Revue

Belgique : Philomène

Philomène est le nom de l'association pour la promotion et l'étude de la pratique de la philosophie pour enfants en Belgique francophone. Elle a été créée en 2001 par Gilles Abel, philosophe formé au Québec à la philosophie pour enfants par M. Sasseville, Martine Nolis, institutrice formée à la démarche en Belgique, et Hélène Schidlowski, professeur de philosophie dans l'enseignement supérieur. En 2003, ils furent rejoints par Nicole Cossin, psycho-pédagogue disposant d'une large expérience en littérature jeunesse. À ce jour, à l'exception d'un mi-temps de détachement pédagogique au Ministère de l'éducation pour Martine Nolis, notre association ne bénéficie d'aucune subvention ou soutien institutionnel. Elle fonctionne donc sur de maigres et aléatoires fonds propres.

L'objectif de Philomène est d'organiser différentes activités d'animation, de formation, d'information, à destination de tout public qui se montre intéressé par la mise en œuvre de cette démarche dans son milieu professionnel. Après cinq ans d'existence, force est de constater que la pratique de la philosophie connaît un développement constant et appréciable. Ce texte a pour but, dans le contexte du colloque de l'UNESCO de novembre 2007, de présenter les différents et nombreux projets menés par Philomène en Belgique francophone depuis cinq ans. Ceux-ci attestent non seulement de la pertinence mais aussi de la nécessité d'une pratique de la philosophie, comme outil d'orientation dans le monde confus qui est le nôtre.

Formation d'adultes

En cinq ans, notre association a dispensé des formations à l'animation de discussions philosophiques avec les enfants à de nombreux publics diversifiés. Qu'il s'agisse d'enseignants, d'éducateurs, d'étudiants en éducation, d'animateurs d'accueil extra-scolaire ou de bibliothécaires, le point commun de ces différents participants est qu'ils sont impliqués dans une activité professionnelle dévolue à l'enfance et à l'éducation. Soucieux de sensibiliser à l'esprit critique, à l'autonomie et au penser par et pour soi-même, ces participants ont eu l'occasion d'y découvrir et d'y pratiquer une démarche visant à se questionner, à donner du sens et à appréhender ses pairs dans une perspective de respect et de solidarité plutôt que de méfiance et de concurrence.

Il importe de noter que dans l'environnement scolaire belge, segmenté entre deux grands réseaux (confessionnel et laïque), notre association a toujours eu pour but de se positionner en toute indépendance et sans parti pris. À ce titre, les formations effectuées s'inscrivent en permanence de part et d'autre de cette division qui nous paraît obsolète et arbitraire, au regard d'une démarche visant à favoriser la prise de recul, la rigueur critique et le doute constructif.

Animations avec les enfants

Depuis cinq ans, notre association n'a de cesse d'articuler un travail de formation avec un travail de terrain, gage de crédibilité mutuelle, dans la mesure où les deux dimensions ne peuvent que se nourrir réciproquement. La pratique avec les enfants permet en effet de consolider la force et l'impact des formations offertes aux adultes. De même, les formations d'adultes sont le lieu idéal pour intégrer le travail de terrain dans un cadre métacognitif et épistémologique idéal pour faire évoluer et s'enrichir l'animation avec les enfants d'une discussion philosophique.

Animations philosophiques en dehors du cadre scolaire

Si les animations ont eu souvent lieu dans le cadre de l'école, il est nécessaire de souligner que c'est toutefois loin d'être le seul lieu où elles prennent part. Les contextes dans lesquels elles prennent part sont en effet multiples.

Théâtre et philosophie avec les enfants

Entre 2003 et 2007, cinq grands projets nous ont été proposés par cinq théâtres quant à la mise en place d'animations philosophiques pour les enfants, dans le cadre de spectacles prévus dans leur programmation.

Le Rideau de Bruxelles a fait appel à Philomène pour organiser des animations autour des spectacles " L'exemple du Dr Korczak " ainsi que " Mathias 1er ", deux spectacles du médecin juif polonais Janus Korczak, auteur pour enfants, pédagogue et éducateur d'avant-garde qui reste célèbre pour son rôle dans le soutien des enfants emprisonnés dans le ghetto de Varsovie lors de la seconde guerre mondiale. De même, le théâtre nous a demandé d'assurer des animations autour de la pièce " Ô vous, frères humains " traitant de la haine, de l'exclusion et de l'intolérance, de l'auteur juif Albert Cohen, pour des élèves de l'enseignement secondaire. Au total, près d'un millier d'enfants et d'adolescents devraient participer à ce projet.

Le Théâtre de la Guimbarde, théâtre pour enfants de la région de Charleroi, dans la province du Hainaut, a également fait appel à Philomène pour participer à un projet autour de " Et pourtant ... elle tourne ", une pièce de théâtre pour enfants consacrée à Galilée, Copernic et Giordano Bruno. De même, l'association a récemment effectué une animation à la demande de Michel Van Loo, directeur et metteur en scène du théâtre, lors d'un stage d'écriture dramatique pour enfants à Dieppe, en Normandie (France), sur le thème des cosmogonies, des mythes et des légendes qui s'y rattachent. Dans la foulée, de nombreuses animations furent également organisées en Belgique avec des classes d'enfants de 9-12 ans qui s'étaient attelées durant une année scolaire à écrire une pièce de théâtre sur le thème des cosmogonies, aidées par des animatrices comédiennes du théâtre.

Le Théâtre Royal de Namur, dans la province du même nom, a souhaité nous voir organiser des animations philosophiques autour de plusieurs de leurs spectacles " jeune public ", à chacune de leur saison théâtrale depuis 2003. Ces animations ont lieu après les spectacles, et visent à susciter la réflexion, certes parfois à chaud, sur les thèmes exprimés dans les pièces.

Le Théâtre de la Montagne Magique, à Bruxelles, s'est adressé à Philomène pour organiser en 2003 des formations d'enseignants afin qu'ils puissent animer des communautés de recherche philosophiques en relation avec " L'oiseau Vert " de Carlo Gozzi.

La Compagnie des Mutants, en collaboration avec Martine Nolis, a mis en œuvre en 2005-2006 le spectacle "Stop, hein ménant!". Cette création théâtrale qui aborde l'éducation civique racontée aux enfants, a associé un spectacle qui se jouait dans les écoles et un jeu de lois (jeu de l'oie) qui était remis à chaque classe à l'issue du spectacle. Ce jeu, réalisé par Martine Nolis, a été conçu à partir d'une série de questions à portée philosophique à débattre en classe. Plusieurs dizaines de classes de la région bruxelloise ont eu l'occasion, avec Martine Nolis, de pratiquer la réflexion philosophique à partir de ce jeu. Suite à ce projet, " Ça ", un spectacle questionnant la sexualité est en cours de création et fera l'objet d'un prolongement philosophique similaire.

Les bibliothèques philosophiques

Depuis 2003, Philomène propose sur une base très régulière des animations philosophiques dans le cadre des bibliothèques publiques de la province de Namur. Qu'il s'agisse d'actions ponctuelles (festivités ou journées thématiques autour du livre) ou d'animations régulières, elle accueille de nombreux groupes, notamment dans des régions rurales souvent peu amènes sur le plan de l'offre culturelle.

Des critères de sélection ont été élaborés quant aux groupes auxquels proposer ces ateliers philosophiques. C'est ainsi que les publics privilégiés sont constitués d'enfants issus de zone en discrimination positive, d'institutions d'accueil pour réfugiés en attente d'asile, d'élèves en apprentissage ou issus de filières techniques ou professionnelles.

Le Parcours Culture

Le Théâtre Royal de Namur, dans le cadre de ses activités éducatives, a créé en 2006 un parcours culture qui réunit quinze classes (cinq de l'enseignement primaire, dix de l'enseignement secondaire). Si de prime abord, ce projet peut sembler s'inscrire dans un cadre scolaire, il s'avère néanmoins qu'à la fois dans ses objectifs et dans ses pratiques, il constitue une pratique à tout le moins " extra-scolaire ".

En effet, l'ambition du projet est de faire se rencontrer la culture et les élèves, de manière approfondie, en bousculant les frontières, catégories et carcans traditionnels séparant école et culture. Plus qu'une simple consommation de culture, l'idée était d'amener les élèves (et leurs enseignants) à affiner et à se réapproprier leur rapport à la culture, en proposant quatre spectacles (Danse, Art contemporain, Théâtre et Musique), en accompagnant chaque classe d'un guide culture (généralement comédien " protéiforme "), dont la mission était de tisser un fil rouge à l'intérieur du projet. En outre, ces groupes ont également eu au cours de leur trajectoire une discussion philosophique (avec un animateur de l'association) permettant de prolonger et de mettre en perspective certains des spectacles qu'ils avaient vus.

En outre, un animateur de l'association a été engagé en tant que médiateur/facilitateur, lors d'une rencontre avec les enseignants impliqués dans le projet et les guides. L'objectif de cette rencontre était principalement de s'engager dans une " pré-évaluation " du projet, qui abordait sa phase finale. Il s'agissait ainsi de susciter une réflexion globale sur le sens et la définition du lien entre Culture et Ecole. Pour ce faire l'idée était d'effectuer des allers-retours, grâce à un questionnement philosophique, entre le vécu de terrain des enseignants et des guides, et un recul plus réflexif sur le concept de culture.

Un des constats de cette activité est que plusieurs apprentissages furent développés, en termes de jugement nuancé, de lutte contre les préjugés ou de citoyenneté. Ils ont émergé de ce projet à une vitesse étonnante, lorsqu'on observe le rythme auquel ils apparaissent dans le temps scolaire traditionnel (quand ils apparaissent...).

" L'atelier sorcier "

Depuis plusieurs années, une collaboration existe entre Philomène et l'Atelier Sorcier, association proposant aux enfants un éveil aux arts plastiques. Un thème annuel est défini (l'identité, la pensée...) et l'objectif est de susciter un dialogue entre la démarche artistique et la démarche philosophique, afin que l'œuvre finale soit le reflet de ce double effort, qui en réalité ne fait plus qu'un. La pratique de la philosophie se fait à l'occasion de stages proposés durant les vacances scolaires, le week-end ou le mercredi après-midi (période de congé hebdomadaire en Belgique). L'exercice est double, dans la mesure où la pensée est amenée à rebondir tant par les idées et la rationalité que par les sens et la créativité.

Ainsi, nombreux sont les projets qui permettent de stimuler la pratique de la philosophie chez les enfants, mais qui surtout (et de plus en plus) combinent la dimension réflexive de la philosophie avec la dimension créative de l'art et de la pensée. Des projets d'envergure ont ainsi été réalisés, reliant notamment la philosophie aux mathématiques et à l'art (en collaboration avec les Facultés Universitaires des Sciences Agronomiques de Gembloux).

En outre, ces activités " philosophico-créatives " ont également eu lieu depuis 2005 à La Fabrique de Soi, à Tubize, un centre d'expression et de créativité. Toujours en période de vacances, des stages étaient proposés. Durant l'année 2007, quatre stages exploraient la question de l'environnement à travers les quatre éléments (eau, terre, feu, air). Chaque stage démarrait par une communauté de recherche, dont le contenu servait de matériau à la création qui s'ensuivait.

Les publics " en marge "

Enfin, notre pratique de la philosophie s'est également résolument inscrite dans une préoccupation d'intégration de populations souvent en marge de l'espace social ou scolaire. Deux catégories d'enfants sont en effet suivies depuis quatre ans. Et un projet impliquant une troisième a démarré cette année.

L'école de la surdité

La première catégorie regroupe des enfants âgés de 5-6 ans en début de scolarité primaire (1e et 2e année) parmi lesquels sont intégrés des enfants sourds et malentendants. Ceux-ci suivent leur scolarité normalement (une institutrice, interprète en langage des signes, seconde l'institutrice principale), et ils participent comme les autres (voire davantage) aux discussions philosophiques. Ce groupe permet progressivement de prendre conscience à quel point la pratique de la philosophie est non seulement un vecteur d'intégration pour ces enfants sourds, mais en outre à quel point elle met en évidence le peu de différences entre enfants entendants et malentendants, dès lors qu'ils participent à une activité de cette nature.

Le S.A.I.

La seconde regroupe des enfants de 8-12 ans issus d'un S.A.I. (Service d'Aide à l'Intégration). Ce service accueille des enfants vivant des situations ou des problèmes qui les placent à la frontière de l'enseignement spécialisé et de l'enseignement ordinaire. Ils souffrent de difficultés qui ne constituent pas réellement des handicaps au sens pathologique et physiologique du terme, mais plutôt au sens " socio-relationnel ". Et ce S.A.I. les amène à faire des activités qui visent à les intégrer et à les resocialiser dans des groupes d'enfants de leur âge. La pratique de la discussion philosophique, qui se revendique comme telle (et non comme effort thérapeutique) leur permet alors (de manière certes plus laborieuse que des enfants dits " normaux "), de réfléchir et de réinstaurer les prémisses d'un contact avec autrui sans craindre ou subir la contrainte de voir dans cette activité un acte thérapeutique.

L'équipe éducative qui les accompagne témoigne en tout cas, dans le cadre de cette activité, d'une évolution substantielle de leur situation. Le caractère non thérapeutique de l'activité philosophique permet en effet de les faire se questionner par l'intermédiaire d'un tiers (le dialogue, la question ou le support philosophique) et d'ainsi aborder sans concession, mais sans angoisse, des thèmes éminemment cruciaux pour eux comme le handicap, la normalité, le regard des autres, la sexualité ou la différence.

Le groupe " HP "

Le troisième projet rassemble des enfants dont on a " diagnostiqué " le Haut Potentiel. Bénéficiant d'un suivi d'une équipe universitaire, ces enfants souffrent d'une situation qui ne confine ni au handicap ni à la pathologie (au sens médical de ces termes). Ils présentent néanmoins des symptômes apparentés aux problèmes précités et font souvent l'expérience, très jeunes, d'une difficulté d'intégration ou d'une exclusion qui chez certains aboutit rapidement soit à l'échec scolaire soit à la déscolarisation.

Suite à un contact informel, un groupe de parents s'est adressé à notre association. Un projet a alors été mis sur pied, mêlant Art et Philosophie, autour du thème de l'identité. Ce projet a été élaboré dans la continuité des activités menées par Philomène depuis plusieurs années avec l'Atelier Sorcier. Grâce à une évaluation continue avec les parents, il apparaît déjà que certaines difficultés vécues par ces enfants connaissent dans le cadre de l'activité philosophique (réflexive et créative) une coloration et un apaisement significatifs.

Post-Scriptum : " Le Grand Pré "

Dans le cadre d'un projet un peu atypique, notre association a répondu à la demande d'une institution pour personnes âgées, " le Grand Pré ". L'équipe éducative a en effet souhaité mettre sur pied une activité philosophique à destination d'une partie de ses pensionnaires (celle possédant encore la lucidité suffisante). Ceci faisait suite à certains constats que posait l'équipe quant à certains problèmes, notamment relationnels, rencontrés parmi le public qu'elle accueille et encadre. Le projet vient de débuter et rassemble neuf personnes régulièrement présentes. La fin de la première phase à l'été 2007 permettra d'évaluer les acquis et les adaptations pertinentes en vue de la continuation du projet. Ce qui semble être le vœu de Philomène tant de l'équipe éducative que de la maison de repos.

Détachement pédagogique

Martine Nolis, membre fondateur de l'Association, s'est vue depuis la rentrée scolaire de septembre 2002, détachée de son emploi d'institutrice et de professeur dans l'enseignement primaire (où depuis plus de cinq ans, son travail consistait en l'animation hebdomadaire de communautés de recherche philosophique dans toutes les classes de son école, le Lycée Daschbeck de Bruxelles), pour travailler à temps plein (la première année), puis à mi-temps (depuis 2003) pour le cabinet du ministre de l'enseignement fondamental. Il convient de noter que ce détachement, malgré les élections et les changements de coalitions politiques qui ont eu lieu ces dernières années, est chaque année prolongé. Ceci ne peut que confirmer l'intérêt et la pertinence du travail réalisé.

L'objectif de ce détachement est de promouvoir dans toutes les écoles primaires de Belgique Francophone la pratique de la philosophie avec les enfants. Martine Nolis a donc pour tâche d'organiser un certain nombre de formations et de proposer des animations pour tous les enseignants des écoles primaires francophones qui en expriment le souhait. Précisons également que c'est à la demande du ministre que l'association a rédigé en 2002 " Les grandes questions ", dossier pédagogique d'accompagnement de la casette vidéo du même nom, tous deux conçus comme une présentation de la démarche de philosophie avec les enfants, et distribués dans toutes les écoles primaires francophones de Belgique.

Philomène a participé en tant qu'intervenante à deux colloques. L'un a été organisé par la Faculté des Sciences de l'Éducation de l'Université de Paris VIII Seine-St-Denis, autour du pédagogue polonais Janusz Korczak, dans le prolongement du projet mené avec le Rideau de Bruxelles. L'autre colloque était organisé en novembre 2004 à Caen par l'IUFM de Basse-Normandie sur le thème " Faire philosopher à l'école : les élèves ? les maîtres ? ".

Enfin, en février 2004, Philomène a participé au Colloque : " La philosophie pour enfants - Apprendre à penser dès 5 ans à l'épreuve du modèle de Matthew Lipman ", organisé par le Parlement de la Communauté Française de Belgique. Même s'il n'a depuis été suivi d'aucune mesure concrète, ce colloque fut l'occasion à la fois de mener une réflexion interdisciplinaire sur la pratique de la philosophie, mais aussi et surtout de donner une visibilité au travail réalisé en Belgique par différentes associations dont la nôtre.

La question de la précarité financière de l'association refait surface en fin de chaque année. Certes, elle n'empêche pas jusqu'à présent de mener à bien les nombreux projets évoqués ci-dessus, mais elle génère une série de contraintes et d'effets néfastes de plus en plus lourds à supporter. Car tant qu'une certaine robustesse financière n'est pas acquise, notre travail est constamment sous la menace du " dépôt de bilan ". Mais il est en outre impossible de mettre en place des projets plus consistants et pérennes d'animations et de formations, mais aussi de réflexion, de traduction et de collaborations avec la Suisse, le Québec et la France, et également avec la Belgique néerlandophone, qui bien que voisine géographiquement, demeure sensiblement isolée de la Belgique francophone d'un point de vue linguistique et pratique.

En conclusion, même si le travail que les membres de l'association accomplissent en plus d'une profession principale ne reçoit encore aucun soutien institutionnel (ne fût-ce que sur le plan logistique), il est légitime de reconnaître le développement progressif, voire dans certains domaines exponentiel, des activités de Philomène. Ce développement n'a toutefois rien d'étonnant, dans la mesure où la pratique de la philosophie, tant pour les enfants que pour les adultes, permet de satisfaire un besoin pressant dans le monde qui nous entoure : celui de donner du sens et de comprendre la réalité dans laquelle on vit, et de raviver un sentiment d'appartenance à un univers de rapports sociaux dont le caractère tantôt confus, incohérent voire prédateur est source de malentendus, d'angoisse et parfois de conflits. Par la pratique de la philosophie telle que Philomène le constate depuis plusieurs années, il est possible de mieux se comprendre mutuellement et de mieux comprendre le monde, de voir que ce qui est complexe n'est pas forcément compliqué, et que mes rapports à l'autre, lorsqu'ils sont fondés sur l'empathie et la sollicitude, peuvent être vécus plus sereinement et positivement.

Nous voudrions mettre en lumière un constat qui relève plus du fait que de l'hypothèse : les enfants et les êtres humains, d'où qu'ils proviennent, ont en commun un besoin : donner du sens à leur vie. Si la philosophie permet d'étancher cette soif de sens, il est indispensable non seulement de la défendre, mais aussi de la promouvoir davantage.

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