- Oscar Brenifier poursuit son travail important de didactisation de la philosophie à l'école primaire avec plusieurs publications :
- poursuite de la collection PhiloZenfants, aux éditions Nathan, déjà présentée dans Diotime n° 23, avec un nouvel album : La liberté, c'est quoi ? On retrouvera la méthode partant de questions fondamentales autour de la liberté, auxquelles sont proposées diverses réponses argumentées, aussitôt réinterrogées, liant ainsi fortement problématisation, conceptualisation et argumentation ;
- lancement d'une nouvelle collection aux éditions Autrement Jeunesse : " Les petits albums de philosophie " (avec la dessinatrice Iris de Moüy). Sont déjà parus : La vérité selon Ninon, et Le bonheur selon Ninon (13,50 euros l'exemplaire). Il s'agit de courtes histoires en bande dessinée, relatant les aventures d'une petite fille Ninon avec son entourage, illustrant chacune les questions essentielles posées par une notion philosophique. Le texte des personnages est un dialogue réflexif, mais très abordable pour les enfants, qui peuvent aisément s'identifier au personnage. On trouve aussi, intercalés sous formes d'histoires racontées, la référence à des contes ou mythes fondateurs ;
- publication enfin chez l'éditeur toulousain Sedrap pour les élèves de CE1 de À nous le français (avec un livre pour l'élève et un guide pour le maître). Ce manuel propose un ensemble de textes regroupés par genre, suivi d'un " petit atelier de philo ", support à des activités diversifiées d'observation réfléchie de la langue (lecture, grammaire, vocabulaire, orthographe, productions d'écrits...). Le guide de l'enseignant propose les enjeux philosophiques de chaque texte ainsi que des pistes pour mener des discussions à partir des questions du petit atelier philo. C'est une tentative nouvelle intéressante d'articulation pratique entre français et philosophie à l'école primaire.
- La mort n'est pas au programme, Trouver les mots qui font vivre, ou l'éducateur et les questions sensibles, H. Lethierry, L'Harmattan, 2005.
Un ouvrage très intéressant, qui traite de la façon dont on peut aborder en classe, notamment au primaire, le problème de la mort, et donne des éclairages théoriques et pratiques utiles sur ce sujet, sensible pour les enfants et la condition humaine.
Citons M. Conche, qui a fait la préface de l'ouvrage, prenant clairement position sur l'intérêt de philosopher avec les enfants et les adolescents :
" Faut-il, oui ou non, programmer la mort dans l'éducation ? ". Question préalable : "Suis-je qualifié pour répondre à une telle question ? ". Je pense l'être, à trois points de vue : en tant qu'ayant été parent d'élève, en tant qu'ayant été - il est vrai, dans ma prime jeunesse - instituteur, qui eut en charge toutes les classes primaires, de la maternelle au cours supérieur, enfin en tant que philosophe qui a médité et écrit sur la mort.
Cela dit, je ne crois pas qu'il y ait lieu de " programmer " la mort à l'école : la mort ne doit pas être posée de façon unilatérale, comme si elle pouvait être pensée à part de la vie. Mais il convient de rester disponible et ouvert, pour écouter l'enfant et être prêt à répondre à ses questions. Le questionnement, venant de lui, est significatif d'une inquiétude, peut-être d'une angoisse. Cette angoisse étant naturelle - car elle existe plus ou moins chez tous les hommes - n'a rien d'un symptôme névrotique. Elle est bonne en elle-même : d'elle et des questions qu'elle suscite naît la philosophie. Il faut non pas chercher à délivrer l'enfant de son angoisse, mais l'aider à la vivre, l'accompagner dans son angoisse comme étant la nôtre aussi.
L'enfant demandera peut-être : " Que devient-on après la mort ? ". Pilar Sanchez est une philosophe espagnole qui fait sa thèse sur ma philosophie. Elle a deux enfants, Violeta, treize ans, Vicente, douze ans, qui lui posent cette question. Selon elle, et c'est aussi mon avis, il faut dire à l'enfant la vérité : nous ne savons pas ce que nous serons après la mort. Peut-être aurons-nous une autre vie, ou peut-être aucune sorte de vie ; et, à défaut de savoir, nous pouvons croire l'un ou l'autre.
À partir de quatorze ou quinze ans, l'enfant doit être préparé à la vie dans sa brièveté. Il convient alors non plus d'attendre les questions, mais de prendre peu à peu l'initiative, afin que l'adolescent, regardant vers l'avenir et son terme, se sente responsable de lui-même, de ce que sera sa vie, se prenne en charge. On lui parlera de la mort, mais en fonction de la vie - ces deux contraires étant indissociables, comme l'a montré Héraclite. On lui montrera ce que signifie la mort : que sa vie est finie, qu'il a un certain laps de temps à vivre, qu'il doit remplir ce temps de la meilleure façon possible, qu'il ne doit pas perdre de temps. Au jeune homme de dix-huit ou vingt ans qui n'a pas appris à penser sa vie comme un tout, la mort paraît quelque chose d'extrêmement lointain.
Qu'il ait conscience que la vie - sa vie - ne dure pas longtemps, cela ne pourra que l'inciter à faire bon usage de son énergie.
Bref la mort ne saurait être une matière du programme qu'à la condition de l'associer à une réflexion sur la vie, à partir de la question : " Comment vivre ? ". Cependant, " programme " ou non, il ne faut pas fuir les occasions de parler de la mort - dont il serait absurde de faire un tabou (autant faire un tabou de la vie). Encore, tout en ayant l'air d'en parler, ne faut-il pas fuir le sujet en voulant en escamoter la gravité.
Le respect de l'enfant passe par le respect de la vérité. C'est tromper l'enfant que de faire comme si l'on prenait à la légère ce que l'on ne prend pas à la légère, ou comme si l'on savait alors qu'on ne sait pas. L'enseignant n'est pas un " je sais tout ", et n'a pas à s'en donner l'air. Le sens métaphysique de la mort appelle la suspension du jugement. Les parents souhaitent, en général, que leurs enfants partagent leurs croyances. Mais l'éducateur ne doit pas viser à inculquer à l'enfant telle croyance plutôt qu'une autre - j'entends l'éducateur laïque. L'enfant apprendra, ou non, la suspension de jugement. Il choisira, ou non, l'une des options laissées en suspens. Ce n'est pas à l'enseignant d'incliner son choix dans un sens, celui de la croyance en une autre vie, ou dans le sens contraire.
En classe de philosophie pourra être posée la question du tragique. La mort est-elle tragique ? On montrera qu'elle ne l'est pas en elle-même, mais selon la valeur de la vie à laquelle elle met fin. Si meurt une vie sans valeur ou de valeur négative - celle d'un Hitler, par exemple -, où est le tragique ? Tragique est la mort des enfants, riches en virtualités, en promesses, ou des êtres créatifs - Évariste Galois, Pouchkine. Vivre sa vie de façon qu'elle ait le plus de valeur possible, et par là rendre tragique la mort, qui ne l'est pas en elle-même, voilà ce que, reprenant une expression de Nietzsche, je nomme " sagesse tragique ".
Marcel CONCHE, Professeur de philosophie émérite à la Sorbonne, Membre correspondant de l'Académie d'Athènes.
- À noter sur la même question la réédition chez l'Harmattan en 2000 d'un ouvrage précurseur publié en 1991, encouragé par la Mutualité Française :
Dis maîtresse, c'est quoi la mort ? , avec des approches diversifiées sur la mort pour armer les enseignants soucieux de traiter de cette question avec leurs élèves (il y a quelques exemples concrets vécus dans des classes).
- Pour l'apprentissage d'une pensée critique au primaire, Presses de l'Université du Québec, Sainte-Foy, Canada, 2005.
C'est le dernier ouvrage coordonné par Marie-France Daniel, professeure à l'Université de Montréal. Cet ouvrage étudie pas à pas, à l'aide de nombreux exemples tirés de discussions entre élèves de 10-11 ans, un processus d'apprentissage de la pensée critique (critical thinking), de nature socio-constructiviste. Il présente une série de questions pour que les échanges entre élèves dépassent l'anecdote et deviennent dialogue. Il explique la transformation d'une classe en " communauté de recherche ", base essentielle au développement d'une pensée critique, à la fois logique, créative, responsable et métacognitive. Il propose enfin une grille pour évaluer ce processus d'apprentissage chez les élèves.
- Nous avons signalé le Cahiers pédagogiques n° 432 d'avril 2005 sur " La philo en discussion ". On trouvera des articles complémentaires de S. Vangeenhoven (Le questionnement des élèves), M. Boeglin ( Philosopher avec le corps), B. Defrance (Ecrire en cours de philo), M. Tozzi (Les pratiques de discussion à visée philosophique, Le pôle philosophie de l'Université de Narbonne) etc., sur le site http://www.cahiers-pédagogiques.com
- Regards croisés sur l'enseignement de la philosophie
SCEREN-CRDP Pays de Loire, 2005, 20 euros.
Cet ouvrage, coordonné par G. Guilpain, s'inscrit dans la tentative de renouveler l'enseignement de la philosophie au lycée. Pendant plus de trois ans, des professeurs de philosophie se sont régulièrement retrouvés pour échanger sur leurs pratiques et les mettre à l'épreuve des faits, sans éluder leurs interrogations et leurs divergences, ce qui n'est guère fréquent dans la profession, en dehors de rares stages institutionnels (plutôt portés sur des notions ou des auteurs), des colloques de l'Acireph et des rencontres de mouvements pédagogiques, en particulier le GFEN. Il en ressort un florilège de propositions passionnantes sur la lecture et l'écriture (ateliers), l'étude des oeuvres complètes, la préparation des épreuves de l'examen et l'interdisciplinarité. On regrettera cependant, c'est une limite au renouvellement significatif des pratiques proposées, le peu de présence accordée à la discussion avec les élèves... L'ouvrage ne se veut pas un manuel de recettes didactiques, il fait entrer le lecteur dans une démarche d'échange et de partage, l'invitant à prolonger par lui-même le travail proposé.
- On trouvera dans Je est un autre d'avril 2005, une approche de ce que J. Lévine, psychologue développementaliste et psychanalyste, appelle " l'instance-monde ", qui peut éclairer sa conception de l'atelier philo de l'association qu'il a fondée (AGSAS). Dans Pour une anthropologie des savoirs scolaires, de la désappartenace à la réappartenance (publié chez ESF avec M. Develay), il la définissait comme " l'art de faire grandir l'enfant en se gardant de séparer le faire grandir de l'enfant du faire grandir l'espèce ", pour que les élèves soient à la fois des héritiers, des continuateurs et des contributeurs de la marche du monde. Il s'agit d'inscrire l'enfant dans un " lieu qui aurait connaissance de ce dont est fait le vivre ensemble socialisé ", différent du surmoi, et qui développe la dimension de l'universel et du désir du petit d'homme d'être " apportant " à l'humanité, d'y être procréateur. Ce qui donne son sens à l'expérience du cogito dans l'atelier philo, puisqu'on s'y met devant les grandes énigmes de l'humanité...
Commandes : bernard.delattre4@wanadoo.fr
- G. De Vecchi a coordonné un ouvrage en 2 tomes, publié chez Hachette en 2004 : Une banque de situations-problèmes.
Il définit une situation-problème comme une situation de classe qui a du sens, qui est liée à un obstacle repéré par rapport à des conceptions préalables, qui fait naître un questionnement chez les apprenants, avec plusieurs réponses possibles, prévoyant des phases métacognitives, et qui crée une rupture déconstructrice, débouchant sur un acquis. On voit l'intérêt que présente une telle situation pour l'apprentissage du philosopher. C'est ce qu'illustre abondamment J. C. Pettier, dans les pages 11 à 85 du tome I portant sur " éducation à la citoyenneté et approche philosophique ". Sont abordées notamment des situations-problèmes pour réfléchir avec les élèves de différents niveaux (de la maternelle à la terminale), sur les notions de loi et de règle, de racisme et d'intégration, de citoyenneté française, européenne, mondiale, de philosophie...
- Le Centre de Formation Pédagogique de Sainte Geneviève à Paris a mis au point une mallette pédagogique sur " Éducation à la réflexion et philosophie à l'école primaire ". Elle comprend 2 DVD présentant des séquences tournées dans différentes classes à partir de divers supports, plusieurs dossiers pédagogiques, et peut être complétée par le cahier de l'Airip n° 18 Éduquer à la réflexion.
On peut se la procurer pour 40 euros à : DDEC, 1er degré, 76 rue des Saints-Pères, 75007 Paris.
- Dans les Cahiers du CERFEE n° 20 (revue de l'équipe de recherche des sciences de l'éducation de Montpellier 3), portant sur les méthodes d'analyse des pratiques et du travail, on trouvera trois articles intéressants sur les méthodes d'analyse d'une DVP disponibles : Analyser les situations et pratiques scolaires de discussions à visée philosophique (M. Tozzi) ; Quels outils pour analyser une séance de discussion à visée philosophique ? (G. Auguet), avec la bibliographie de référence pour une approche de la DVP par les outils de la pragmatique ; et l'étude sur la philosophie avec les élèves handicapés (IMPro) menée pour l'Académie de Créteil par T. Bour et J. C. Pettier. Commande : R. MONIO, Université Montpellier 3, Route de Mende, 34000 Montpellier (13 euros).
- Le côté du café des phares, pratique du café philosophique, de Carlos Gravitos, l'Harmattan, 2005.
On y trouvera, racontés fictionnellement par Diotime, des extraits bien réels des meilleurs moments du Café des Phares à Paris, berceau du mouvement des cafés philo en 1992 avec M. Sautet. On peut lire dans la préface de Christian Godin, Maître de conférence de philosophie à l'Université de Clermont-Ferrand : " Les cafés philo sont des microcosmes de la République. On n'y participe pas pour subir un examen ni même pour apprendre, mais pour tenter, avec d'autres bonnes volontés, d'arracher le maximum de sens aux absurdités et aux brutalités du monde. N'est-ce pas là, après tout, la définition même de l'activité philosophique ? ".
- La revue AH !, revue d'éthique et d'esthétique de l'Université Libre de Bruxelles (ULB), a choisi pour son numéro de février 2005 un titre de quasi manifeste : " Oui à la philosophie ". À une époque d'amalgames, de confusions, de simplifications, de manichéismes, retrouver le sens des mots et l'esprit critique semble une tâche urgente. Pris en tenaille entre les intégrismes de la pensée unique du grand marché interplanétaire, nous sommes aujourd'hui en déficit d'universel, en perte de sens. La philosophie est un pari pour l'humanité de l'homme menacée par les barbaries, traquée par la guerre des technocrates contre l'intelligence. Oui donc à la philosophie pour lutter contre l'inculture, les dogmatismes et les réifications qui déhumanisent l'homme et menacent la planète, proclament vingt-deux philosophes et penseurs contemporains. (voir l'article de Michel Tozzi sur la philosophie dans la cité et avec les enfants).
revue.ah@ulb.ac.be
- On peut commander le film tourné dans la classe-relai de F. Landoeuer (avec des approches philosophiques) Les enfants du big-bangaux Films Grain de sable, 206 rue de Charenton, 74012, Paris.
Contact fredetwill@free.fr
- Dans le genre " préparation au Bac ", pour ceux qui voudraient assimiler quelques éléments simples, signalons le Prépabacde Stéphane Vial, chez Hatier.
- Quelques articles didactiques de M. Tozzi parus récemment dans les Cahiers Pédagogiques :
- " Le rose et le noir ", dans le dossier spécial La philosophie en discussion, 432
- "De la philosophie en lycée professionnel ?" n° 403
- "Philosopher sans philosophes ?" 402
- "La discussion à l'école primaire" 401
- "Diversifier l'écriture philosophique" 388-389
- "La philosophie en examen" 387
- "Un débat philo bien frais!" 385
- "Philosophie: relativiser notre prétention à l'universel" 378
- "La philosophie à contre sens ?" 374
- "Décrire: quelle place en cours de philo" 373
- "Philosophie: un manuel de compromis 369
- "Philosopher à la première personne" 363
- "Argumenter en philosophie" 344-345
- "La philosophie pour enfants" 341
- "Peut-on se passer de formation en philosophie ?" 338
- "Lire philosophiquement des textes littéraires" 329
- "Etudier la langue pour étudier la pensée" 329
- "Peut-on philosopher sans culture philosophique?" 325
- "Que philosopher c'est travailler sur les représentations" 312
- "Le désir de philosopher" 300
- "Vers une didactique de la philosophie" 298
- "La philosophie en lycée professionnel" 295
- Dans un objectif d'harmonisation européenne, les maîtrises (bac+4), les DESS et DEA (bac+5) sont remplacés dans les universités par des masters de deux ans, à orientation professionnelle (ex-DESS) ou de recherche (ex-DEA, débouchant sur la thèse).
À Montpellier 3, le nombre de cours de première année du master, le M1 (ex-maîtrise) augmentant, le mémoire de maîtrise en sciences de l'éducation est remplacé par un texte plus court à rédiger (TER, Travail d'Etude et de Recherche). C'est dans ce nouveau cadre qu'ont été menés les travaux suivants en juin 2004 : Discussion à visée philosophique : quel guidage pour le maître ? (T. Noël) ; Le rôle du maître dans les discussions à visée philosophique : l'exemple d'une SEGPA (D. Zitouni) ; Discussion à visée philosophique et citoyenneté (C. Michel).
Les dernières maîtrises commencées en 2003-2004, passées en octobre 2005, ont porté sur : Articuler débat d'interprétation en français et discussion à visée philosophique (L. Albaric) ; La discussion philosophique et la maîtrise de l'oral réflexif dans une classe de cycle 3 en ZEP (C. Michalet). Pour toute information contacter : michetozzi@aol.com
- À signaler une activité intéressante du Club philo du lycée international de Sèvres en France : un projet de coopération et d'échange à distance (TIC) avec des partenaires francophones, en particulier européens, sur le rôle de la culture, de l'éducation, et de l'école en particulier, dans l'Europe à venir. Le site Coin philo est " l'agora " de ce projet :
Contact pédagogique : c.michalewski@crdp.ac-versailles.fr