Le feuilleton pour l'élaboration des programmes français de philosophie continue ! Après le refus par le Conseil National des Programmes du projet du groupe d'experts animé par Fichant, et suite à la mission de compromis confiée à celui-ci par le Ministre-philosophe Luc Ferry, une deuxième mouture du groupe Fichant a obtenu un avis réservé du CNP, pour insuffisante détermination des contenus... Ce projet a été approuvé par l'Association des Professeurs de Philosophie de l'Enseignement Public (APPEP), rejeté par l'ACIREPH, favorable à un agiornamento, parce qu'il est encore trop indéterminé, mais aussi par le REP (association des professeurs de philosophie de Lyon)... parce qu'il est trop déterminé ! On connaît la suite pour le prochain numéro : nouvelle consultation des enseignants de philosophie, réexamen par le groupe Fichant, retour devant le CNP ! Depuis le rapport Derrida-Bouveresse de 1989 qui avait échoué à revoir les programmes de 1973, le jeu des chaises musicales s'est emballé : en se focalisant ainsi sur le contenu notionnel des programmes, on évite d'aborder de front l'urgente didactisation d'un enseignement philosophique de masse !

Pendant ce temps, les pratiques à visée philosophique se développent de façon significative, à l'école primaire notamment. Nous en rendons compte dans ce numéro. Les trois colloques successifs, ministériel des 26 au 28 mars à Ballaruc-les-Bains, universitaire les 23 et 24 mai à Montpellier, et celui des 4 et 5 juin à Nanterre organisé par le réseau SCEREN (CRDP de Rennes et CDDP des Hauts-de-Seine) témoignent de cette vitalité. Ils seront l'occasion, au-delà de la mutualisation des pratiques, d'approfondir les débats de fond sur le rapport entre l'enfance ou l'adolescence et la philosophie, sur le rôle du maître et la formation nécessaire, sur les retombées de cette innovation concernant par exemple les compétences des élèves, la culture commune d'une classe et l'identité professionnelle des enseignants.

La rédaction