Pourquoi cette demande de formation sur les présupposés dans les ateliers philo ?
Explicitation par les participants de cette demande (« Pourquoi avoir fait le choix de ce thème ? Afin de bien comprendre ce qu’est un présupposé et apprendre à reconnaître les présupposés dans nos propres idées et dans celles qui sont présentées par les jeunes… Les reconnaître pour les questionner ! »). Car il doit y avoir dans le présupposé quelque chose d’important, pour que l’on veuille y voir plus clair, mais quoi ? Et quelque chose à maîtriser sur cette question dans les ateliers philo, mais quoi ? D’autant que l’on ne se sent pas assez formé sur la question ! Qu’est-ce qui est donc en jeu dans le présupposé, quel sont ses enjeux dans une pratique philosophique ? Et quelle compétence sur la question doit acquérir un animateur… et un jeune ?
Définitions
Au sens linguistique
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Le présupposé (ou présupposition) est-ce qu’on suppose avant (pré-supposé). C’est une notion utilisée en linguistique : c’est une information qu’un locuteur tient pour acquise et qu’un auditeur peut tirer de l’énoncé de son interlocuteur (On parle d’inférence pragmatique). Elle se déduit d’un mot ou de plusieurs mots présents dans l’énoncé. Comme cette information est tenue pour acquise, elle n’a pas besoin d’être explicitée, et reste plus ou moins implicite. Elle entraîne un « savoir partagé énonciatif ». Exemples : le propos « Je vous promets de m’expliquer encore une fois », présuppose qu’il s’est déjà expliqué.) ; dans la phrase “Mon amie a arrêté de fumer”, on présuppose que l’amie a fumé par le passé. Le linguiste O. Ducrot parle de « présupposé » pour l’information tenue pour acquise (<mon amie fumait auparavant>) et de « posé » pour l’assertion principale (<mon amie a arrêté de fumer>). L’énoncé : « Le roi de France est chauve » a pour présupposé « Il existe un roi de France », et pour posé : « Il est chauve ».).
Synonymes de présupposer : supposer, conjecturer, postuler, préjuger, présumer.
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Le sous-entendu, au sens linguistique, suggère sans énoncer clairement ou complètement. Il se distingue du présupposé en ce qu’il ne se déduit pas de l’énoncé lui-même mais de la situation d’énonciation. Ex. dans l’ironie, le locuteur laisse entendre qu’il pense le contraire de ce qu’il dit. Deux messages sont délivrés : l’un, explicite, mais faux, l’autre, implicite, mais vrai. Il arrive que le locuteur dise une chose à son destinataire pour lui faire comprendre autre chose. Il peut dire, par exemple, « Il est tard » pour qu’il comprenne qu’il doit partir.
Au sens philosophique
On (ne) philosophe (qu’) avec et par le langage. Il est donc important de connaître la fonction à la fois linguistique et langagière du présupposé, et de la distinguer du sous-entendu. Mais la linguistique s’intéresse au fonctionnement des énoncés, avec une approche assez formelle, et en situation d’interlocution, alors que la philosophie se préoccupe plutôt de la pensée, de sa logique interne et de son contenu.
Exemple d’une phrase d’un pasteur américain : « Le sida est une punition divine infligée aux homosexuels pour leur vice ». Décorticage : cette phrase implique notamment 8 présupposés : L’homosexualité est un vice (non une préférence sexuelle). Un vice doit être puni. Le sida est une punition (non une maladie). Dieu existe. Dieu est un juge. Il peut punir. Il punit les vices. Il punit l’homosexualité. On comprend que cette opinion ne « tient » comme propos religieux, c’est-à dire n’a de sens, que par l’interconnexion de ces présupposés. Si certains de es présupposés s’avèrent faux, la phrase tombe, perd son bien-fondé, sonne creux…
Le « doit-on… » ou « faut-il… » au début d’une question présuppose que l’on peut le faire (C’est possible). La question de demande si c’est souhaitable ?).
Autre exemple : « La valeur d’une civilisation se juge au développement de sa technique. »
Cette petite phrase contient en elle-même huit opinions supplémentaires. Et il en est ainsi pour chaque phrase de tout discours.
Présupposés :
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Les civilisations ont une valeur plus ou moins grande.
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On peut juger de la valeur d’une civilisation.
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La technique peut être plus ou moins développée selon les civilisations.
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On peut juger du développement d’une civilisation.
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- Une civilisation peut être jugée par le développement de sa technique
- Le seul critère de la valeur d’une civilisation, c’est le développement de sa technique.
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Le développement des techniques est un indice de la valeur d’une civilisation.
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Une civilisation peut se développer.
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Les techniques ont différentes valeurs.
Quelles sont donc les questions auxquelles cette opinion était censée répondre ?
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Qu’est-ce qui fait la valeur d’une civilisation ?
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Le développement technique est-il le seul critère de la valeur d’une civilisation ?
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Doit-on juger ?
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Est-ce que le développement technique ajoute de la valeur à une civilisation ?\ Et dans quelle mesure ?
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Les civilisations sont-elles inégales en valeur ?
Socrate ne s’arrêterait pas là. Il ajouterait certainement les questions suivantes, plus fondamentales encore :
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Qu’est-ce qu’une civilisation ?
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Qu’est-ce que le jugement ?
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Qu’est-ce que la valeur en soi ?
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À quoi reconnaît-on le développement ?
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Quelle est l’utilité de la technique ?
Un présupposé est une affirmation impliquée par une proposition, et sans laquelle elle ne pourrait être valide. Il y a un lien logique entre un présupposé et la notion ou la thèse qu’il permet de poser ou soutenir. Il permet en philosophie d’affirmer une thèse (« Dieu est bon » présuppose que Dieu existe) ou de formuler une question (« Dieu est-il bon ? », même présupposé). Il est supposé vrai, et n’est donc pas à expliquer, servant de fondement à la pensée exprimée : c’est ce qui, dans un propos philosophique, est une supposition préalable nécessaire à sa validité logique. Pour qu’un énoncé soit vrai, ses présuppositions doivent l’être aussi. Mais où commence un présupposé ? Au moment où n’importe quelle question est posée, car son présupposé est que c’est une question posée par un humain ? Toute question présuppose que c’est un humain qui la pose… On élargit ici beaucoup la notion de présupposé. Soyons alors plus précis : une affirmation dont j’ai besoin comme fondement supposé vrai pour poser une question ou affirmer une thèse, poursuivre mon raisonnement, conduire ma pensée…
Les enjeux du présupposé en philosophie
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Le présupposé a donc un rapport épistémique à la vérité, car, au moment où il présuppose, il présent un aspect dogmatique (il s’affirme comme vrai !), qui résiste à la négation (c’est pour cela que, dégagé, il peut être critiqué). Il a aussi un rapport à l’éthique, car il peut servir à manipuler l’interlocuteur, en présentant comme acquise une information qui ne l’est pas forcément (consciemment, et c’est un mensonge, ou inconsciemment et à l’insu du locuteur, qui peut lui-même se tromper).
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Il faut en ce sens distinguer présupposé et préjugé. Le préjugé (pré-jugé) est une affirmation posée comme vraie sans jugement critique sur sa validité, sans conscience de son origine. Il tranche souvent en répondant à une question qu’il ne s’est pas explicitement formulée, ou à un problème qu’il n’a pas réellement examiné. On relie souvent en philosophie le préjugé à « l’opinion », idée ambiante que l’on a fait sienne comme une éponge s’imbibe, ou comme on attrape un virus qui traîne (Ex. : une idée majoritaire, ou consensuelle, ou le « politiquement ou éthiquement correct »).
Le présupposé peut être un préjugé ou non, car il peut avoir toutes ses raisons argumentées de s’affirmer comme vrai, après mûre réflexion. Mais il y a un intérêt à lui faire passer l’épreuve de son explicitation (dégager le marron de sa bogue), car son dévoilement peut éventuellement amener à le mettre en cause comme préjugé. C’est donc un enjeu de dégager les présupposés d’une thèse ou d’une question, pour les soumettre à la question, et interroger leur valeur de vérité.
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La prise de conscience des présupposés d’une question peut aider à la traiter
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Les connaissances scientifiques n’ont-elles qu’une valeur pratique ? Le sujet présuppose que les connaissances scientifiques ont une valeur pratique (Développer laquelle) ; il porte sur la question de savoir si elles ont seulement cette valeur-là, ou si elles en ont une autre (ou plusieurs autres, et lesquelles).
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La violence est-elle nécessairement contraire au droit ? Le sujet présuppose que la violence peut être contraire au droit ; il porte sur la question de savoir si c’est toujours le cas, donc si la violence est contraire au droit par essence : la question fait entrer en jeu la distinction entre le légal (droit positif tel qu’il existe) et le légitime (droit moral, ce qui devrait exister).
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La loi est-elle l’artifice des faibles ? Le sujet présuppose que la loi est un artifice (c’est-à-dire ?) ; il porte sur la question de savoir si ce sont ou non les faibles qui en sont les auteurs, et pourquoi ?
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Pourquoi craindre la technique ? Le sujet présuppose que la technique peut, ou doit inspirer de la crainte ; il porte sur la question de savoir pour quelles raisons, et dans le même mouvement, suggère d’examiner si ces raisons sont pertinentes ou non.
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L’art peut-il se réduire à une technique ? Le sujet présuppose que l’art comporte de la technique ; il porte sur la question de savoir s’il ne comporte que cela et si non, qu’est-ce qu’il comporte d’autre ou de plus.
L’intérêt de travailler sur les présupposés éventuels d’une question, d’apprendre à les repérer, est de se retrouver devant une affirmation (une thèse), qui répond elle-même à une question à formuler. « Dieu est-il juste ? » présuppose que Dieu existe, thèse qui répond elle-même à la question « Dieu existe-t-il ? », à laquelle on peut répondre non, ce qui rend alors « faible » la portée de la première question posée, ciblée car elle ne concerne plus alors dans son authenticité que les croyants…
La question peut être motivante pour chercher une réponse, elle peut traduire aussi de l’inquiétude devant l’ignorance ou la complexité de sa réponse. Par opposition, un présupposé est une affirmation, que je peux discuter. Le présupposé peut donc être un moyen de prendre une question « par un bout » !
Une façon aussi de remonter à une question, pour évaluer ses enjeux, c’est de se demander qui la pose. En philosophie, ce peut être quiconque (la question est jugée universelle), mais peut-être qu’un athée ne se pose pas certaines questions que peut se poser le croyant (Ex. : « Irai-je au paradis après ma mort ? »). Y a-t-il alors des questions spécifiquement d’homme et de femme (Ex. « En quoi porter un enfant modifie mon être au monde ? » ?), ou seulement des questions d’humain ? D’enfant et d’adulte ? De jeune et de vieux (Ex. « La conscience de vieillir me rend-elle plus sage ? »). De pauvre et de riche ? D’occidental et d’oriental ? Etc. Une question philosophique est-elle toujours décontextualisée ? Sinon, on peut davantage comprendre certains présupposés selon leur provenance : dis-moi qui tu es, je comprendrai mieux tes présupposés !
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Enjeux didactiques
Il y a des choix à opérer dans l’animation. On peut s’en tenir à identifier des présupposés : ce passage de l’implicite à l’explicite éclaire celui qui pense, car il ne se rendait pas forcément compte de ce qu’il pensait vraiment en disant ce qu’il dit, car il n’avait pas pleinement conscience des implications de ses propos. Et on poursuit ensuite le traitement de la question sans s’appesantir.
On peut aussi discuter du présupposé comme tel, ce qui nous éloigne de la question de départ, mais opère pour la personne une clarification. C’est important quand le présupposé apparait comme un préjugé, et c’est peut-être le critère à retenir pour s’y appesantir. Mais qui décide qu’un présupposé est un préjugé (L’animateur ? Mais s’il a le même préjugé, il ne sera pas spontanément enclin à le remettre en question ! Et il peut aussi considérer un présupposé comme un préjugé, simplement parce qu’il n’est pas d’accord avec lui !).
Mais l’examen des présupposés peut durer, et l’on n’aura pas alors suffisamment de temps pour traiter la question elle-même. Il faut donc gérer au mieux le capital-temps disponible, entre analyser les présupposés d’une question et traiter celle-ci : c’est un choix didactique à opérer…
Dégager les présupposés d’une affirmation ou d’une question, une compétence philosophique
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Et c’est une véritable compétence, pour les participants à un atelier philo comme pour son animateur. Or toute compétence demande une formation, un entraînement (voir les exercices plus loin). Il s’agit de mettre au jour les différents présupposés sur lesquels s’appuient nos opinions afin d’en prendre conscience, d’être en mesure de les questionner, de les problématiser et d’en montrer les limites. C’est vrai pour les jeunes, mais aussi pour les animateurs/trices, dont nul(lle) n’est à l’abri de préjugés ! Attention à ne pas orienter une discussion à partir de ses propres présupposés !
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Dégager des présupposés demande une posture et un certain regard sur les énoncés. La posture, c’est de ne pas immédiatement tenter de répondre à une question posée, mais de questionner la question, analyser sa formulation. Car c’est par cet examen que l’on connait les fondements d’une pensée et que peuvent être dégagés, débusqués les présupposés, pour éventuellement les critiquer. On peut en effet en philosophie, au lieu de tenter de répondre à une question telle qu’elle est posée (Dieu est-il bon ?), juger la question mal posée, biaisée, la déplacer, la reformuler (ex. « A supposer que Dieu existe, qu’est-ce qui pourrait plaider pour sa bonté ? »). Dévoiler des présupposés met à jour le sous-bassement de sa pensée, que l’on peut donc interroger : ce dévoilement n’a rien à voir avec l’étalement de sa vie privée et de son intimité, car une idée philosophique a un caractère public, à cause de son universalité et de son caractère partageable. Il s’agit de mettre au jour l’origine de ce que l’on pense, qui explique en partie pourquoi ces idées présupposées par nos propos nous servent de fondement.
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Il y a plus généralement des présupposés théoriques à certaines affirmations : notamment la conception ou vision du monde sous-jacente à un propos et qui oriente notre jugement. Par exemple, « Il n’y a rien après la mort » présuppose une conception matérialiste de la vie, de la mort, de Dieu. « Bien agir sur terre nous permettra d’aller au paradis » implique une conception religieuse de la mort, de l’âme, de la récompense divine après un jugement. « La sagesse est la maîtrise des passions » présuppose une conception dangereuse de la passion, un désir humain de sagesse, une conception de la philosophie comme pratique raisonnable, et la possibilité pour l’humain de se maîtriser etc. Les énoncés prennent donc souvent place dans une « vision du monde » plus large, qui s’éclaire par rapport à des courants structurant l’histoire de la philosophie. Cette vision du monde peut concerner les différents champs de la philosophie : la métaphysique, l’épistémologie, l’éthique, la politique, l’esthétique. Il est donc souhaitable de connaître ces différents champs dans leurs grandes lignes, pour comprendre les tenants et aboutissants de tel ou tel propos. Ce sont là en ce sens des présupposés philosophiques. Exemple : ; universalisme versus particularisme, ou différentialisme ou relativisme…
On peut ainsi dégager :
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des présupposés métaphysiques : monisme (Une seule substance : « Compte tenu que le corps pense, … ») versus dualisme (Deux substances : « Apprendre à philosopher, c’est chercher à séparer l’âme du corps) « ; liberté (postulat de son existence : « La responsabilité découle de la liberté humaine ») versus déterminisme (« Œdipe n’a fait qu’obéir à son destin ») ; spiritualisme (« L’histoire humaine est celle du déploiement progressif de l’esprit dans le temps ») versus matérialisme (« La mort est l’arrêt de nos fonctions vitales »).
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des présupposés épistémologiques, concernant la théorie de la connaissance, le rapport à la vérité, au savoir : rationalisme (« L’idée claire et distincte d’une chose provient de notre entendement ») versus empirisme (« C’est ce que l’on peut vérifier par nos sens ») ; dogmatisme (« Cette opinion, par exemple un dogme religieux, est indiscutable ! ») versus relativisme (« Cela dépend du point de vue auquel tu te places ») ou pragmatisme (« Alors d’accord avec toi si c’est utile et que ça marche ») ; objectivisme (« C’est démontré scientifiquement ! ») versus subjectivisme (« Ce n’est que mon point de vue ! ») ou intersubjectivisme (« Si on arrive à se mettre d’accord entre nous… ») ; réalisme (« Comme le monde existe indépendamment de moi… ») versus idéalisme (« Comme le monde n’est qu’une représentation de mon esprit… ») ; innéisme (« Etant donné la nature humaine… ») ou constructivisme (« Je me suis approprié peu à peu cette théorie ») ; créationnisme (« Dieu a créé l’homme », Cf. la Genèse) versus évolutionnisme (« L’homme, en tant qu’espèce animale… ») etc.
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des présupposés éthiques : essentialisme (« L’homme est fait comme ça ! ») versus existentialisme (« L’homme s’auto-crée », parce qu’il est libre) ; déontologisme (« C’est mon devoir imprescriptible ! ») versus conséquentialisme (« Ta moralité dépend des conséquences de ton acte ! ») ; humanisme (« L’homme étant la valeur centrale… ») versus anti spécisme (« Est-il légitime que l’homme domine les animaux ? ») ou trans (post-)humanisme (« Nous allons créer une espèce parfaite, immortelle et toute-puissante ») etc.
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des présupposés politiques: vision démocratique (« Liberté, égalité, fraternité ») versus anarchiste (« Le contrat est le fondement légitime des relations entre des individus, en partant de la base ») ou totalitaire (Ex. du fascisme : « L’individu est un élément infinitésimal et passager de la nation ») ; libéralisme versus socialisme etc.
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des présupposés esthétiques: beau comme critère de la création artistique ou pas, art comme imitation de la nature ou pas etc.
Exercices
Dégager les présupposés des questions suivantes
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Ne travaille-t-on que pour gagner de l’argent ? Présupposé : la motivation exclusive (« ne… que pour ») du travail est l’argent
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Faut-il aimer la vérité ? P : la vérité existe et on peut l’aimer.
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A-t-on le droit de refuser la vérité ? P : la vérité existe, et on peut la refuser.
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Doit-on renoncer aux passions ? P : on est capable de porter un jugement sur les passions et il est possible d’y renoncer.
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La raison suffit-elle à définir l’homme ? P : la raison permet de définir l’homme.
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A quelles conditions est-on un homme libre ? P : on peut être libre et il y a des conditions à la liberté.
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Le travail est-il nécessairement aliénant ? P : il y a des activités aliénantes et le travail est aliénant
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Qu’est-ce qu’un vrai bonheur ? P : le bonheur existe, et il y a de vrais et de faux bonheurs.
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Quelles compétences faut-il avoir pour apprécier une œuvre d’art ? P : il faut des compétences pour apprécier une œuvre d’art.
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A quelles conditions la loi est-elle légitime ? P : la loi peut être légitime et il y a des conditions à la légitimité de la loi ?
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À quoi sert la violence ? P : la violence sert à quelque chose.
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D’où viennent les idées méchantes ? P : Il y a des idées qui sont méchantes, et elles viennent de quelque part.
Questions posées
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Comment nos présupposés peuvent-ils influencer notre façon d’intervenir dans un atelier ?
R : d’une manière générale, nous avons des idées sur certaines questions, plus ou moins fondées d’ailleurs, et dans l’expression de ces idées, il y a souvent des présupposés. Nous tenons à ces idées (éthiques, politiques, métaphysiques etc.), car elles traduisent notre vision du monde, et sont des points de repères qui nous permettent de comprendre et d’agir. Si elles ne sont pas solidement fondées, il y a de fortes chances que ce soient des préjugés. On peut relativement se prémunir de l’influence que ces idées, avec leurs présupposés, peuvent avoir sur les jeunes quand nous animons une discussion, en ne les exprimant pas ou en ne cherchant pas à ce qu’ils y adhèrent. C’est la nécessité méthodologique d’une neutralité de l’animateur sur le fond dans l’animation d’une DVP.
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Comment sortir de ses propres émotions ?
R : Pour les émotions, cela demande un travail sur soi, surtout quant en tant qu’animateur j’entends des propos qui me dérangent, sont contraires à mes valeurs (ex. : racisme, sexisme, homophobie, xénophobie etc.) Je les reformule de façon affectivement neutre, et demande au groupe s’il est d’accord, pour lui dévoluer la discussion…
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Comment sortir de ses propres présupposés !
R : Il faut chercher à prendre conscience de ses présupposés, pour examiner s’ils sont des préjugés.
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Quel est l’importance du doute pour questionner nos présupposés et amener les jeunes à se questionner ?
R : Fondamental, car il les met à l’épreuve.
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Comment se préparer pour une discussion philosophique quand on anticipe que des participants auront des présupposés incontestables ? Si un présupposé est issu d’un stéréotype/préjugé, que devons-nous faire comme animateur, quelle posture devons-nous adopter ?
R : Un présupposé indiscutable pour un jeune apparait comme dogmatique. Il faut donc lui demander : de le justifier rationnellement ; de chercher des objections à son point de vue ; de répondre à des objections qu’on lui fait…
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Comment questionner les certitudes et les présupposés avec bienveillance ?
R : Toute personne a le droit de penser ce qu’elle pense, et de pouvoir l’exprimer. Mais elle a l’exigence intellectuelle de le fonder rationnellement. Ne jamais mépriser la personne, qui est en philosophie un interlocuteur valable. Ou dénigrer son point de vue : c’est au groupe prioritairement de critiquer un propos, et parfois à l’animateur de se faire l’avocat du diable, mais de façon modalisée sous la forme d’un discours rapporté, et jamais comme son propre point de vue.
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5ᵉ – 6ᵉ année : « Un garçon dit : Quand y’a des personnes qui t’écœurent (t’emmerdent), tu les fais disparaître ! Et il dit que le coup de poing est la meilleure façon de régler les conflits ! » Malgré les interventions des autres, il ne veut rien savoir ! La discussion se termine en confrontation d’idées entre l’animateur et l’élève.
La confrontation directe n’est pas souhaitable, car l’élève peut se braquer, et camper sur son point de vue. Faire discuter son point de vue par ses camarades.
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Sur quels critères pouvons-nous nous appuyer pour distinguer un présupposé qui pourrait rester dans une question qui sera traitée de celui qui ne devrait pas l’être?
R : Le présupposé à examiner est celui qui apparait comme un préjugé.
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Une fois, un élève a dit que, par exemple, nous ne pouvons pas présupposer que le ciel est bleu, car cela présuppose que nous voyons tous la même couleur alors que nous ne le savons pas vraiment.
R : c’était une bonne remarque !
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Quand doit-on mettre un « frein » au présupposé qui remettrait toutes les « vérités » actuelles en question ?
R : Il me faudrait un exemple