Introduction au dossier

La première période du confinement en France (mars-mai 2020) a donné lieu, faute de pouvoir se rassembler, à de nouvelles pratiques philosophiques virtuelles, que ce soit dans le cadre scolaire, pour assurer la "continuité pédagogique des enseignements, ou dans la cité (ex : cafés philo, ateliers philo pour enfants et pour adultes, élargissement des consultations philosophiques etc.). Le rôle de Diotime est de rendre compte de ces innovations, de les analyser, d'en déterminer l'intérêt et les limites : qu'apportent ces nouvelles pratiques en distantiel de moins, de différent, voire de plus que les pratiques en présentiel ?

Cette question fait controverse.

Pour alimenter les argumentaires, nous avons publié dans Diotime :

  • n° 85, un article de René Guichardan sur le visiocafé philo d'Annemasse et un article collectif sur les discussions virtuelles à visée philosophique avec les enfants et les adultes ;
  • n° 86, un premier dossier de quatre articles sur les nouvelles pratiques philosophiques virtuelles. Ces articles portaient sur "Les ateliers philo 2.0 : opportunité ou pis-aller", des ateliers philo à distance avec des élèves de terminale, "Des ateliers philo virtuels (...) : un humanisme numérique ?" et sur "la méditation philosophique guidée".

Dans le présent numéro, on trouvera trois expériences d'atelier philo virtuel écrit, et une innovation : l'enfant animateur d'atelier philo (en II - C de l'article de Cécile Ohannessian).

De nombreuses questions sont soulevées :

  • Est-ce un moyen différent et supplémentaire d'enseigner ? Un banc d'essai pour obliger les enseignants à utiliser le numérique et changer leurs pratiques (exemple du cours inversé) ? Pour se passer progressivement des enseignants in praesentia, et y substituer des cours préenregistrés (Cf. les MOOC dans le supérieur) ?
  • Quels choix de supports numériques, sachant qu'ils ne sont pas neutres : un outil déjà utilisé par les élèves (type Discord) ; un logiciel libre (Jitsi) ou non (Zoom) ; gratuit ou payant pour celui qui invite ; dans le cadre ou non des outils utilisés par l'Éducation Nationale etc. ? Quel(s) critère(s) pour choisir ?
  • Comment les utiliser ? En vidéo, ou en masquant la caméra pour gagner en puissance sur la bande passante (Quelles conséquences pour la communication de ne plus voir les visages ?). Quelles fonctionnalités facilitent le mieux une utilisation pédagogique, et pour quels objectifs ?

Les Rencontres sur les NPP à l'Unesco (nov. 2020) ont organisé une table ronde sur la question, animée par Michel Tozzi., où s'articulaient témoignages de terrain et argumentaires contradictoires (un compte rendu sera publié dans le numéro n° 88 de Diotime).