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Graines de philo à Antibes dans le cadre des activités périscolaires

Tout au long de l'année scolaire 2017-2018, 44 agents d'animation de la Direction de l'Education de la ville d'Antibes ont été formés à l'animation d'ateliers à visée philosophique dans le cadre d'un projet conduit par la Ville sur l'éducation à la citoyenneté et au vivre ensemble.

Six jours de formations théoriques ont ainsi été réalisés en alternant des exercices pratiques à réaliser sur les accueils durant 6 mois. Cette formation a été dispensée par les Francas du Var, détenteur du label qualité CHAIRE UNESCO.

Par voie de conséquence, ces agents ont obtenu un agrément "Graines de philo - pratiques philosophiques avec les enfants", labélisé chaire UNESCO, suite à la réussite de la validation de critères spécifiques au projet de formation.

Sur les chemins qui font grandir...

L'objectif de la démarche est de permettre aux enfants des écoles maternelles et élémentaires d'acquérir des compétences sociales nécessaires à l'exercice de la citoyenneté et plus particulièrement de développer le questionnement, l'argumentation, la prise de parole, l'écoute de l'autre, la réflexion et de développer l'esprit critique.

L'amour, l'amitié, la loi, les règles, la vérité, le mensonge, vivre ensemble, grandir, le bonheur, la liberté, l'émotion, l'imaginaire... sont autant de thématiques abordées au cours de ces ateliers.

Le 21 juin dernier, les agréments ont été remis aux agents à l'occasion d'une présentation et d'une valorisation de la démarche, à partir des travaux réalisés avec les enfants durant le temps périscolaire.

C'est sous l'impulsion de M. Yves DAHAN, adjoint au maire à l'éducation et la petite enfance que le projet a pu aboutir et continuera à se développer dans le cadre du nouveau PEDT engagé par la commune. En effet, c'est encore 30 agents issus des équipes d'animation périscolaires de la ville d'Antibes, qui vivront à nouveau cette formation, cette année au profit des petits Antibois.

Le programme des Rencontres Philosophiques d'Uriage (12 au 14 octobre 2018), sur " Peut-on encore être humaniste ?", est en ligne sur http://www.rencontres-philosophiques-uriage.fr/ Parmi les invités de cette neuvième édition : Aurélien Barrau, Alim-Louis Benabib, Jean-Michel Besnier, Etienne Bimbenet, Jean-Yves Goffi, Thierry Hoquet, Thierry Ménissier, Catherine Larrère, Guillaume Le Blanc, Jocelyne Porcher, Francis Wolff...

Comme chaque année, un jury va être amené à élire le lauréat du Prix du Livre des Rencontres Philosophiques d'Uriage. La participation à ce jury est ouverte à tous.

"Il faut bien dire l'ambiguïté de cette institution, le prix du livre, au sein des Rencontres d'Uriage, dit Jean-Pierre Carlet : à la fois simple prétexte, d'amorce en quelque sorte, au vu de ce qui se dira dans les conférences, les tables rondes et les ateliers, à la fois moment révélateur de l'esprit d'Uriage puisque ce sont des amateurs de philosophie et non des professionnels qui ont à se prononcer sur ce que la philosophie vivante leur dit et leur fait ! Cette ambiguïté fixe donc un cap pour ces mois de lecture ouverts à toutes et à tous et promettant de premières belles rencontres : l'échange convivial de compréhensions, d'interprétations et de sentiments entre des personnes qui n'ont par principe d'autre point commun que celui de chercher à mieux comprendre le monde tel qu'il va, et qui nous emporte !

Non, décidément, la lecture philosophique n'est pas un plaisir solitaire puisque, dès sa découverte, un philosophe est actuel en ce qu'il vient faire bouger nos croyances et nos convictions. Comment, dès lors, ne prendrions-nous pas les autres, tous les autres, à témoin ? C'est d'abord à propos de l'élaboration singulière de questions touchant notre monde que l'attention des lecteurs est mobilisée : est-ce bien de cette façon qu'une difficulté trouve une chance d'être pensée et surmontée ? Mais c'est aussi la valeur des arguments que je défends ou que j'entends ici ou là qui se trouve mise en crise, en chantier. Tout cela avec un espoir, celui de définir plus justement les notions qui guident ma vie. Et si l'objectif (skopos) déclaré et attendu est bien d'établir une hiérarchie entre des livres récents afin de féliciter un lauréat pour l'année, la finalité (telos) qui fait le prix de ce prix est certainement de faire vivre, par la transmission et la discussion, des pensées innovantes. Le premier requiert pour parvenir à une entente commune des synthèses parfois peut-être scolaires, tandis que la seconde met en oeuvre un dialogue sincère entre des lecteurs ouverts aux préférences particulières et aux positions originales".

Les livres en lice cette année (par ordre alphabétique des noms d'auteur) :

  1. Les robots font-ils l'amour ? (Laurent Alexandre, Jean-Michel Besnier, 2016). Les sciences et les techniques dont jusqu'au XXe siècle on attendait une amélioration toujours accrue de la vie humaine ne sont-elles pas en passe d'en menacer l'équilibre, la valeur, le sens ? Un dialogue exigeant sur le transhumanisme entre un scientifique et un philosophe.
  2. Le complexe des trois singes (Etienne Bimbenet, 2017). L'époque contemporaine tend à donner une signification tout à fait inédite à l'inscription de l'homme dans le règne animal. S'agit-il d'une salutaire remise en question des abus que notre espèce impose à l'ensemble de la nature ou bien au contraire est-ce le signe inquiétant d'une redistribution des critères de jugement dans l'ordre des savoirs comme dans l'évolution de notre morale et de notre rapport au monde. Progressisme authentique ou bien fuite devant les véritables responsabilités humaines ?
  3. Penser et agir avec la nature (Catherine et Raphaël Larrère, 2015). Les graves menaces environnementales que les activités et techniques humaines font peser sur la planète ne nous obligent-elles pas à repenser les oppositions classiques qui ont structuré notre rapport au monde extérieur, à commencer par celle entre nature et culture. Non pas dans l'espoir romantique et intenable d'une suppression des distinctions, mais plutôt dans un refus du durcissement entre les termes des couples : penser un artifice, une technique, qui se soucie de la nature au lieu de la combattre. Contact : rpu.uriage@gmail.com

On pourra trouver des informations sur différentes rencontres philosophiques en France :

Langres :

http://eduscol.education.fr/cid117581/rencontres-philosophiques-langres-2017.html

Saint Emilion : http://www.festival-philosophia.com/

Monaco : http://philomonaco.com/

Lille : http://www.citephilo.org/

Le Mans : http://forumlemondelemans.univ-lemans.fr/fr/index.html

Clermont-Ferrand : http://www.philo63.org/

Publications

Pourquoi et comment philosopher avec des enfants ? Hatier, août 2018 (350 pages, 23,90 euros). Corédigé par Olivier Blond-Rzewuski (coord.), Edwige Chirouter, Jean-Charles Pettier, Patrick Tharrault, Michel Tozzi, Michel Sasseville, Christian Budex, François Galichet.

Un (le ?) livre de référence pour la pratique de la philosophie à l'école primaire

De la théorie aux outils et séances en classe, cet ouvrage propose des approches concrètes pour permettre à l'enseignant de cerner les enjeux des pratiques philosophiques et trouver la mise en oeuvre qui lui convient. Ecrit par les meilleurs spécialistes sur la question, il articule la théorie et la pratique (Plus de 30 fiches thématiques pour se lancer dans la pratique de la philosophie avec les enfants).

On peut feuilleter le livre sur : https://www.editions-hatier.fr/flip/flex/97824010453090

Un numéro particulièrement important sur philosophie et EMC : Pratiques de philosophie et enseignement moral et civique à l'école primaire : quelles articulations (Belgique, France, Québec, Suisse) ?, (Coord. Bettina Berton et Claudine Leleux), Spirale n° 62, oct. 2018.

Articles de :

  • Jérôme Hubinont : Enseigner la philosophie dans un cadre institutionnel déterminé par un système normatif (15-24).
  • Claudine Leleux : Articulations entre philosophie et citoyenneté dans le référentiel d'éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC) de 6 à 14 ans en Belgique francophone (25-37).
  • Edwige Chirouter : Platon au programme - Des ateliers de philosophie à l'école primaire à partir de l'anneau de Gygès, un exemple de laboratoire de pensée (39-50).
  • Laurence Breton et Cendrine Marro : Apprendre à philosopher en cours moyen dans le cadre de l'enseignement moral et civique (51-61).
  • Michel Tozzi : Développer le jugement moral et la citoyenneté des élèves par la discussion à visée démocratique et philosophique (DVDP) (63-71).
  • Ariane Richard-Bossez, Michel Floro et Alain Legardez : Les débats d'inspiration philosophique- Une pratique ambivalente pour l'enseignement moral et civique ? (73-88).
  • Martine Durand-Terreaux : Le choix de la philosophie à l'école élémentaire- Quelle faisabilité dans le cadre de l'enseignement moral ? (89-101).
  • Sylvain Connac : Les discussions à visées démocratiques et philosophiques - Quelles pensées réflexives développées ? (103-112).
  • Nancy Bouchard et Marie-France Daniel : Une typologie du dialogue en philosophie pour enfants examinée à partir d'un modèle d'analyse de l'éducation éthique (113-122).
  • Catherine Malboeuf-Hurtubise, David Lefrançois et Geneviève Taylor : Le rôle potentiel de la présence attentive et de la philosophie pour enfants dans le développement de l'autodétermination chez des élèves du primaire (123-140).
  • Nicolas Go : La philosophie pour elle-même (141-150).

Commander le numéro : https://spirale-edu-revue.fr/spip.php?rubrique84

Dans un numéro spécial, Côté Philo, revue de l'Acireph (Association pour la Création d'Instituts de Recherche sur l'Enseignement Philosophique), fête les vingt ans de sa création. Ci-dessous l'éditorial.

"1998-2018 : voici vingt ans que notre association est née, et cela méritait d'être célébré. Depuis sa création, l'Acireph n'a eu de cesse d'ouvrir des débats et de promouvoir les transformations qui nous paraissent nécessaires pour améliorer et démocratiser l'enseignement de la philosophie en France.

Critiquer le statu quo, proposer des changements, nourrir notre formation continue, mutualiser nos pratiques pédagogiques, nos trouvailles, nos doutes, agir en direction de l'institution pour faire connaître nos positions : nous nous efforçons depuis vingt ans de tenir ces caps, avec les moyens et l'énergie que nous offrent nos membres.

Minoritaires, nous assumions de l'être à nos débuts : l'histoire est lente, et celle de notre enseignement fut longtemps embourbée dans des clivages et des postures doctrinales dont nous avions dessiné les contours dès notre Manifeste pour l'enseignement de la philosophie.

Pourtant, l'évolution est palpable, nous n'y sommes peut-être pas pour rien : même parmi les éternels défenseurs de la philosophie philosophante et des traditions - flou des notions et carcan de la dissertation en tête -, on observe des signes d'émergence timide d'un sommeil dogmatique : sortir la philosophie de son enfermement en Terminale, mieux déterminer les programmes, imaginer d'autres épreuves pour le baccalauréat, enseigner la philosophie en lycée professionnel, autant d'idées qui faisaient bondir hier les détracteurs du rapport Derrida-Bouveresse, et qui gagnent aujourd'hui du terrain au sein d'une profession qui se renouvelle. L'aciréphisation des esprits a commencé, et il n'est pas rare d'entendre nos collègues, jeunes et moins jeunes, s'interroger de plus en plus ouvertement, dans les enquêtes, les réunions ou sur les réseaux sociaux, quant à notre prétendue liberté philosophique, ou la justice de l'épreuve de philosophie au baccalauréat.

Que la situation de l'enseignement de la philosophie soit devenue intenable, et qu'elle le demeure tant qu'aucune transformation de la nature même de cet enseignement n'aura lieu, voilà qui semble clair à la plupart de nos jeunes collègues qui découvrent le métier. La nature d'un enseignement, ce sont bien sûr les moyens qui lui sont alloués, heures et postes, mais c'est surtout la manière dont il se fait, concrètement, les programmes qui en déterminent les contenus, les approches pédagogiques qu'il s'autorise et promeut, et les épreuves qui dictent l'évaluation des élèves qui lui sont confiés.

Les critiques de l'Acireph n'ont jamais eu pour cibles les professeurs, qui font de leur mieux dans les conditions qui leur sont faites par l'institution, comme n'importe quel agent dans n'importe quelle structure agit comme elle l'y encourage, détermine, et oblige. C'est bien le cadre institutionnel de notre enseignement que nous visons à faire évoluer, car c'est lui qui exige de nous que nous exigions de nos élèves des prouesses hors de leur portée qui laissent sur le carreau, de plus en plus indifférente, une majorité dont l'héritage socio-culturel et le capital linguistique n'est pas conforme aux épreuves élitistes qui convenaient pour évaluer les quelques pourcents d'une classe d'âge qui se voyaient dispenser un enseignement de philosophie quand elles furent inventées.

Ce sont encore ces structures institutionnelles qui nous privent presque entièrement de notre liberté philosophique et pédagogique : en entretenant la confusion, des concours aux inspections, entre un cours et une leçon, et en refusant de dire clairement ce qui est au programme et ce qui ne l'est pas. Contrairement à ce que croient les traditionnels défenseurs d'un programme de notions, l'indétermination d'un tel programme ne garantit en rien une quelconque liberté, sinon au sens d'une sorte d'état de nature qui relève en dernier ressort du rapport de force, en l'occurence de l'arbitraire culturel qui détermine les traditions philosophiques dominantes à l'université, dans les manuels, et qu'on retrouve inlassablement dans les copies du baccalauréat. Comment rendre compte du nombre d'impératifs catégoriques, de cavernes, de dialectiques du maître et de l'esclave ou de cogitos qui semblent être les seuls passages obligés par lesquels notre enseignement soit véritablement déterminé, mais souterrainement, par la seule inertie de la tradition ? Si notre liberté philosophique est si précieuse, comment expliquer qu'on retrouve avec une telle obstination les philosophes de la tradition idéaliste en si bonne place parmi les oeuvres choisies pour la lecture suivie, la trinité Platon-Descartes-Kant n'ayant jamais été détrônée depuis plus de cinquante ans ? Ceux qui prétendent qu'un programme plus précis réduirait notre liberté se trompent fort ; c'est tout le contraire : un programme moins lourd, comprenant moins de problèmes à aborder, mais sur lesquels - exclusivement - on saurait que les élèves pourraient être évalués à l'examen, permettrait enfin aux professeurs d'avoir le temps de renouveler et d'approfondir les approches, les auteurs qu'ils utiliseraient pour étudier ces problèmes avec leurs élèves.

Voilà pourquoi nous persévérons dans notre combat pour un enseignement de la philosophie plus formateur et tenant compte des élèves qui lui sont confiés. Le statu quo en place depuis des décennies n'est plus tenable, nous le constatons chaque année dans nos classes. Malgré l'inventivité et le dévouement des collègues, la souffrance est grande, particulièrement en séries technologiques et ce n'est pas un hasard si la demande pédagogique trouve des échos, non pas dans la formation initiale et continue des professeurs (qui n'a jamais, ou très imparfaitement, joué son rôle à l'égard de cette dimension pourtant fondamentale de tout enseignement), mais sur les réseaux sociaux qui recueillent l'essentiel des témoignages, mutualisent les réussites et les échecs des collègues... et lors des journées d'étude de l'Acireph, que nous organisons chaque année avec l'ambition de prouver la nécessité de tels espaces d'échange et de débat pour notre métier.

Non, ce qui fait obstacle à l'enseignement de la philosophie au lycée, ce n'est pas d'abord la mauvaise formation antérieure des élèves ou une insuffisante maîtrise de la langue - face auxquelles nous serions réduits à l'impuissance. Nous croyons fermement qu'il est possible d'agir, à notre niveau, non pas pour niveler la philosophie au niveau actuel des lycéens, mais pour redonner à notre enseignement de véritables exigences intellectuelles qui le rendent plus formateur et plus désirable pour nos élèves.

L'Acireph ose et imagine : ce numéro spécial de notre revue Côté Philo témoigne à sa manière de ce travail que nous menons depuis vingt ans. Sans dogmatisme ni prétention à détenir la vérité sur l'enseignement de la philosophie, nous avons à coeur de proposer aux professeurs de philosophie des réflexions sur l'état des recherches contemporaines, un recul historique sur notre discipline, d'ouvrir des chantiers pédagogiques pour transformer les pratiques et des débats pour faire évoluer les représentations de notre profession."

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