Organisé par les associations Himéros de Marseille et Agora Philo Lyon, aura lieu les 5 et 6 juin 2010 au Théâtre du Carré 30 (12, rue Pizay - Lyon 1er - Métro ligne A, station : Hôtel de ville), un Philostival sur "Les identités et la Vie".
Contacts : g.dru@orange.fr 06 78 84 14 83
Bloginternet : http://cafesphilocolloques.hautetfort.com
Programme :
Le samedi 5 juin 2010
9 heures 30- Accueil.
10 heures - Présentation du Philostival.
10 heures 15 - Conférences.
- 1) Etienne Haché (Edmonton, Canada) - Savoir, autonomie et identité.
- 2) Christian Moncel (Lyon) - Pessoa et la quête de l'identité.
- 3) Fernand Reymond (Marseille) - Les identités subjective, sexuelle et culturelle.
- 4) Romain Jalabert (Narbonne) - L'identité narrative selon Paul Ricoeur.
12 heures 30 - Repas.
14 heures 30.
- 5) Gunter Gorhan (Paris) - Identité et vérité.
15 heures - Questions aux intervenants.
15 heures 30 - Café philo, animé par Gunter Gorhan .
17 heures 30 - Synthèse de Romain Jalabert et conclusions par Etienne Haché.
18 heures- Pause.
18 heures 15 - Théâtre. Drame : Un destin de femme, écrit par Fernand Reymond et mis en espace par Angèla Sauvage Sanna avec Fanny Veillet, Benoit Musy et Lionel Four.
20 heures - Soirée libre et hors programme.
Le dimanche 6 juin 2010.
9 heures 30 - Visite du Vieux Lyon, départ place Saint Jean.
11 heures- Reprise du programme.
- Présentations par Etienne Haché : La philosophie vue du Canada, théories et pratiques.
- Romain Jalabert et Gunter Gorhan : Le philosopher dans la cité, en France et en Europe.
12 heures 30- Repas.
14 heures 30 - Questions aux intervenants.
15 heures - Café philo avec une question votée, animé par Fernand Reymond.
16 heures 30 - Synthèse par Romain Jalabert.
16 heures 45 - Conclusions par Etienne Haché.
17 heures- Fin du Philostival.
Philippe Corcuff renouvelle à l'Université populaire de Nîmes son expérience d'atelier philo de l'Université Populaire de Lyon. 4 séances auront lieu les 29 avril, 6, 10 et 27 mai 2010, sur le thème "Mémoire et utopie".
Contact : http://unipop.nimes.free.fr
Nathalie Frieden nous a donné les informations ci-dessous sur la philosophie en Suisse et sur une expérience intéressante : Jeunesse-débat.
"Ce qui caractérise la Suisse dans le domaine de l'enseignement est une grande décentralisation et une certaine liberté académique. Ce pays est composé de 24 cantons et demi-cantons, ayant chacun une ou plusieurs lois scolaires. Il existe donc une pluralité de situations pour l'enseignement de la philosophie.
Dans aucun canton, la philosophie pour enfants n'est présente institutionnellement dans le programme du primaire. Par contre depuis plusieurs années, nombre d'instituteurs se sont formés dans ce domaine et ont développé des DVP dans leur classe. Un des premiers formateurs de ces maîtres a été M. Tozzi qui est revenu plusieurs années de suite à Fribourg.
Aujourd'hui le seul canton qui offre à la HEP (Haute Ecole Pédagogique) une formation aux futurs instituteurs pendant leur formation initiale est le canton de Fribourg (Voir l'article de Samuel Heinzen).
Au secondaire, la philosophie est enseignée pendant les deux ou trois dernières années de la scolarité, en cours obligatoires ou en option, ou dans les deux. Les programmes sont assez libres et flexibles. A ce niveau de l'enseignement, on peut sentir progressivement une certaine influence des nouvelles pratiques sur les professeurs. L'aspect le plus visible est la place croissante de l'oralité.
Parmi toutes les innovations, recherches, et créations, je présente une formule qui rencontre un franc succès : Jeunesse Débat. Cette expérience nous vient de l'Allemagne via les cantons germanophones. La finalité de cette méthode est d'entraîner les jeunes à la discussion, dans le but de leur donner les moyens d'exprimer leurs points de vue en public. Le succès auprès des professeurs s'explique par la facilité de construire cette formation, ce qui évite bien des craintes à ceux qui se lancent dans le domaine inconnu et dangereux de l'oralité. Du point de vue de l'élève, la méthode est agréable, la progression simple, et les exercices ludiques. La formation aboutit à un débat simple et minuté entre quatre personnes, deux pour et deux contre. La question en jeu est une question d'actualité, objet d'une votation, ou sujet débattu dans les journaux.
Le dispositif s'accompagne d'une grille d'évaluation facile à utiliser. Ceci permet de construire des joutes, avec des gagnants, tant au niveau d'une classe que d'une école, d'un canton ou de la Suisse romande. L'aspect compétitif est aussi une cause du succès et de la visibilité de cette méthode.
Jeunesse Débat n'est pas une méthode philosophique. Les aspects problématisants et conceptualisants sont limitées. Le débat n'accepte pas, si ce n'est après, et donc ailleurs que dans le débat lui-même, un approfondissement des questions en jeu. L'intérêt de cette formule est de former les élèves à faire des recherches d'informations sur l'objet en discussion, de transformer ces informations en arguments, et de développer l'art de l'argumentation orale. Au départ, les professeurs de philosophie ont été les promoteurs de cette méthode : d'abord ils l'ont essayée en classe, surtout dans l'option orale de philosophie, puis ils ont organisé des joutes et surtout les finales romandes, pendant un festival de la philosophie annuel. Maintenant la tradition s'est implantée. Certains professeurs ont utilisé les méthodes de cette formule pour accéder à d'autres types de stratégies orales, plus utiles dans le cours ou simplement plus philosophiques.
Aujourd'hui, bien des enseignants d'autres branches se sont formés. Certains ont intégré la formation à cette méthode dans leur programme. Des écoles développent des moments de formation de classes entières à ce genre de débat. L'expérience est positive parce qu'elle apporte des situations d'oralité dès le secondaire inférieur. Les élèves de tous les niveaux apprécient cette formule et donc ils en redemandent, ce qui oblige les professeurs à intégrer progressivement de l'oral dans leur enseignement".
Didier Maheu continue son travail de mise en scène théâtrale de philosophes. Il travaille maintenant avec les enfants, pour les "bacs - 7 et plus"... Comédien et philosophe, il rend à la philosophie toute l'oralité dont elle est issue, en proposant un spectacle-rencontre, Platon dans le texte : une invitation au dialogue sur les mythes de Platon ; l'androgyne, qui nous dit l'origine de l'amour, le mythe de Gygès et son anneau magique qui nous questionne sur la justice, et le célèbre mythe de la caverne qui nous apprend ce qu'est une idée...
Compagnie Groupetto
Formations
Des lecteurs nous ont demandé la référence du BO sur le nouveau programme de l'école primaire, suite à l'article sur les compétences du programme développées par une pratique de la discussion à visée philosophique.
Il s'agit du BO spécial hors-série n° 3 du 19 juin 2008, pour lequel on trouvera les renseignements souhaités sur la page suivante : http://www.education.gouv.fr/bo/2008/hs3/default.htm On peut trouver une discussion au café pédagogique sur ces programmes ici : http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Programmesduprimaire_sommaire.aspx
Après une formation de professeurs d'école débutants, un participant, par ailleurs musicien, nous a fait parvenir le texte suivant :
"Le débat : un air de jazz ?
Lors de discussions à visée philosophique (DVP), le dispositif conçu par Michel Tozzi m'a permis de découvrir qu'il pouvait y avoir des analogies entre le jazz et les échanges dans une DVP. Ce dispositif qui met en place des débats dans les écoles primaires et secondaires a pour objectif l'éveil de la pensée par soi-même. J'ai rapproché ce concept avec celui de créativité, et par association d'idées, à la musique improvisée dans le jazz.
Je tenterai donc de faire des liens entre ce qui se passe, d'une part, entre des musiciens dans l'improvisation jazz, et d'autre part, entre des participants lors d'une discussion philo.
Si l'on analyse les interactions dans un débat, on s'aperçoit que l'on discute autour d'un sujet commun. En jazz le sujet commun est le thème (sauf en free-jazz).
De même en jazz, les musiciens dialoguent selon un thème donné ; dans les deux cas il se développe et évolue : par le rapprochement et la confrontation des concepts et des thèses dans le débat ; lorsque chaque jazzman improvise, car ce thème reste toujours présent à l'esprit de chacun.
Sa reformulation est commune : dans un cas, on tente de définir un concept avec des mots, dans l'autre cas, le thème subit des variations en jouant sur les sons et la mélodie.
À la fin d'une improvisation, le soliste suivant reprend la fin de la mélodie improvisée par son prédécesseur, comme un intervenant dans un débat s'appuierait sur l'idée émise par un discutant pour élaborer sa propre pensée.
Le morceau de jazz s'organise autour d'une structure précise de la forme AABA, A et B étant des parties distinctes de huit mesures chacune. La rigueur du tempo assure une cohérence globale du morceau. L'improvisation n'est donc pas aléatoire, mais se développe dans un cadre, tout comme les idées émises dans un débat philo sont organisées : un temps de parole est fixé au départ, et des responsabilités précises sont distribuées pour chaque intervenant : un animateur, un président de séance, un reformulateur, un synthétiseur, un observateur pour chaque rôle et les discutants.
En jazz, les musiciens ont aussi chacun une fonction bien spécifique : un responsable du tempo (le batteur), un leader (qui correspond à l'animateur), un ou plusieurs mélodistes et les musiciens chargés du support harmonique et rythmique (guitare, piano et contrebasse).
Des perches (des questions, des reformulations) sont tendues par l'animateur du débat pour le faire évoluer et créer une dynamique de groupe. De même en jazz, les appels du leader orientent les interactions sonores et humaines.
A ce moment là, on peut parler même d'un véritable discours qui évolue différemment selon le vécu de chacun, sa personnalité et sa culture. Certains participants à une DVP peuvent faire des citations de philosophes. De même l'improvisateur en jazz peut faire des citations qui sont souvent de courts extraits d'un répertoire de jazz ou autre (ex : "Carmen" ou "le temps des cerises" !).
De plus, une écoute active et attentive de chaque intervenant permet la réussite d'un débat, les paroles de l'autre faisant écho en lui ; tout comme les sons se répondent dans un morceau de jazz. Les musiciens peuvent rebondir sur le propos jazziste d'un soliste, comme les participants d'une discussion s'adaptent à l'évolution d'une pensée.
Encore faut-il que le savoir ne devienne pas un obstacle à la créativité ! En jazz, il faut avoir dépassé le stade de l'étude et s'être frotté dans le concret à un maximum de situations en "live".
Cette comparaison a évidemment ses limites : dans un orchestre de jazz, les participants ont une éducation de l'oreille et du rythme (du corps) et une culture commune, ce qui n'est pas le cas dans une DVP en classe ou au café-philo où le public est hétérogène.
En jazz le musicien intervient d'après un savoir et une expérience faisant référence à un tronc commun. C'est le cas seulement pour ceux qui ont déjà fait de la philosophie de manière approfondie".
Publications
Côté recherche, notons la parution, dans le numéro 26 de Penser l'éducation (2009), revue des sciences de l'éducation de l'Université de Rouen, un texte de Pierre Usclat intitulé : "La constitution d'une communauté de recherche dans la discussion à visée philosophique (DVP) : Mead et Habermas".
Michel Piquemal vient de publier chez Albin Michel, dans sa nouvelle collection des Piccolophilo ( "Pour penser plus grand même quand on est petit !"), après C'est pas juste ! et Achète-moi la motorouge (réflexion sur la consommation), deux nouveaux ouvrages :
- C'est quoi la mort ? Piccolo a eu très peur : il a cru que Bergamote sa chatte était morte. C'est l'occasion d'une discussion avec sa maman : où ira sa chatte ? Est-ce que les parents sont éternels ? Comment garder le souvenir de ceux qui ne sont plus ?
- Parle-moi petit chat ! Piccolo aimerait rien bavarder avec sa petite chatte. Mais elle ne parle pas : pourquoi les chats n'ont pas de mots comme nous ? Comment communiquent-ils ? Et nous les humains, que faisons-nous avec notre langage ?
Les éditions Rue de l'échiquier (http://www.ruedelechiquier.net), maison d'édition indépendante dans le champ des sciences humaines et sociales, ont lancé en février 2010 "Philo ado", une nouvelle collection d'ouvrages de philosophie destinée aux adolescents et jeunes adultes. Elle offre un éclairage philosophique sur des événements auxquels ils se trouvent confrontés dans la vie de tous les jours et des sujets qui les concernent directement : l'amour, la liberté, le bonheur, le mensonge, la responsabilité... Elle vise à donner aux adolescents le goût de la philosophie, de leur apprendre à réfléchir et à penser par eux-mêmes, à les aider à grandir et à devenir des adultes autonomes. Elle s'adresse à des jeunes de 14 à 19 ans qui, grâce à la collection, vont découvrir le plaisir de penser par eux-mêmes et acquérir des armes pour mieux vivre ; pour que ce jeune public, dans une société en mal de repères, découvre que la philosophie peut répondre à un besoin et servir à vaincre ses peurs, vivre mieux et donner du sens à sa vie. Mais aussi à des parents, désireux d'échanger des idées avec leurs adolescents, soucieux de les sensibiliser aux valeurs importantes, d'aiguiser leur esprit critique et de les inciter à s'intéresser au monde qui les entoure.
Chaque auteur élabore une réflexion personnelle autour du sujet de l'ouvrage, présentée sous forme d'éclats, de fragments. Le discours s'appuie sur des exemples concrets empruntés au cinéma et à la littérature et sur des témoignages d'adolescents. En marge du texte, des notes apportent des repères et indiquent les références des textes de philosophes qui sous-tendent le propos de l'auteur. Les deux premiers ouvrages sont : Mentir, de Marie-France Hazebroucq, et Perdre son temps, de Malcolm Hammer.
Marcher, une philosophie, de Frédéric Gros, Éditeur Carnets Nord
Ce livre plaira à tous ceux qui ont expérimenté une rando philo. Mais il s'adresse à tous.
Au premier abord, il pourrait paraître incongru que la philosophie soit susceptible de s'intéresser à un acte aussi anodin et banal que celui de marcher. Quel besoin en effet de s'interroger sur une activité à laquelle nous ne pensons même plus tant nous la pratiquons au quotidien depuis notre enfance ? C'est bien peut-être - et c'est toute la leçon de ce livre minutieux et patient de Frédéric Gros - que d'ordinaire nous ne marchons pas vraiment, ou plutôt que nous avons oublié les vertus de la marche concernant ce que, authentiquement, nous sommes. En effet, comme la pensée, la marche brise des rythmes qui ne sont pas vraiment les nôtres, qui ne nous définissent pas en ce que nous avons de plus profond ou de plus vrai : marcher, penser, c'est oser rompre avec ce qu'il y a de plus convenu et de plus réducteur dans notre existence quotidienne. Quand je marche, l'ennui de vivre me quitte, je délaisse les cadences de la productivité qui me sont imposées du dehors par une société qui ne sait plus vraiment marcher, tant sa passion de la vitesse pèse sur elle et sur tous ses membres comme un destin. Penser, faire de la philosophie, c'est reprendre son temps - au sens le plus propre -, c'est revenir au rythme de ce que nous sommes vraiment, à rebours des idéologies et des préjugés qui nous imposent leur pas. Marcher, une philosophie : les penseurs, les poètes, les mystiques et autres vagabonds qui parcourent ce livre nous en montreront les chemins.
Marcher en effet n'est pas un sport. C'est un acte qui ne nécessite pas l'apprentissage de gestes techniques mais est accessible directement à chacun. Il ne saurait entrer dans le domaine de la compétition car il n'est pas mesurable au sens d'une performance et ne vise pas un résultat ou une victoire sur l'adversaire. En ce sens, le temps de la marche n'a rien à voir avec celui de la compétition sportive ou du quotidien. S'il n'a pas l'intensité de la première, il ne relève pas plus du quadrillage gris et morne du second. On ne marche pas vraiment en se rendant de chez soi à la bouche de métro la plus proche pour aller travailler. Marcher est une activité monotone, régulière, répétitive : "un pied devant l'autre". C'est l'injonction implicite qui guide tout marcheur, dans un véritable dialogue que celui-ci noue avec lui-même. Et cette injonction ne cessera de ponctuer ce livre autour de la marche, tant il tente de comprendre l'essence de cette activité de l'intérieur, selon le rythme secret de chacun, comme une respiration de ce que nous sommes vraiment, libéré de nos contraintes quotidiennes, de ce qui nous détermine de manière inauthentique dans la vie de tous les jours. Car marcher rompt l'ennui, en dépit de sa monotonie, grâce à sa monotonie. Marcher nous remet en présence de nous-même par le décalage que ce geste instaure avec ce qui ordinairement nous aliène . C'est bien en ce sens que marcher est une libération, similaire à celle de la pensée : une rupture avec la sclérose du corps et de l'esprit.
On trouvera dans le numéro 18 de Philéas et Autobule (pour les citoyens de 6 à 12 ans), pour les "petits, moyens et grands", une réflexion sur le naturel, la nature, ma nature. Des ateliers philo se tiennent désormais depuis janvier 2010.
Pour toute information : www.phileasetautobule.be
Une initiation à la pensée, fort peu académique, conçue comme un thriller, très intéressante : Qui suis-je et si je suis combien ? Voyage en philosophie, par Richard David Precht, traduit de l'Allemand par Pierre Deshusses, Belfond.