mêmes. Ils peuvent également développer leur réflexion sans se mettre en danger du fait de leur rôle pour, plus tard, quand ils se sentiront prêt, participer à la discussion.
Conclusion
La discussion à visée philosophique favorise l’évolution dans la maîtrise langagière de l’échange et développe la reconnaissance de soi grâce à l’amélioration de l’estime de soi. Pratiquer, la discussion à visée philosophique, c’est travailler la maîtrise de la langue orale de manière différente. On travaille le rapport à la langue et à la pensée. L’élève est accompagné dans son accès à la réflexion et à l’écoute. Il prend du plaisir à penser, à réfléchir avec les autres ce qui lui permet de s’épanouir. Ce type de discussion leur permet de se retrouver au même niveau que les grands parleurs de par l’universalité des questions. Il peut ainsi dépasser les barrières existantes ou qu’il s’est lui-même mises concernant le fait de parler devant tout le monde. De cette façon, il se révèle aux autres et est écouté, favorisant ainsi sa confiance et son envie de s’exprimer. Petit parleur deviendra grand.
- Beguery, J. (2015). Philosopher à l’école primaire : De la GS au CM2. Retz.
- Bulletin Officiel n°22 du 29-5-2019. https://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?pid_bo=38847
- Chirouter, E. (2016) Ateliers de philosophie en classe à partir d’albums de jeunesse. Hachette éducation.
- Metra, M. (2010). L’enfant maître de sa parole… Le langage oral à l’école maternelle. Chronique Sociale.
- Tharrault, P. (2007). Pratiquer le débat philo à l’école. Retz.
- Roque, E. (2022, 28 décembre). Grand bien vous fasse : Peut-on philosopher avec les enfants ? [Émission de radio] France Inter. https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-mercredi-28-decembre-2022-5167237




