Revue

Oser et innover !

L'opération " Carré de Nature, Carré de Culture " n'aurait pu subsister sans le ferme soutien de Jean-Charles Ringard, Inspecteur d'Académie de Seine-Saint-Denis. Aujourd'hui Directeur des Services d'éducation des Pays de Loire, il revient sur l'expérience.

Pourquoi avoir soutenu cette expérience ?

Parce qu'il est nécessaire, quand on forme des jeunes, de leur ouvrir l'esprit. Et l'enseignement trop doctrinal, " frontal ", y contribue rarement. La formation d'un jeune ne peut se résumer à l'acquisition d'une somme de connaissances, il est primordial de donner un sens à certains concepts. L'acquisition de connaissances reste stérile sans la construction de valeurs et la formation d'un esprit critique.

Les enfants de Segpa sont réputés vivre de nombreuses difficultés, dont des difficultés cognitives. Dès lors, les mettre en situation de réfléchir sur des concepts philosophiques, à partir de débats et d'échanges, me semblait de nature à leur offrir un juste recul sur ce qu'ils vivent.

C'était pourtant une gageure : si la Fondation 93 n'avait pas eu cette idée folle de proposer de la philosophie à des élèves de Segpa, qui l'aurait fait ? La première fois que l'on m'a présenté le projet, j'ai dit " vous êtes vraiment sûrs ? ". Et puis, si des précautions sont prises, telles que s'assurer de la qualité des intervenants et réfléchir en amont aux situations dans lesquelles l'on va plonger les élèves, je crois qu'il faut oser. Oser et innover : c'est vital pour l'Éducation Nationale et pour l'éducation des jeunes...

Que vous appris ce projet ?

Que l'on peut mobiliser et motiver des gamins en créant des situations d'apprentissage stimulantes. Alors, ils peuvent révéler des talents et des compétences dont certains les pensaient dépourvus. Ce peut apparaître comme une évidence, mais, encore une fois, il fallait oser offrir de la philosophie à des élèves de Segpa.

Cela m'a également conforté dans l'idée que l'Éducation Nationale doit absolument s'ouvrir au monde extérieur. Ceux qui veulent faire de l'école un sanctuaire se trompent ! Il faut l'ouvrir largement à d'autres sources de connaissances et de savoirs. Et puis, au sein même du corps enseignant, il faudrait pouvoir s'ouvrir plus largement à certaines innovations : par exemple, dès que l'on sort de l'enseignement par disciplines, c'est bien souvent la panique chez nombre d'enseignants. C'est comme si l'on ne faisait pas son métier sérieusement alors que, je le répète, on n'est pas là pour simplement enseigner des matières à des élèves, mais aussi pour les former.

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