Revue

18es Rencontres sur les Nouvelles Pratiques philosophiques (NPP) : Quelles relations entre les NPP et la démocratie ?

Problématique du colloque

Les nouvelles pratiques philosophiques (NPP) considèrent la philosophie d'abord comme une pratique, plutôt que, sans que ce soit contradictoire, comme un enseignement ou une transmission de connaissances sur les doctrines philosophiques et l'histoire de la philosophie. Nées dans des démocraties, elles mettent au centre de leur pratique le dialogue, comme la démocratie a besoin de son côté de discussions dans l'espace public.

Se pose alors la question de la relation entre les NPP et la démocratie.

Or philosophie et démocratie se sont rarement rencontrées dans l'histoire : par exemple, Platon l'aristocrate plaidait pour un Philosophe-Roi dans la Cité, Aristote s'accommodait de l'esclavage, Hobbes ne voyait une coexistence apaisée entre les hommes que dans un régime autoritaire, Hegel admirait dans Napoléon l'Esprit absolu chevauchant l'Europe, et Heidegger était inscrit au parti nazi...

D'autres philosophes (ceux des Lumières et nombre de philosophes contemporains), pensent au contraire que la philosophie a tout son rôle à jouer dans une démocratie, notamment pour la formation d'un citoyen éclairé. La philosophie avec les enfants ou dans la Cité (ex : cafés philo) s'empare souvent de cette perspective...

Le colloque sur les NPP à Genève avait pour objectif de problématiser cette relation :

  • NPP et démocratie entrent-elles dans leurs pratiques en tension, voire parfois en contradiction, par leurs fondements et leurs objectifs, leur rapport au pouvoir, à la parole et à la pensée, leurs régimes de vérité différents ?
  • Ces tensions sont-elles ou non articulables en pratique? Si non pourquoi ? Si oui comment ? Pour certains, la philosophie ne doit pas être instrumentalisée par la démocratie et ses programmes de citoyenneté, et garder le vif de sa critique indépendante. Pour d'autres, il est souhaitable de la mettre en perspective démocratique, par exemple en rendant possible l'accession de tous au philosopher.
  • Par leur pratique du dialogue et de la discussion, par leurs exigences intellectuelles, les NPP peuvent-elles ou non contribuer à l'éducation d'une citoyenneté réflexive ? Si non, pourquoi ? Si oui, à quelles conditions ?
  • Par leur éthique communicationnelle, vont-elles ou non jusqu'à s'inscrire dans une éducation à la paix, par leur habitus de confrontation apaisée d'idées divergentes ?
  • D'un autre côté, la démocratie peut-elle avoir des exigences propres sur les pratiques philosophiques ?

Ce questionnement a été travaillé par différents chantiers, qui ont croisé leurs regards sur la problématique : Philoécole et PhiloCité, PhiloPratiques et PhiloFormation. Des ateliers de pratique accompagnèrent pendant deux jours ces travaux.

Les différents chantiers rendront compte dans Diotime de leurs apports à ces questions.

Une matinée a abordé spécifiquement cette problématique dans deux ateliers séparés puis rassemblés, par la pratique et sur le fond, dont on trouvera ci-après le compte rendu...

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