Publications

- " Philosopher en lycée professionnel ", Les cahiers " Innover et réussir " n° 7, Rectorat de Créteil, Mai 2004.

Brochure très intéressante, rendant compte de l'expérimentation officielle de la philosophie en lycée professionnel, avec le compte rendu des expériences de plusieurs collègues dans des classes variées, le point de vue de l'inspecteur de philosophie régional, et une enquête réalisée auprès des lycéens sur leur vécu de l'expérience. L'ensemble paraît très positif, la question posée étant celle de la généralisation et de l'institutionnalisation d'un enseignement philosophique en L.P., compte tenu des conditions particulières favorables de l'expérience. Il en ressort aussi un renouvellement des façons traditionnelles d'enseigner la philosophie, dont pourrait utilement s'inspirer la pédagogie des autres classes terminales où la philosophie est obligatoire...

- ONFRAY M., La communauté philosophique - Manifeste pour l'université populaire, Galilée, 2004.

Dans un nouvel ouvrage, très polémique (il se veut un " manifeste "), M. Onfray déclare que " la philosophie subit un certain nombre de misères : l'institutionnalisation scolaire, la confiscation universitaire, le triomphe d'une historiographie idéaliste, la manie ésotérique, la reproduction du milieu sur le mode incestueux, les avachissements mondains, la soumission éditoriale au marché "...

Contre cet état piteux des lieux, et pour retrouver la voie de la philosophie antique où pratiquer cette discipline suppose une conversion existentielle, puis une pratique ad hoc, il propose, sous le sceau du jardin d'Epicure et de l'amitié philosophique, une " communauté philosophique ". Pour se faire, il a créé une université populaire à Caen, lieu de ce laboratoire de philosophie vivante. L'ouvrage se veut le manifeste de cette expérience.

On le verra polémiquer contre les cafés philo (P. 73 à 76), dont l'animateur ne prépare pas assez selon lui pour proposer une substance à l'assistance, et justifier sa formule " une heure de conférence et une heure de débat ". On le verra aussi faire l'éloge de la philosophie avec les enfants (P. 109 à 113), G. Geneviève animant un atelier philo pour enfants dans son université : " Philosopher en terminale, c'est bien certes, mais beaucoup trop tard...On aura juste manqué de faire de la philosophie la discipline qui accompagne, et non couronne, l'ensemble du trajet ".

Pour alimenter le débat actuel sur le philosopher, on le verra enfin poser la dérangeante question : " Quand, où et comment, quelqu'un, et qui, dit qu'on a affaire à de la philosophie ou à un philosophe ? Quelles instances visibles ou invisibles légitiment l'usage de l'épithète et de la qualité ? " (P. 31)...

- LETHIERRY Hugues (sous la direction de), Parler de la mort ...et de la vie, un tabou dans l'éducation ?, Nathan, mai 2004, 223 pages, 22,50 euros.

Cet ouvrage aborde, sous un biais simple et original, un thème souvent soulevé par les élèves dans les discussions à visée philosophique, la mort..., et son lien avec la vie. Il s'adresse, en faisant la part belle à l'humour, domaine de prédilection de H. Letthierry, à tous les enseignants du primaire et du secondaire, aux étudiants et personnels des IUFM.

Il propose trois parties complémentaires :

  • des expériences de terrain, extraites notamment de mémoires professionnels de débutants ;
  • des éclairages plus théoriques, multiréférencés (philosophiques, psychanalytiques, biologiques, juridiques) ;
  • des outils et des démarches pédagogiques pour les praticiens : analyse de dessins d'enfants, photolangage, théâtre, arts plastiques, expression orale, contes, littérature de jeunesse.
  • Un ouvrage utile pour ceux qui se lancent dans de nouvelles pratiques philosophiques, ou plus généralement des débats en classe.

- DROIT Roger-Pol, La philosophie expliquée à ma fille, Seuil, septembre 2004, 88 pages.

(Recension de S. Connac).

Étymologiquement, la philosophie peut s'entendre comme " amour de la sagesse. " Mais le mot ne suffit pas. Connaître quelque chose, ce n'est pas seulement connaître le mot c'est aussi, forcément, en faire l'expérience. Une différence entre le sage et le philosophe est que le premier possède la sagesse alors que le second la cherche.

Faire de la philosophie, c'est donc chercher à savoir la vérité. Pour cela, on explore plusieurs domaines comme ceux de la morale ou de la politique. En fait, c'est dans le domaine des idées que les philosophes cherchent cette vérité. Cette recherche peut prendre la forme d'une question : " Quelle est vraiment l'idée de ... ? " et ce que cherchent les philosophes, c'est la meilleure définition à chaque idée. Ces questions philosophiques n'ont rien à voir avec aucune sorte d'actualité immédiate. Leur réflexion porte sur notre attitude dans l 'existence.

Ces recherches ont pour principale visée l'apprentissage du vivre, les idées commandant les actions, les façons de vivre, les comportements. Il est question de savoir comment vivre mieux, de façon plus humaine, plus intelligente, plus intense.

Une idée vraie est une idée que l'on va pouvoir expliquer, une idée qui tient le coup et se révèle solide à l'examen de la réflexion. Les philosophes sont toujours très attentifs à la façon dont ils s'expriment. Le rôle du langage est central. Pour chercher la vérité, il faut passer par des phrases. Avant de savoir si une idée est vraie ou fausse, il y a donc au moins trois choses à faire : voir si la phrase exprimant cette idée n'est pas un charabia où il n'y a rien à penser ; voir si la phrase ne contient pas une contradiction qui rende l'idée impossible à penser ; voir si la phrase porte sur quelque chose qui existe réellement, et non pas sur une chose possible mais pas réelle.

La philosophie est aussi une activité critique, elle ne se contente pas de chercher la vérité dans le domaine des idées, elle s'efforce aussi de chasser les idées fausses. Dès qu'on doit parler d'une idée avec exactitude, on se trouve dans l'embarras. La philosophie est une activité qui consiste à tenter de sortir de cet embarras. L'embarras ici, c'est ce qui étonne et fait avancer. La philosophie semble naître de cette forme de trouble, de cette sorte particulière de malaise. C'est son point de départ. Dans la réflexion philosophique, tout commence par un étonnement qui crée d'abord une sorte de déstabilisation. Ce choc déclenche la recherche du vrai. C'est pour cela que la philosophie commence toujours par cette découverte de notre ignorance.

La philosophie n'est pas seulement la recherche des idées vraies. Ces idées vraies sont universelles et on les trouve en nous servant de notre raison dans toutes sortes de domaines et sur toutes sortes de sujets. L'idée de vrai n'est pas limitée à un pays ou à une période de l'Histoire.

Il est possible de distinguer deux périodes dans l'histoire de la philosophie :

  • une première qui correspond à l'Antiquité où le but de la philosophie est de devenir sage. Le sage est celui qui a trouvé des idées vraies capables de guider sa vie et qui a réussi à les faire entrer totalement dans son existence. La recherche de la sagesse est une transformation de soi-même pour être heureux ;
  • une seconde, les temps modernes, où il est question de devenir savant. Le philosophe cherche à savoir, ce qui l'intéresse n'est plus le bonheur, c'est la vérité seule. Son rêve n'est plus la sagesse, c'est devenu la science.

- Pallascio R., Daniel M. F., Lafortune L., Pensée et réflexivité, Presses de l'Université du Québec, 2004.

Un certain nombre de chercheurs de Suisse, des États-Unis, de France (E. Auriac-Peyronnet) et du Québec présentent différents points de vue permettant de mieux saisir les théories définissant les caractéristiques réflexives d'une pensée, de même que les qualités de pratiques éducatives menant à une plus grande prise de conscience de cette pensée. Il y a en effet différents modes de pensée qui s'articulent les uns aux autres dans le développement d'une pensée réflexive. La connaissance de ces articulations peut permettre de mieux planifier les interventions éducatives afin d'en maximiser l'émergence.

Signalons enfin, dans un dossier-supplément au n° 145 de la revue Le français aujourd'hui sur l'argumentation, un article intéressant de S. Connac : " Discussions à visée philosophique et questions existentielles avec des enfants " (pp. 7 à 11).