Après la publication des programmes de philosophie en classe terminale dans les séries générales (2003), puis technologiques (2005), les polémiques qui agitaient le milieu philosophique depuis quelques années autour de leur élaboration (cf par exemple la suppression du programme éphémère de 2000 du groupe d'experts animé par A. Renaut), semblent pour l'instant être retombées, et c'est plutôt autour de leur interprétation et de leur application que le débat se poursuit. De nouveaux manuels ont vu le jour, qui intègrent notamment la nouveauté des "repères" (distinctions conceptuelles de base en philosophie).
Les activités à visée philosophique à l'école semblent s'orienter dans le premier degré vers une relation plus étroite avec les nouveaux programmes de 2002 : utilisation en premier lieu de la demi-heure de débat réglé (à l'occasion de l'éducation civique et du vivre ensemble). L'institutionnalisation hebdomadaire du débat donne un support réglementaire à la mise en oeuvre de discussions à visée philosophique sur des notions fondamentales (liberté, égalité, justice, violence...), car la philosophie politique est essentielle dans la réflexion sur la citoyenneté.
En second lieu, le recours à la littérature, et en particulier du récit, comme voie vers la connaissance de l'homme, et pas seulement en vue de la maîtrise de la langue, pose la question du "philosophique du littéraire", comme l'ont théorisé des auteurs comme P. Macherey1 ou P. Ricoeur. Le "débat d'interprétation sur les textes" est une obligation en français, ce qui rend possible et même souhaitable, comme l'indique le document officiel d'accompagnement des programmes2, une articulation entre le débat d'interprétation littéraire et la discussion à visée philosophique.
Le point sur ces nouvelles orientations sera fait au 6e colloque des nouvelles pratiques philosophiques, les 15 et 16 novembre 2006 à l'UNESCO.
Quant à la philosophie dans la cité, la nouveauté par rapport aux cafés-philo, dont l'activité persiste depuis 14 ans, et dont nous continuons à rendre compte dans ce numéro3, est le développement des universités populaires, qui se réunissent à Lyon les 23, 24 et 25 juin 2006. Elles cherchent de nouveaux modes de popularisation de la philosophie, et pour certaines, expérimentent de nouvelles façons d'apprendre à philosopher.
(1) À quoi pense la littérature ?, PUF, Paris, 1992.
(2) "Chaque lecture, lorsqu'elle a fait l'objet d'un travail de compréhension et d'interprétation... pose de multiples questions, qui peuvent devenir des thèmes de débat particulièrement riches". Et la dimension philosophique est plus loin explicitement mentionnée (Qu'apprend-on à l'école élémentaire ? CNDP, P. 187).
(3) Merci à Yannis Youlountas, qui a sollicité plusieurs articles que nous publions dans Diotime.