Revue

Dialogue avec Pascaline sur l'amour

Dans ce dialogue des enfants avec Pascaline, j'ai pu observer deux types de discours :

  • Ce qu'on leur a dit de l'amour, avant toute expérience. Par exemple, on y parle d'un "code de l'amour", où il dit que seule une fille peut-être amoureuse d'un garçon. Il s'agirait donc d'une forme de préjugé.
  • Ce que les enfants perçoivent directement de l'amour. Certain vous diront par exemple "qu'on devient rouge quand on est amoureux", et à la question "pourquoi ?", un autre répondra avec poésie " parce qu'on a un coeur dans le ventre".

Or, c'est précisément par rapport à ces deux types de discours qu'intervient le philosophe dans la Cité. Mais de quelle façon ?

L'un des enfants l'a dit lui-même : "En apprenant à se poser des questions".

La philosophie dans la Cité va apprendre à questionner les idées préconçues et les stéréotypes qui oeuvrent dés le plus jeune âge, et qui d'année en année risquent de gagner en inconscience et donc en vigueur.

Le philosophe dans la Cité enjoint de se libérer de tout ce qui obstrue et empoisse la pensée.

Bref, il invite à se débarrasser "de cette masse gélatineuse au fond de la rétine", pour reprendre l'expression de Roland Barthes s'agissant de la bêtise, qui bien souvent se trouve en chacun là où on ne l'attend pas.

En ce sens, on peut dire du philosophe dans la Cité qu'il est moins dans le dire que dans le faire. Ainsi, il nous déracine de toutes ces opacités pour nous faire gagner des racines plus profondes, celles faisant accéder à notre originalité, notre singularité propre.

A l'analyse du deuxième type de discours noté chez ces tout petits, à savoir ce qu'ils ont perçu directement de l'amour, il apparaît encore une autre dimension de la philosophie dans la Cité : si elle souhaite interpeller et faire naître la question, ce sera toujours en s'évertuant à "trouver le chemin des coeurs", pour reprendre l'expression de Jankélévitch.

Ce qui implique pour le philosophe dans la Cité de questionner non à travers des spéculations abstraites, mais en partant du ressenti de l'autre et de son expérience.

Dans cette optique, et fidèle à ses racines, sachant à la fois combiner amour et sagesse, peut-être que la philosophie pourra s'élever et grandir en chacun de nous, aussi loin et aussi fort qu'un véritable amour, au point de nous en faire ressentir, comme pour ce petit garçon, "un coeur dans le ventre".

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