La "communauté de recherche" est l'un des concepts majeurs de didactique proposé par Matthew Lipman, puisque la didactique de la philosophie pour enfants qu'il a élaborée propose de transformer la classe en une communauté de recherche philosophique1. Pour lui, la communauté de recherche est "un paradigme éducatif de toute première valeur"2. Mais qu'est-ce qu'une "communauté de recherche" ? Comment y progressent la recherche et les échanges entre ses différents membres ? Pourquoi préférer la communauté de recherche à la recherche personnelle ? Et enfin, pourquoi la communauté de recherche devient-elle le lieu privilégié d'un apprentissage du philosopher ?
La généalogie du concept de "communauté de recherche" doit nous permettre de déterminer la définition précise que M. Lipman lui attribue et, ainsi de saisir l'originalité et la pertinence de sa didactique de la philosophie pour enfants. Cette généalogie compte essentiellement deux penseurs, à savoir C. S. Peirce et J. Dewey.
La "communauté de recherche" selon C. S. Peirce
Charles Sanders Peirce3 est considéré comme le fondateur du courant pragmatiste avec William James et, avec Ferdinand de Saussure, comme l'un des deux pères de la sémiologie. Sa pensée est l'objet d'un récent intérêt, dans la mesure où elle est considérée comme novatrice, notamment dans le domaine de la méthodologie de la recherche. C'est précisément cette méthodologie de la recherche proposée par C. S. Peirce qui va susciter l'intérêt de J. Dewey, puis de M. Lipman.
Quelle est cette méthodologie de recherche ? La "communauté de recherche", telle est expression proposée par C. S. Peirce, dans les Collected Papers 4, pour désigner sa méthodologie de recherche scientifique. Cette "communauté de recherche" désigne à l'origine l'activité scientifique ou plus exactement une démarche pragmatiste. Que doit-on entendre ici par "pragmatisme" ? C. S. Peirce conçoit le pragmatisme comme une méthode de clarification d'idées, s'appuyant sur l'utilisation de méthodes scientifiques, pour résoudre des problèmes philosophiques. Le pragmatisme consiste donc à adopter la rigueur rationnelle de la science dans des situations de réflexions quotidiennes. C. S. Peirce démontre ainsi que la philosophie, quand elle est pragmatique, peut être appliquée de manière intelligente aux problèmes humains et, ainsi, avoir une efficacité propre.
Sa méthodologie se base sur sa propre expérience comme logicien et comme chercheur expérimental travaillant en collaboration avec une communauté internationale de chercheurs. C. S. Peirce, en tant que logicien, élabore alors le concept d'"abduction", en opposition avec ceux de "déduction" et d'"induction". L'abduction est un processus pendant lequel une hypothèse est générée, de sorte que des faits surprenants puissent être expliqués : "Il y a pour cela un nom plus familier que l'abduction, ce n'est ni plus ni moins que la supposition"5. En effet, C. S. Peirce considérait l'abduction comme le propre, non seulement de toute recherche scientifique, mais aussi, de toutes les activités humaines ordinaires. D'où la possible efficacité de la philosophie comme démarche scientifique de clarification au coeur du quotidien, puisque nous sommes tous en mesure de produire des abductions. Pour C. S. Peirce, la pensée spontanée, lorsqu'elle est confrontée à une situation problématique, procède par abduction pour améliorer cette situation. Seulement, du fait qu'elles sont le fruit de notre seule connaissance de la situation, nos abductions sont partielles et peuvent se révéler inefficaces. D'où la nécessité d'une "communauté" de recherche, pour confronter nos abductions à celles d'autres chercheurs et déterminer, ainsi, quelle est la plus appropriée à la résolution d'un problème.
Dès lors, le pragmatisme de C. S. Peirce doit être entendu comme une méthode de tri des confusions conceptuelles, en établissant un rapport entre le sens des concepts et leurs conséquences pratiques. Dès 1905, C. S. Peirce préfèrera, d'ailleurs, utiliser le terme "pragmaticisme" pour désigner sa philosophie pragmatique et se distancer ainsi du "pragmatisme", nom originaire de sa philosophie qui avait été utilisé dans un sens qui lui semblait impropre6. Le pragmatisme de la communauté de recherche désigne donc le souci de parvenir, grâce une rigueur logique, à une solution qui soit la plus appropriée possible. La philosophie pragmatique de C. S. Peirce vise la clarification d'une situation problématique à l'aide d'une clarification conceptuelle.
Le lieu privilégié, pour cette clarification conceptuelle, est donc la "communauté de recherche", car ce n'est qu'au sein de la communauté que peuvent émerger des différents conceptuels qui à leur tour exigent une clarification scientifique, clarification d'autant plus rigoureuse que différents points de vue s'y engageront.
Nous pouvons, à présent, établir quel sens C. S. Peirce attribue à la "communauté de recherche" : elle est un espace consacré à la philosophie pragmatique, c'est-à-dire un processus, une démarche dont le but est de résoudre des situations et des problèmes philosophiques en procédant avec la même rigueur logique à l'oeuvre dans les sciences. La "communauté", en tant que divergence et multiplicité des points de vue, devient alors un garant de rigueur et de précision de la pensée.
La "communauté de recherche" selon J. Dewey
Pour J. Dewey, la "communauté de recherche" a pour but de mener des "enquêtes de sens commun". Que signifie ici l'expression "sens commun" ? Les enquêtes du sens commun sont "celles qui se présentent continuellement dans la conduite de la vie et l'organisation du comportement quotidien"7. Ainsi, l'enquête facilite la compréhension de l'expérience quotidienne et fixe les règles à suivre pour clarifier une situation problématique.
J. Dewey distingue néanmoins deux genres d'enquêtes : "Les enquêtes du sens commun nécessitent la connaissance de certaines choses, mais dans le but de résoudre des problèmes d'usage et de jouissance, et non, comme dans l'enquête scientifique, dans le seul but de connaître"8. Autrement dit, la différence entre les enquêtes du sens commun et les enquêtes scientifiques réside dans leurs motivations. Alors que les premières ont une motivation pratique, les secondes ont une motivation purement cognitive. Même si les connaissances apportées par les enquêtes scientifiques peuvent avoir une efficacité pratique dans l'avenir, c'est avant tout le désir de comprendre qui motive les enquêtes scientifiques.
Ce qu'elles ont en commun et qui fait que leur différence consiste en une différence du degré, c'est la logique : pour l'une, la logique du sens commun, et pour l'autre, la logique formelle. On peut donc considérer que, pour J. Dewey, la "communauté de recherche" s'engage tantôt dans une enquête du sens commun, tantôt dans une enquête scientifique, selon l'âge et les capacités des membres de la communauté de recherche.
Mais il faut bien comprendre, qu'à la différence de C. S. Peirce, pour J. Dewey, la science fait partie intégrante de l'expérience quotidienne, il est donc indispensable que tout individu en étudie les principes afin de se comprendre lui-même et de comprendre son environnement : "les chemins de fer, les bateaux à vapeur, les moteurs électriques, le téléphone et le télégraphe, l'automobile, les avions et les dirigeables"9. Car, pour Dewey, la vie sociale est imprégnée par la science, et tout ce qui est inclus dans l'expérience quotidienne est structuré par une logique scientifique. Il devient donc nécessaire d'initier chacun aux rudiments, d'abord de la logique du sens commun, puis à ceux de la logique formelle. Nous voyons que, pour J. Dewey, la science et la philosophie opèrent vers un même but, le développement d'une pensée autonome, critique et raisonnable à travers une initiation à la logique scientifique : "Sans initiation à l'esprit scientifique on ne possède pas les meilleurs outils que l'humanité ait jusqu'ici inventés pour réfléchir avec efficacité. (...) C'est une méthode de recherche et de mise à l'épreuve"10.
Pour J. Dewey, seule cette initiation est à même de libérer la pensée de ses préjugés et de la rendre autonome. Seule la science, conjuguée au quotidien, fournit à chacun "les règles et les préceptes qui sont considérés comme accordés pour atteindre toute conclusion et pour permettre tout comportement socialement correct"11. Par cette initiation, il s'agit donc bien de diminuer les erreurs que les faits et croyances populaires peuvent générer et de permettre le développement d'individus à la fois autonomes et sociables.
Par contre, à la différence de C. S. Peirce et de M. Lipman, pour J. Dewey, c'est la science, plus que la philosophie, qui constitue le fondement de l'expérience significative. Cependant, il ne s'agit que d'une divergence de contenu ; la communauté de recherche selon J. Dewey s'intéressera à des thèmes liés à la science, alors que la communauté de recherche selon C. S. Peirce et M. Lipman peut aborder une multitude de problèmes pratiques ou philosophiques, mais la méthode et les objectifs demeurent inchangés.
Pour comprendre la raison pour laquelle la conception deweyenne de la communauté de recherche met l'accent sur la science, nous devons tenir compte du contexte historique des travaux de J. Dewey. Or, ce contexte nous montre que le progrès se comprenait alors essentiellement en termes scientifiques : "Maintenant, les hommes regardent l'avenir avec la ferme croyance que l'intelligence, bien utilisée, peut nous libérer des maux qu'autrefois l'on pensait inévitables. Ce n'est plus un rêve que de venir à bout des épidémies dévastatrices ; il n'est pas utopique d'espérer abolir la pauvreté. La science a familiarisé les hommes avec l'idée de développement, qui prend corps dans l'amélioration progressive et constante du sort de la collectivité humaine"12. Autrement dit la science fournit les outils grâce auxquels l'expérience est plus efficacement gérée13, car elle est en constante interrelation avec les faits et les évènements de la vie courante, avec la personne et son environnement. La science analyse les faits et interroge leur sens, ce en quoi elle rejoint la démarche philosophique. Bien qu'il distingue la logique du sens commun de la logique formelle, J. Dewey n'avait peut-être pas perçu cette étroite parenté entre la science et la philosophie, qui pourtant permet de penser une application plus large de la logique scientifique à diverses situations rencontrées au quotidien. C'est précisément cette application, cette habitude du raisonner, que M. Lipman préconise à travers sa didactique de la philosophie pour les enfants.
On retrouve également la dimension sociale du pragmatisme dans cette conception deweyenne de la "communauté de recherche", puisque celle-ci consiste en une microsociété qui initie par-là même l'enfant à ses droits et à ses devoirs. En effet, pour qu'un groupe d'individus deviennent une communauté, il faut qu'il y ait collaboration. La communauté de recherche apprend ainsi à ses membres à communiquer dans le respect mutuel. La communication est un acte de réciprocité en ce sens que "chacun devrait savoir ce que l'autre fait, et devrait avoir un moyen de tenir l'autre informé de son propre but et de son propre progrès"14. C'est donc l'acquisition du principe de responsabilité qui est ici promu, car à chaque étape de l'enquête, il est exigé de chacun de rendre compte de son travail.
Au terme de cette présentation, nous pouvons formuler une brève définition de la communauté de recherche selon J. Dewey. Cette communauté de recherche initie chacun de ses membres aux rudiments de la logique, d'abord de la logique du sens commun, puis de la logique formelle, en les confrontant à des problèmes scientifiques qu'il s'agit de résoudre par une collaboration.C'est là, pour J. Dewey, le seul moyen dont dispose l'éducation pour former de futurs citoyens rationnels et soucieux des valeurs de la démocratie. Nous le voyons apparaître clairement à l'issue de cette formulation, pour J. Dewey, la communauté de recherche est plus scientifique que philosophique.
Dès lors, le maître reçoit pour fonction d'organiser les interventions des jeunes élèves, c'est-à-dire de corriger les erreurs de raisonnement, d'éveiller de nouveaux intérêts et de susciter le questionnement philosophique15. Cette conception du maître sera d'ailleurs reprise par M. Lipman, seulement celui-ci n'hésitera pas à transposer cette conception de la communauté de recherche à tous les niveaux de la scolarité, en proposant de confronter les membres de la communauté de recherche, non pas à des problèmes scientifiques, mais à des problèmes philosophiques.
La "communauté de recherche" selon M. Lipman
Par "recherche", M. Lipman entend une pratique autocritique et autocorrective. L'enfant qui tâtonne, qui fouille, qui tâche de deviner où sa balle est partie, est amené à prendre en compte des alternatives, à construire des hypothèses, à agir par essais et erreurs, et à adopter d'autres formes de comportement qui seront peu à peu qualifiées d'"intelligentes"16. De même, un dialogue qui essaie de rester logique ne va pas immédiatement s'orienter vers la solution la plus rationnelle possible, il "tâtonne" et progresse petit à petit. En conséquence, dès que les participants ont assimilé et intériorisé cette méthode, ils en arrivent à penser en termes de méthode, à avoir spontanément une pensée structurée17.
Transformer la classe en une "communauté de recherche" revient donc à organiser une discussion dans laquelle les élèves cherchent ensemble une solution, grâce à une démarche qui permettra d'éliminer, au fur et à mesure, les raisonnements non pertinents18. Il s'agit donc bien d'opérer, par le biais de la discussion philosophique, une clarification des concepts, de sorte que les conséquences de l'action apparaissent plus clairement, et permettent de déterminer si le but fixé en commun pourra être atteint. Cette collaboration devient une véritable dynamique où chaque intervention encourage les enfants à justifier et à soutenir davantage sa position, qui, sans cette collaboration resterait précisément sans fondement. Ainsi, le cadre des investigations de la communauté de recherche n'est pas préétabli, ce cadre se définit au fil des interventions, et ne se laisse pas enfermer dans les limites strictes d'une discipline scolaire. C'est pourquoi la didactique de M. Lipman insiste sur la nécessité de "suivre le débat là où il mène"19.
La "communauté de recherche", telle que la conçoit M. Lipman, reçoit pour mission d'initier l'enfant à la pensée logique, et de lui fournir les moyens d'atteindre un certain degré de consistance (absence de contradiction) et de cohérence (concevoir et énoncer ses idées de façon homogène). Autrement dit, la communauté de recherche fournit à l'enfant les instruments pour comprendre, examiner et évaluer objectivement les structures du discours20. Toutefois, nous devons préciser ici de quelle logique nous parlons : il s'agit de la "logique du sens commun". En effet, pour M. Lipman la logique formelle est trop spécialisée pour constituer la méthode de la communauté de recherche en situation scolaire, elle se révèlerait inefficace à la résolution de situations problématiques ordinaires.
La logique à laquelle M. Lipman souhaite initier les enfants est celle des "bonnes raisons" qui à notre avis n'est autre que la "logique du sens commun" de J. Dewey. Car, au quotidien, chacun tente de justifier son action ou ses dires par de "bonnes raisons", susceptibles de convaincre ou de persuader son entourage. Toutefois, il est rare que nous exigions un tel discours de la part des enfants, comme si ces derniers étaient incapables de justifier quoi que ce soit. C'est précisément contre ce préjugé, que M. Lipman préconise de transformer la classe en une communauté de recherche. Il s'agit d'apprendre à l'enfant à appuyer ses énoncés sur de "bonnes raisons", afin de prévenir l'arbitraire, et lui apprendre à justifier ses énoncés par un discours cohérent.
Pour M. Lipman, la "communauté de recherche" est donc philosophique, dans le sens où les sujets abordés sont empruntés à la philosophie. En cela M. Lipman et C. S. Peirce se rejoignent. Et son but est d'initier ses membres à la logique des "bonnes raisons", concept que l'on peut considérer comme étant issu des travaux de J. Dewey, concept qui désigne aussi la méthode que doit suivre cette communauté dans la progression de ses recherches. La collaboration des membres est également au coeur de la conception lipmanienne de la communauté de recherche, si ce n'est qu'à la différence de J. Dewey, il conçoit cette collaboration sous forme d'un dialogue. Ici, M. Lipman est sans doute plus proche de C. S. Peirce, pour lequel la communauté de recherche avait pour spécificité de confronter divers points de vue, de les justifier afin d'élaborer la solution la plus appropriée.
Pour M. Lipman, il n'y a de véritable dialogue que lorsqu'il y a divergence et réciprocité21. Lors de l'enquête, s'instaure ainsi un jeu de questions-réponses cher à la tradition socratique. En effet, la communauté de recherche devient, pour les enfants, l'occasion de réfléchir posément sur un thème. En abordant différentes perspectives, l'enfant découvre alors de nouveaux champs d'investigation que, sans la collaboration, il n'aurait même jamais soupçonnés. En ce sens, la communauté de recherche philosophique apparaît comme un espace ouvert à une réflexion dynamique propice à l'émergence d'idées nouvelles.
Si la communauté de recherche se révèle être un terrain fertile à cette prolifération d'idées, c'est parce que la mission de la communauté de recherche philosophique ne consiste pas à appliquer une méthode "toute faite" pour trouver des solutions immédiates. Sa mission consiste davantage à examiner patiemment le sens des mots22, d'approfondir et de reformuler les questions des enfants23. La "communauté de recherche" apparaît ainsi comme "un regroupement de pairs qui favorise le développement individuel en ce qu'il fait prendre conscience à l'enfant de ses potentialités"24. Cette conception de la communauté de recherche trouve d'ailleurs un précieux soutien dans les travaux de J. Piaget sur le développement du raisonnement chez l'enfant, puisqu'il apparaît que c'est la socialisation, la rencontre du discours de l'enfant avec le discours d'autrui, qui motive le développement de son raisonnement25.
La communauté de recherche contribue au développement moral de l'enfant parce qu'elle est elle-même un microcosme social. En collaborant à l'enquête philosophique, l'enfant apprend à se connaître, à vivre en société et à contribuer à l'évolution de cette microsociété qu'est la classe. C'est pourquoi M. Lipman considère la communauté de recherche comme "un intermédiaire entre la famille et la société"26, un médiateur vers une socialisation intelligente.
Philosopher au sein de la communauté de recherche désigne alors le fait de s'engager dans la recherche perpétuelle de ses propres convictions, au moyen d'une dialectique basée sur le respect d'autrui et la logique des "bonnes raisons". Philosopher signifie dès lors avoir le courage de penser et de penser contre tout dogmatisme27. C'est pourquoi nous rejoignons l'appréciation d'O. Brenifier lorsqu'il critique abondamment un atelier de discussion, soi-disant "philosophique", auquel il a assisté lors d'une conférence internationale organisée par l'ICPIC28, à Varna (Bulgarie), en 2003. L'atelier auquel il assista, loin de donner naissance à une communauté de recherche au sens lipmanien, se contentait d'une "libre" discussion, "libre" dans le sens où chaque élève pouvait dire ce qu'il voulait, sans se soucier de la cohérence de la discussion, du moment qu'il attendait patiemment son tour29. Il est évident que, dans cet exemple, la pratique de la discussion ne permet pas l'émergence d'une communauté de recherche. Puisque précisément, il n'y a pas de recherche en "commun", il n'y a pas de collaboration. C'est d'ailleurs pourquoi cet atelier peut être considéré comme un échec.
À l'issue de cette analyse, la communauté de recherche, telle que la conçoit M. Lipman, apparaît comme la condition nécessaire à l'apprentissage d'un "mieux-dire", dont la conséquence est un "mieux-faire", en vue d'un "mieux-être". La communauté de recherche exige et crée les conditions de possibilité d'un engagement personnel et d'une participation active. Cette communauté est le lieu d'une pensée en acte, d'un philosopher, c'est-à-dire d'un exercice de la pensée logique et dialogique. C'est pourquoi apprendre aux enfants comment penser, ne peut se faire, pour J. Dewey comme pour M. Lipman, qu'au sein de la communauté de recherche. Et même s'il est impossible d'ajuster parfaitement la pratique à la théorie, cette définition demeure un idéal vers lequel doivent tendre les différentes pratiques du philosopher avec les enfants.
(1) Lipman M., A l'école de la pensée,. La quatrième et dernière partie de l'ouvrage Nature et utilisation de la commnauté de recherche est intégralement consacrée à la détermination des enjeux de la communauté de recherche. Pour les références, voir la bibliographie en fin d'article
(2) Lipman M., ibid., p. 273.
(3) Philosophe et sémiologue américain, 10 septembre 1839 - 19 avril 1914.
(4) Peirce C. S., Collected Papers.
(5) "There is a more familiar name for it than abduction, for it is neither more nor less than guessing", Peirce C. S., How to Make Our Ideas Clear.
(6) What Pragmatism Is, in Collected Papers.
(7) Dewey J., Logique, la théorie de l'enquête, p. 122.
(8) Ibid., p. 122.
(9) Dewey J., Logique, la théorie de l'enquête, p. 268.
(10) Dewey J., Démocratie et éducation, p. 228-230.
(11) Dewey J., Logique, la théorie de l'enquête, p. 360.
(12) Dewey J., Démocratie et éducation, p. 269.
(13) Dewey J., My pedagogic creed, p. 90.
(14) Dewey J., Démocratie et éducation, p. 19.
(15) Daniel M.-F., La philosophie et les enfants, p. 150.
(16) Lipman M., A l'école de la pensée, p. 61.
(17) Ibid., p. 32.
(18) Sherringham M., Une expérience précoce d'enseignement de la philosophie aux Etats-Unis, p. 100.
(19) Lipman M., A l'école de la pensée, p. 274.
(20) Daniel M.-F., La philosophie et les enfants, p. 145.
(21) Lipman M., ibid., p. 36.
(22) Daniel M.-F., ibid., p. 144.
(23) Lipman M., ibid., p. 276.
(24) Daniel M.-F., La philosophie et les enfants, p. 143.
(25) Piaget J., Le jugement et le raisonnement chez l'enfant, p. 10.
(26) Lipman M., A l'école de la pensée, p. 296.
(27) Daniel M.-F., La philosophie et les enfants, p. 147.
(28) ICPIC, International Council of Philosophical Inquiry with Children, dont le president d'honneur est M. Lipman.
(29) Brenifier O., Regard critique sur la méthode Lipman.