6e colloque de l'ACIREPH (23-24 oct. 2004 à Paris)

Le 6e colloque de l'Acireph a eu lieu au lycée P. Valéry de Paris, sur le thème " Apprendre à raisonner ". Le samedi S. Cospérec, président de l'Association des professeurs de philosophie qui demande la création d'Instituts de Recherche sur l'Enseignement de la Philosophie, explique les raisons du thème du colloque : raisonner n'est pas un simple préalable à la réflexion philosophique, ni son substitut, mais plutôt son dispositif de pensée et l'un de ses objets.

P. Engel, professeur à la Sorbonne, retrace l'histoire de cette discipline, que les anglo-saxons nomment " critical thinking " (on retrouve ce courant chez M. Lipman). Il plaide pour la nécessité d'enseigner méthodiquement l'exercice argumenté de la pensée critique, comme il le fait dans son université, qui permet d'aborder avec profit les idées et les textes de la philosophie.

L'après-midi se réunirent plusieurs ateliers. L'un procèdera à l'étude de textes à partir des formes de l'argumentation. Dans celui sur les formes de raisonnement, on a relevé par exemple que souvent il suffit qu'une idée ne soit pas démontrée fausse pour que l'on croit rationnel d'y adhérer : que répondre à un élève qui croit au destin, dès lors qu'il n'est pas démontré qu'il n'existe pas ? Dans un troisième, il est analysé le fait que les exigences en matière d'argumentation dépassent le cadre de la seule maîtrise des règles logiques : ce qui est en jeu, c'est plus largement un rapport réflexif, et non utilitaire, à la langue, qui est supposé acquis alors qu'il faudrait l'enseigner à de nombreux élèves... On peut regretter que l'atelier sur le raisonnement dans la discussion orale en classe n'ait pas pu avoir lieu vu le petit nombre de gens intéressés (ce qui tendrait à montrer que ce n'est pas une priorité dans les pratiques de terminale...).

Le dimanche matin intervenaient pour décrire la façon dont raisonner est pris en charge dans leur enseignement philosophique D. Murcho (Portugal-Angleterre), D. Massaro (Italie), C. Tejedor (Espagne), N. Frieden (Suisse), ce qui décentrait l'assistance d'une vision très française des problèmes.

L'après-midi eut lieu un débat sur une proposition de programme pour les séries technologiques, avec des discussions très animées sur la question du programme dans ces sections, le choix des problèmes et des textes, la place du raisonnement dans l'apprentissage de la philosophie...

Signalons aussi, dans le cadre de la 3e journée de la philosophie qui s'est tenue à l'UNESCO le 18/11/04, une table ronde sur " La philosophie et les jeunes esprits ", où après un débat avec de jeunes collégiens animé par G. Geneviève, a eu lieu une discussion avec J.P. Bianchi, L. Galvani, H. Parpaillon...